Stephen King ; Richard Chizmar : Gwendy et la boîte à boutons
(Gwendy's button box, 2017)
court roman fantastique
- par ailleurs :
Petite fille comme les autres, Gwendy Peterson vit à Castle Rock. On lui a bien évidemment appris qu'il ne fallait pas parler aux inconnus, mais cet homme au chapeau qui se présente à elle comme étant Richard Farris ne peut plus être considéré comme un inconnu puisqu'il lui a donné son nom. Alors, peut-elle refuser le bien étrange cadeau qu'il lui fait ? Une boîte à boutons ! L'objet magique lui offre quotidiennement une friandise et une pièce en argent. En échange de ces présents, Gwendy a la lourde responsabilité de veiller sur les boutons rouge, vert et noir qui l'ornent et qui peuvent entraîner mort, malheur et destruction si on appuie dessus.
Même s'il est difficile de dire, à la lecture de la superbe traduction signée par le romancier Michel Pagel, quelle est la part de chaque écrivain dans la rédaction de cette nouvelle, il est facile de retrouver dans le personnage de Gwendy des éléments de caractère empruntés à Beverly Marsh, la seule fille du Club des Ratés dans Ça (1986 ↬ 1988) ou à la Petite fille qui aimait Tom Gordon (1999 ↬ 2000).
La narration reste centrée sur Gwendy, qui grandit au fil des chapitres, et sur ses interrogations quant aux conséquences si elle appuyait sur un des boutons. Malgré son jeune âge, elle découvre le poids des responsabilités et sent également que la boîte influe sur son physique et sur son intellect. La fillette un peu boulotte devient ainsi la première de la classe et celle que l'on admire, mais elle se demande s'il n'y a pas un prix à payer.
Par certains aspects, Gwendy et la boîte à boutons fait penser à l'une des nouvelles les plus angoissantes de Richard Matheson, "le Jeu du bouton" (1970), où un inconnu propose à un couple un étrange marché. Il leur suffit d'appuyer sur un bouton pour gagner une belle somme d'argent, mais s'ils le font une personne mourra. En jouant ainsi au jeu de la filiation littéraire, on peut même facilement remonter jusqu'au mythe de la boîte de Pandore, mais Gwendy se révèle bien plus avisée que l'épouse d'Épiméthée.
En plus du personnage féminin fort qu'est Gwendy, les deux auteurs situent l'histoire dans le paysage bien connu des fans du King, la ville de Castle Rock, dans ce Maine réinventé du maître de l'Horreur. Et, comme l'action débute dans les années 1970, on peut tout naturellement croiser quelques figures du lieu, à commencer par le shérif George Bannerman, qui apparaît dans l'Accident/the Dead zone (1979 ↬ 1983).
Lorsque l'on arrive au terme des cent soixante pages de Gwendy et la boîte à boutons, on peut se sentir légèrement frustré, contraint d'abandonner si tôt la charmante jeune femme qu'est devenue Gwendy. Pourtant, King et Chizmar ont fait le tour de leur sujet, incitant leur héroïne comme les lecteurs à se poser les bonnes questions autour de la très symbolique boîte à boutons.
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