Olivier Silberzahn : Augmentus : chroniques du Cyclocentaure à l'ère de l'Intelligence Artificielle
roman de Science-Fiction, 2019
L'illustration en couverture de ce livre n'est pas très lisible au premier abord : on y voit un cycliste de dos qui fonce sur une piste qui s'enfonce dans la partie bleue d'un cerveau (l'autre partie est rose) où semblent briller des étoiles. Après avoir été nageur, le “héros” de Zilberzahn(1) se fait cycliste… mais il est toujours informaticien de haut niveau et se confronte à l'Intelligence Artificielle.
La première question qui m'est venue à l'esprit en lisant ce roman est la suivante : l'auteur a-t-il présenté ses romans à des collections de SF ? Nadeau n'est pas un éditeur de référence du genre et de plus il n'est nulle part indiqué qu'il s'agit d'un roman de SF. Peut-être tout simplement parce que nous sommes déjà dans l'ère des IA. Bref résumé : trois informaticiens mettent au point une IA et se déchirent pour des raisons financières pendant que ceux qui utilisent les IA mettent des “monstres” sur le marché. Des monstres qui finissent par trouver un modus vivendi avec l'Homme. Voilà pour ce qui à mes yeux relève de l'anecdote romanesque. J'ai noté deux choses importantes. La première est que l'auteur dit qu'il faut percevoir pour penser (percevoir et non mesurer), et que le premier défi est d'apprendre à penser à l'IA. On peut à partir de cette idée se faire quelques soucis dans la mesure où l'on peut avoir l'impression que l'école, au sens large, n'apprend pas à penser mais à mesurer. La deuxième est que l'IA est curieuse, elle veut tout savoir — rien n'empêche qu'elle soit omnisciente —, et on peut se poser la question suivante : y a-t-il un point final au savoir ? Quelqu'un pourrait-il dire « Je sais tout. » ? Cela laisse comme une impression de vertige, non ?
À ma connaissance et à part Isaac Asimov, Arthur C. Clarke, et quelques rares autres, il y a peu d'auteurs de SF qui soient d'abord des scientifiques — on me corrigera si je me trompe —, et donc ceux qui traitent de l'IA auraient peut-être tendance à vouloir nous avertir de quelque chose de dramatique ; cela rend le roman attrayant : plutôt que chercher à rassurer, simplement à éclairer, à donner à penser.
On supposera que ce livre est destiné à ceux qui pensent.
- Voir ma chronique du Journal d'un nageur de l'ère post-Trump, également publié chez Maurice Nadeau.↑
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