Christopher Priest : l'Inclinaison
(the Gradual, 2016)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
Je vous prie de bien vouloir excuser une note liminaire un peu particulière… J'avais l'habitude de lire Priest dans des traductions de Michelle Charrier, que j'avais saluées pour leur excellence, et là avec Jacques Collin, par endroits, j'ai dû interrompre ma lecture pour me poser des questions à propos du sens de ce que je lisais, avec l'impression que certains mots n'étaient pas à leur place. Puis emporté à nouveau par l'intérêt de l'histoire, je rendais le personnage principal responsable de ces “errements” de langage.
On pourra regretter que le titre français soit si peu explicite, si peu attrayant, alors que l'histoire est passionnante. L'Inclinaison est à mon sens un roman qui conjugue l'insularité, la temporalité et la musicalité. Le personnage principal, Alesandro Sussken, est né dans un pays en guerre et gouverné par Madame (cruel potentat). Il est compositeur (comme son frère Jacj, parti au front), assez renommé, et il est curieux des îles qu'il peut voir au loin. Curieusement, il découvre un jour qu'un des compositeurs insulaires a plagié un de ses morceaux. Son épouse s'arrange pour le faire participer à une tournée dans ces îles. Il part en principe pour neuf semaines, mais ne reviendra que près de quinze ans plus tard. Ses parents sont morts, sa femme l'a quitté. Il ne lui reste plus qu'à repartir, et là, il va prendre pleinement conscience du temps, des îles et de leur musique.
Priest nous entraîne dans la découverte qu'Alesandro fait de lui-même à un rythme tel qu'il n'y a pas la moindre lenteur, comme si les tribulations temporelles s'inscrivaient dans le roman à coups d'ellipses et de compositions musicales. Un des autres intérêts de ce livre — mais j'avoue humblement que cela relève pour moi du subjectif le plus total —, c'est que, malgré ce que l'on pourrait appeler ses côtés sombres et déprimants, il ne laisse pas le lecteur sur une note négative. On n'en sort pas revigoré, mais pas triste non plus, peut-être dans un état de plénitude comme si l'on avait soi-même entendu la petite musique qui s'en dégage.
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