Karim Berrouka : Celle qui n'avait pas peur de Cthulhu
roman fantastique, 2018
Lorsque l'on se retrouve comme Ingrid Planck, pieds nus, en tee-shirt et en pantalon de jogging, dans les locaux de la DGSE, interrogée sur un certain Yanis Lamini qu'on ne connaît pas, on peut se dire que quelque chose a dérapé. Et quand un étrange individu lui donne, sans raison, du caviar, de l'argent et le Mythe de Cthulhu de H.P. Lovecraft, on peut se demander si le monde n'est pas en train de devenir fou.
Après un recueil de nouvelles plutôt éclectique, les Ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? (2013), un roman Fantasy fantaisiste, Fées, weed et guillotines (2014), et un livre de morts-vivants, le Club des punks contre l'apocalypse zombie (2016), Karim Berrouka s'attaque aux Grands Anciens de Howard Phillips Lovecraft. Il le fait avec humour et une certaine efficacité en utilisant un type de personnages fort rare dans l'œuvre du romancier de Providence : une femme !
Sans savoir pourquoi, Ingrid Planck est plongée au centre d'une étrange agitation qui lui fait rencontrer les fidèles de divinités oubliées : Dagon, Shub-Niggurath, Azathoth, Yog-Sothoth et Nyarlathotep. Cinq groupes qui s'interrogent sur le bien-fondé ou non de réveiller Cthulhu. On retrouve ici une bonne partie du panthéon imaginé par Lovecraft dans les différents poèmes, nouvelles et romans composant le Mythe des Grands Anciens. Tout comme Wilcox le sculpteur de "l'Appel de Cthulhu" (1928), la meilleure amie d'Ingrid, Lisa, se met à créer des œuvres cauchemardesques. Et on peut ainsi jouer à débusquer toutes les références disséminées au fil des quelque 352 pages de Celle qui n'avait pas peur de Cthulhu.
Efficace et jouissif, Celle qui n'avait pas peur de Cthulhu de Karim Berrouka plaira tout autant aux aficionados de Lovecraft, qui pourront chercher le moindre des clins d'œil au maître, parfois iconoclastes, qu'à ceux qui ne connaissent pas cet auteur incontournable.
Commentaires
Les commentaires sont publiés après validation par Quarante-Deux.