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Deux hommes se présentent à la porte de l'appartement d'une jeune femme qui, surprise, les accueille en peignoir de bain. En application de la Directive n° 359/13, ils viennent procéder à l'installation de la peur. Vêtu d'un costume et beau parleur, le premier des deux s'appelle Carlos et il explique par le menu comment va être installée la peur. Le second, taciturne et portant un bleu de travail, se prénomme Sousa et c'est lui qui doit se charger de la partie technique de l'installation de la peur.

L'Installation de la peur est un étrange huis clos qui fait souvent penser, à cause de l'unicité de temps et de lieu, et à la prédominance du verbe sur l'action, à une pièce de théâtre. Jouant la carte de la satire et de l'absurde, Rui Zink liste, par la voix de Carlos, toutes les peurs réelles ou imaginaires engendrées par notre société moderne, hyperconnectée et soumise à la loi du marché. Cependant, les légendes urbaines qu'évoque le zélé envoyé du gouvernement ne sont rien à côté des risques que fait peser sur tout un chacun l'économie mondialisée. Car l'Installation de la peur est surtout un virulent pamphlet contre l'ultralibéralisme qui montre ses dangereuses limites depuis la crise de 2008 et les solutions hasardeuses imposées par les autorités européennes et internationales.

La lecture d'un tel récit pourrait être laborieuse si Rui Zink n'entraînait le lecteur dans un maelström de mots avec lesquels il joue, jusqu'à un retournement final aussi surprenant qu'inattendu.