Deon Meyer : l'Année du lion
(Koors, 2016)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
La Fièvre a décimé la population de l'Afrique du Sud et de la planète tout entière. Les rares survivants ont le choix entre tenter de reconstruire la civilisation humaine sur les ruines du passé ou bien en piller les ultimes ressources par la violence ou la ruse. Willem Storm fait partie de ceux qui veulent rebâtir. Aidé par son jeune fils Nico et par les personnes de bonne volonté qu'il croise sur sa route, il va transformer son rêve en réalité au milieu des mille dangers de ce monde nouveau.
Auteur de polars et créateur de Benny Griessel, inspecteur de la brigade des homicides du Cap, Deon Meyer sort de sa zone de confort en s'essayant au roman d'anticipation. S'il convoque tous les clichés du genre, avec ambiance à la Mad Max et gangs de motards, le romancier invite également Spinoza et l'utopie au récit de cette aventure humaine. L'Afrique du Sud apparaît comme le décor idéal pour une telle histoire de fin du monde avec ses larges espaces et sa population métissée. Poursuivant ainsi l'idéal de la communauté arc-en-ciel rêvée par Nelson Mandela, Deon Meyer unit les survivants des différentes ethnies autour du projet de cité-état démocratique de Willem Storm, Amanzi !
À côté du duo père-fils et de leurs relations compliquées, Meyer crée un groupe dont le mâle alpha devrait être le mystérieux Domingo s'il ne mettait simplement ses talents si particuliers de guerrier, acquis dans les rues ou bien sous l'uniforme, au service d'Amanzi. Domingo devient à la fois un modèle et presque un père de substitution pour le jeune Nico alors que son géniteur est complètement obnubilé par la création de sa ville et son développement.
L'Année du lion commence presque comme un roman policier puisque le narrateur, Nico, maintenant âgé de quarante-sept ans, décide qu'il est grand temps pour lui de raconter comment on a assassiné son père. À la lecture de ces premières lignes, on peut donc s'attendre à lire un polar mâtiné d'aventure post-apocalyptique, mais l'attente sera longue avant que l'enquête ne débute, car Nico relate aussi et surtout la naissance semée d'embûches de la ville d'Amanzi. Il faut patienter plus de six cents pages pour que le crime soit commis et que Nico se lance sur les traces de l'assassin. Et si, au début, on attend presque avec impatience la mort annoncée de Willem Storm, on finit par se laisser prendre par le récit de la fondation d'Amanzi empli d'actions et de trahisons, d'espoirs et de désillusions, d'idéaux et de compromis. Alternant le récit de Nico Storm, jeune garçon que les circonstances transforment rapidement en homme, avec les témoignages des autres survivants, Meyer propose un récit à plusieurs voix qui rappelle un peu World war Z de Max Brooks.
Mêlant les genres, Deon Meyer surprend. Avec l'Année du lion, il livre un roman d'anticipation redoutablement efficace avec une résolution finale aussi surprenante qu'inattendue.
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