KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Andri Snær Magnason : LoveStar

(LoveStar, 2002)

roman de Science-Fiction

chronique par Noé Gaillard, 2017

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Une couverture très intrigante, et surtout un bandeau vert annonçant Grand Prix de l'Imaginaire 2016 : meilleur roman étranger. En revanche, la citation tirée du magazine l'Express et offerte en quatrième de couverture : « C'est drôle, absurde, fou… », me semble peu appropriée.

Louis Ferdinand Céline a écrit un roman intitulé Mort à crédit, que je vous incite vivement à lire. Or, dans LoveStar, l'auteur imagine, entre autres, que pour désengorger les cimetières, les morts soient envoyés dans l'espace. Au moyen de fusées, bien entendu… Des fusées que vous payez par mensualités de votre vivant, des mensualités pour lesquelles vous pouvez emprunter — vos petits enfants rembourseront… Il n'est pas interdit de trouver cela drôle. Et l'on notera qu'il y a peu, une société européenne proposait d'envoyer les morts jouer les étoiles filantes. Certains même parmi vous, lecteurs, se souviendront peut-être d'une nouvelle de Robert Sheckley parue dans Galaxie et dans laquelle un citoyen états-unien lambda endettait ses arrière-petits-enfants pour s'offrir un produit à la mode.

Au début de ce roman est présentée une suite de comportements animaux bizarres. Des sternes ne migrent plus, des mouches à miel ont envahi Chicago et des papillons changent de destination pour aller se briser au pôle Nord… C'est en étudiant les raisons de ces comportements que des chercheurs (de la société de LoveStar) ont mis au point un moyen de communication particulier entre les humains. Une sorte de WiFi sans appareil. Et là, effectivement, l'auteur insiste sur l'absurdité du système qui en découle. Petite citation : « Il n'y avait aucune limite à la vulgarité qui se déversait dans la tête constamment connectée de certains individus et on ne pouvait naturellement pas interdire aux gens de se repaître d'obscénités, de violence ou de pollutions de toutes sortes. Dans ce cas, il aurait également fallu bannir toute pensée. ». Mais à mon sens, cela n'a absolument rien de drôle ; c'est même plutôt d'une absolue tristesse car il est manifeste qu'il ne fait que pousser les limites de nos comportements. Et cela devient fou d'une certaine manière. Vous la connaissez sans doute mais je vous la rappelle quand même : un fou se donne des coups de marteau sur la tête et on lui demande pourquoi il agit de la sorte. Il répond : « Parce que cela me fait du bien quand je m'arrête. »…

Indriði et Sigriður s'aiment mais le système inLove vient de découvrir que l'amour parfait de Sigriður n'est pas Indriði… Rassurez-vous, ils s'aimeront assez pour nous proposer une fin “heureuse”, sans colombe, mais avec sterne…

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 81, décembre 2017

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