Vladimir Sorokine : Manaraga
(Манарага, 2017)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
Couverture peu attirante pour cette quinzième traduction de l'auteur dans notre langue. En quatrième de couverture, l'inévitable phrase louangeuse « Maître du grotesque dévastateur, Vladimir Sorokine a encore frappé ! »
. On notera l'absence des mots SF et anticipation, et pourtant : nous sommes en Europe dans les années 2050 et l'on a subi deux révolutions islamistes et une guerre ; nous sommes “pucés” et les livres papier ont disparu faute de lecteurs ; ajoutez quelques grandes migrations et vous serez dans un monde confus — on le serait à moins — et violent. Mais bien sûr, les “riches” n'ont rien perdu de leur puissance et peuvent s'offrir des plats succulents. Une confrérie baptisée La Cuisine leur prépare grâce à ses book 'n' grills des mets denses cuits sur des fourneaux qui brûlent des éditions originales… On peut donc déguster du caïman grillé au Borges ou des harengs passés à la Steppe de Tchekhov. Le premier qui parle de Montague a gagné le célèbre yoyo en bois du Japon et le droit de relire Fahrenheit 451. Mais La Cuisine est menacée : un complot se trame contre elle.
J'en veux pour ma part beaucoup à ce genre de livres qui entérinent aujourd'hui un état de fait : on lit moins ou alors autrement et autre chose. C'est tant mieux pour ce qui est des arbres et des forêts. Mais comment allons-nous continuer d'apprendre à penser si les livres rares deviennent non des brûlots mais des bûches ? Nous évoluerons dans une société genre Meilleur des mondes selon nos gènes… Un autre effet de ce genre de livres est de volontairement placer la SF sous le signe du grotesque (« mais vous n'y pensez pas, c'est impossible ! Ce n'est pas sérieux »), comme dans les années 1950 en France.
Je dois vous avouer ne pas avoir souri un instant à la lecture de ce roman.
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