KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Thomas Day : Dragon

court roman de Science-Fiction, 2016

chronique par Philippe Paygnard, 2017

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À deux pas d'aujourd'hui, dans un futur proche où le dérèglement climatique se fait de plus en plus sentir, Bangkok a changé de visage et de régime politique. Le lieutenant Tannhäuser Ruedpokanon, de la police touristique, traque un tueur qui s'attaque à tous ceux qui abusent des enfants. L'assassin a déjà déclenché une fusillade mortelle dans un bordel ne laissant pour seuls témoins que des gamins en état de choc, plusieurs cadavres, dont celui d'un touriste français, et des cartes de visite où est imprimé un dragon tribal. C'est l'unique piste dont dispose Ruedpokanon, qui n'est pas le meilleur flic du monde mais celui qui connaît le mieux les rues mal famées de la capitale thaïlandaise.

Dragon inaugure la collection "Une heure lumière" des éditions du Bélial’. C'est sous ce label que paraissent désormais tous ces textes trop courts pour être qualifiés de romans et trop longs pour s'appeler nouvelles. C'est pratiquement un auteur maison, Thomas Day, qui ouvre le bal avec cette histoire de tueur en série. Au-delà de l'aspect enquête criminelle située dans un futur proche, Dragon, comme tout bon récit de Science-Fiction, interroge sur le monde d'aujourd'hui. Ainsi, le Bangkok de Dragon est gangrené par l'argent facile et le pouvoir corrompu, et malgré les intentions affichées, la ville reste une capitale du sexe tarifé et de la prostitution infantile.

La plume de Thomas Day est toujours aussi acérée et certaines exécutions de pédophiles décrites de façon quasi chirurgicale (cf. la mort de Sophon Mongkolpisit) peuvent mettre le lecteur mal à l'aise. Le Dragon y apparaît comme un assassin sanguinaire, mais c'est un monstre qui combat le mal par le mal pour libérer les jeunes victimes innocentes de ces trafics indignes.

Dragon est un petit roman intense qui prend aux tripes par son thème, tout autant que par le style brutal mais redoutablement efficace de son auteur.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 80, juillet 2017

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