Roger Bozzetto : écrits sur la Science-Fiction
Jalons pour une histoire de la Science-Fiction
John Carter sur Mars : Edgar Rice Burroughs, ou l'aventure extraterrestre
Lorsqu'on fait référence à l'origine de la SF comme genre éditorial, on se réfère toujours à Hugo Gernsback, lequel donnait comme caution au genre les pères fondateurs qu'il avait choisis, à savoir Poe, Verne et Wells. C'est oublier qu'il existait, au-delà de l'aspect sociologique ou technologique propre à l'inspiration de la SF, un courant qui se nourrissait de la présence d'aventures, comme chez A Merrit, Rider Haggard, ou ER Burroughs. Et c'est d'autant plus injuste que le héros de Burroughs précède de loin le premier numéro d'Amazing Stories.
Moins connu que Tarzan, dont les films et les BD ont assuré la gloire, au point de lui donner un statut mythique ainsi qu'à l'Afrique où il devient le seigneur de la jungle, John Carter est le premier héros campé par Burroughs. C'est aussi celui qui apparaît dans le dernier ouvrage qu'il publie, peu avant de mourir. Il ouvre donc la série des romans de Burroughs avec Les conquérants de Mars [1], en février 1912 il la clôt en apparaissant une dernière fois dans LLana of Gathol en 1950. Le lien entre l'auteur et le personnage est manifeste dans ce premier roman : c'est en effet ER Burroughs qui intervient dans une préface, pour présenter sa rencontre avec un personnage au comportement étrange, qu'il avait connu en son enfance et appelé “Oncle Jack”. il retrouve le manuscrit que ce Captain Carter écrit dans une petite maison sur l'Hudson près de New York. Burroughs est censé publier ce manuscrit après la curieuse mort du capitaine, enterré dans un caveau spécial.
Une double vie
Le manuscrit comporte 28 chapitres, il conte les aventures du capitaine Carter, écrites par lui même à la première personne. Il est ainsi le héros et le narrateur de ses aventures : tout sera vu par ses yeux. Le texte commence Dans les montagnes de l'Arizona. Il se situe pendant les guerres indiennes, après la guerre de Sécession perdue par l'armée à laquelle appartenait le Capitaine Carter de Virginie. Le capitaine, devenu chercheur d'or, se trouve en mauvaise posture, cerné par les indiens, caché dans une grotte, et sur le point de mourir. Cependant d'emblée un ton a été donné : le côté “extraordinaire” du destin de ce personnage est signalé par le fait qu'il “a toujours été un homme d'environ trente ans” et qu'il n'a “jamais eu d'enfance”. Le chapitre final se situe Dans la grotte d'Arizona, vingt ans plus tard. Le personnage se réveille, du temps a passé comme il en trouve trace dans la grotte. Mais ce qui lui importe est ailleurs : que sont devenus les personnages dont il a partagé le destin pendant le temps s'est écoulé ? Et lui même qui était il ? Où était il ?
Les 26 chapitres intermédiaires vont permettre de donner libre cours à l'invention d'un monde Barsoom (Mars), de ses habitants, de ses lois, de ses coutumes et de la rencontre qui a lieu entre le terrien Captain Jack et cet univers martien. Rencontre qui va permettre au terrien de vivre des aventures extraordinaires, en utilisant sur Mars à la fois un avantage inné puisqu'il est un terrien habitué à une gravité supérieure, et les connaissances en fait de guerre qu'il avait acquises pendant la guerre de Sécession, et dans ses luttes dans le désert contre les Apaches. Cela permet aussi de rattacher la SF de Burroughs au western, autre genre populaire de l'époque, publié lui aussi dans les Dime Novels.
Barsoom ou Mars vu par Burroughs
On peut se demander pourquoi Burroughs a choisi de situer les aventures de John Carter sur Mars. En fait, l'intérêt pour Mars était justifié dans le public par le fait que Sir Percival Lowell venait d'écrire un ouvrage dans lequel il soutenait — comme le fait Wells dans La guerre des mondes en 1895 — que Mars, étant plus vieille planète que la Terre, devait avoir une civilisation plus avancée, que les fameux canaux que l'on croyait alors découvrir à sa surface étaient l'œuvre d'une civilisation de créatures intelligentes.
Burroughs se fonde sur ces observations. Sa planète Mars est un monde dont les civilisations sont au stade de la décadence, mais sans la mollesse que l'on accole en général à ce terme. Le passé de Mars a permis de multiples cultures, qui sont demeurées tribales, et les Martiens n'ont jamais cessé de se conduire, malgré les réussites techniques, comme les êtres aux pulsions semblables à celles que l'on attribue sur Terre aux barons et seigneurs et hobereaux du Moyen Âge. La science et ses réussites cohabitent avec des comportements de gladiateurs, la force à l'épée valant mieux pour survivre, ou régner, en ce monde-là que les connaissances scientifiques. Ajoutons que les connotations de Mars, dieu romain de la guerre, dont les amours avec Vénus sont de notoriété commune, permettent au récit de John Carter de se situer sur une trame dont le lecteur perçoit rapidement les composantes héroïco-sentimentales.
Mars, en effet, est sauvage comme peut l'être, sous d'autres formes, le monde que connaît Burroughs en 1912, celui des guerres indiennes qui datent de peu, et du traumatisme de la guerre de Sécession. Le monde yankee est en effet hanté par cet événement sanglant, le halo d'une prétendue “civilisation de gentlemen” (mais esclavagiste !!!) qui existait dans le Sud et qui a été détruite par d'affreux matérialistes. Et John est présenté d'emblée comme “gentilhomme sudiste”, à ce que dit le présentateur du manuscrit qui ajoute “tout le monde l'aimait, et nos esclaves adoraient le sol qu'il foulait” (p. 8). D'ailleurs, à sa “mort” il demande d'être enterré en Virginie, dans une tombe qu'il a conçue qui est “bien aérée” et qui “s'ouvrait uniquement de l'intérieur” (p. 11).
L'arrivée de John Carter sur Barsoom
John Carter se trouve donc dans une grotte, sur Terre, il s'y est réfugié pour fuir les indiens, et il est pris d'une “douce somnolence” qu'il attribue à la fatigue. Il se retrouve “comme changé en pierre”. Il voit devant lui “[s]on propre cadavre” et, contemplant alors le ciel il fixe la planète Mars et s'y sent transporté. Mais à la différence des voyages du “corps astral” tel que l'imaginent les spirites, c'est le corps matériel de John Carter qui aboutit sur Mars, nu et sous le soleil, comme pour une seconde naissance. D'emblée, si le paysage change peu d'avec ce qu'il voyait depuis la grotte, sauf qu'il est couché sur de la mousse. Ce qui est modifié, c'est son rapport à la gravité. Il se trouve dans la position d'Amstrong sur la Lune, obligé de s'adapter et de “réapprendre à marcher” car chaque effort pour se déplacer normalement lui fait entreprendre des bonds. Il commence donc par ramper.
Il se croit seul, dans une cuvette immense, et près d'une construction, un enclos original : il s'agit (on le saura plus tard) d'un incubateur, dont les œufs sont en train d'éclore, ce qui permet de saisir les traits de ce qu'il ignore encore être les Martiens. Il les décrit, fasciné, au point qu'il manque d'être surpris par l'arrivée derrière lui d'un “régiment” de Martiens adultes sur leurs montures harnachées, et armés de lances. Sur le point d'être embroché, il saute en arrière et, miracle, fait un bond en hauteur de neuf mètres et se retrouve à environ trente mètres de là, à la stupeur des assaillants. Ceux-ci, qui possèdent des armes de jet, au lieu de le tuer, préfèrent lui offrir leur amitié, qui se manifeste par le cadeau d'un bracelet. Il est pris en croupe et emmené. Il s'agit donc d'une arrivée sur Mars qui met en œuvre un certain nombre de “coïncidences” : le seul lieu, dans un désert, où se trouve un incubateur — on apprendra par la suite que ces incubateurs sont extrêmement bien cachés. L'époque : celle de l'éclosion des petits Martiens, ce qui permet la rencontre avec les adultes qui viennent vérifier la bonne tenue de la couvée. La manifestation des qualités spécifiques, qui se traduisent par un non affrontement et une alliance possible.
La qualification de John Carter comme héros
On notera qu'il s'agit d'une planète où l'air est respirable par des poumons humains, bien qu'il y règne une “basse pression” (p. 30) atmosphérique. Où la gravité, on l'a vu, est moindre que sur Terre, ce qui donne à John un avantage naturel. Ses muscles sont adaptés à une gravité plus forte, ici il est donc extrêmement puissant, et il se servira, on s'en doute, de cette caractéristique, lors de futurs combats.
Les Martiens sont “immenses” :
« L'homme lui même — si je puis lui donner ce nom — mesurait bien quatre mètres cinquante et, sur Terre, aurait pesé quelque cent quatre-vingts kilos » (p. 33).
De plus ils ont des membres supplémentaires : quatre bras. La monture est en proportion “quatre pattes de chaque coté, trois mètres de hauteur à l'épaule”. Les enfants, qui ont été décrits auparavant sont tout aussi curieux, John les voit comme “de grotesques caricatures” (p. 31). Avec des yeux globuleux à l'iris rouge sang, des oreilles en forme d'antennes, pas de nez, un corps jaune, puis vert olive pour les adultes. Mais cet aspect grotesque lui revient en miroir : lui même, devant les chefs réunis, sera invité à sauter de nouveau en l'air, et il se verra lui même comme “une gigantesque sauterelle” (p. 43)
Cette première rencontre avec Mars et ses habitants est donnée à titre définitif, comme information sur le fait que nous avons abordé un univers différent. Les éléments en seront peu repris, la description laissera place à la narration des actions, comme en témoignent, par exemple, les chapitres 4 Prisonnier et 5 Je déjoue la surveillance de mon chien de garde. Cependant, avant l'action proprement dite, et pour bien poser l'altérité et la singularité de cet univers, le récit nous entraîne dans une cité. Comme dans toute exploration faite par les yeux d'un narrateur, le récit se fige et la description, puis le commentaire reprennent le dessus. Les Martiens (et les Martiennes) sont nu(e)s — à l'exception de leurs ornements (p. 39), on apprend qu'ils vivent normalement trois cents ans. Compte tenu de la raréfaction des ressources, les morts violentes sont la règle cependant, et la vie a peu de prix. D'où une justification des guerres perpétuelles.
On apprend aussi que les Martiens ont un sens personnel de l'humour
« l'agonie d'un de leurs semblables provoque chez ces étranges créatures la plus folle hilarité » (p. 43).
Ce qui justifie qu'ayant tué d'un seul coup de poing l'un des Martiens qui l'avait bousculé, tous les Martiens se mettent à rire, et lui accordent alors des marques d'approbation. Ajoutons que la cité est presqu'en ruines, mais on sent qu'elle a vécu dans d'autres splendeurs. En outre, on apprend qu'il existe d'autres races de martiens que ceux-là.
Dans cette ouverture du récit, le héros apparaît ainsi comme une sorte de surhomme pour des Martiens. Ils sont énormes, mais lui même possède des qualités qui le rendent supérieur en force et agilité Il subit ici, avec ces premiers Martiens, une sorte d'initiation, et il se fait deux amis : un “chien martien” télépathe, et une jeune femme. Les deux vont veiller sur lui. Ajoutons qu'il se trouve capable de déchiffrer les messages télépathiques des Martiens, alors que ceux-ci ne peuvent lire dans son esprit. Autre avantage sérieux. On retrouve ici les schémas bien connus du conte merveilleux, recyclés dans un environnement martien. Heinlein affirmait d'ailleurs que la plupart des textes de SF (et d'heroic fantasy) dérivent d'un recyclage du Brave petit tailleur (7 d'un coup).
De l'héroïsme à l'érotisme
Après une entrée en matière qui nous a montré le héros avec ses caractéristiques et dans ses œuvres, qui aboutissent à le faire admettre comme l'un des membres du clan de Tars Tarkas, le récit va devoir se poursuivre d'une part en montrant d'autres facettes de la planète et d'autres races que celles rencontrées. L'un des buts qui justifient la rencontre d'autres races est que celles-ci peuvent présenter des caractéristiques plus proches du schéma corporel humain, surtout chez les femmes. C'est ainsi que “tombe du ciel” une belle captive (ch. 8).
Surgit en effet dans le ciel de la cité une suite de vaisseaux aériens que les membres du clan attaquent sans sommation. Ils abattent le premier aéronef, le pillent et font prisonnière une créature « exactement identique aux terriennes » et « aussi peu vêtue que les Martiennes vertes excepté ses bijoux finement travaillés… rien n'aurait pu mieux souligner la beauté de ses formes symétriques et parfaites » (p. 71).
Elle tente un contact avec John, par un signe de connivence auquel il ne sait répondre et, le prenant pour un renégat, elle le regarde avec répugnance.
On comprend alors que la composante sentimentale, avec marivaudage, incompréhensions réciproques, obstacles quasiment insurmontables et amours impensables — mais chastes, car il s'agit d'un “gentilhomme sudiste”, vont nourrir les guerres futures. Guerres auxquelles se prépare le clan de Tarkas, aiguillonné par John Carter, soucieux de ramener la belle à son bercail, pour en demander la main à son père. Ce motif va dynamiser les batailles à venir, qui opposent par ailleurs le clan du père de Dejah, hyper civilisé, à d'autres Martiens sauvages et barbares.
Mais pour que cela advienne, il est nécessaire que John puisse communiquer avec les Martiens. Il apprend donc la langue, tout en s'entraînant à manier les armes martiennes. C'est ainsi qu'il sait que la jeune captive va être sacrifiée. Auparavant, il suit son interrogatoire et nous connaissons son nom, son lieu d'origine, et sa mission d'ordre scientifique et pacifique. Un guerrier ayant tenté de molester Dejah, en la piétinant, John bondit sur “la brute mesurant trois mètres cinquante et armée jusqu'aux dents” (p. 85), et, à force de coups de poing, le met à terre, puis il ôte Dejah du centre de l'arène et la transporte sur un banc à une extrémité de la salle en étanchant son sang avec un morceau de la cape de soie qu'il porte. Les armes du défunt lui reviennent, le voilà devenu un chef. Mais il se fait quelques ennemis, dont une perfide servante.
La mécanique du récit est donc mise en place, les événements vont se dérouler de la façon programmée. Sauf ceci, qui donne à ce récit une dimension de SF plus évidente que ces éléments de cape et d'épées, à savoir que le sort de Mars est en danger, et que le héros doit sauver la planète.
John sauveur de Barsoom
Ce qui handicape Barsoom c'est d'une part les guerres perpétuelles, qui empêchent la recherche de se poursuivre, comme on l'a vu avec l'épisode de la capture de Dejah. Et c'est aussi que Barsoom dépend pour sa survie d'un générateur d'atmosphère. Seuls les Martiens rouges connaissent le processus de fabrication de cette atmosphère, mais seuls deux d'entre eux connaissent le secret de l'entrée dans le bâtiment qui possède “des murailles de 45 mètres d'épaisseur et un toit d'une épaisseur de verre de 1m50” (p. 177). Il s'agit d'une serrure qui est actionnée par le moyen d'ondes mentales, ce que découvre John, qui s'y est réfugié à un moment crucial.
Pour faire cesser les guerres, il faut réunifier. C'est ce que remarque Dejah
« Seul, étranger, poursuivi, menacé, persécuté, tu as réussi en quelques mois à peine ce que n'avait pu faire aucun homme dans tous les siècles passés, unir toutes les hordes sauvages de fonds marins et les amener à se battre aux côtés des Martiens rouges » (p. 232).
La réunification donne lieu à un mariage entre Dejah et “le plus grand guerrier de Mars”. Il en résulte un bel œuf blanc dans un incubateur d'or sur le toit du palais, qui devra éclore cinq ans plus tard (p. 242) [2].
Mais Mars dépend du générateur d'atmosphère, et celui-ci est tombé en panne, le gardien en est mort, et personne ne peut entrer. Sauf John Carter qui se souvient des ondes de pensée qu'il avait mémorisées, et qui peut ainsi ouvrir la porte aux réparateurs avant de se réveiller sur Terre sans savoir si Mars est sauvée. Mais, rassurons-nous,
« Mars semble me faire signe à nouveau ». « je crois qu'ils m'attendent, et quelque chose me dit que je le saurai bientôt » (p. 250).
ER Burroughs et la science-fiction dans ce roman
À l'époque où Burroughs propose ce texte, les modèles de récits de SF sont de deux sortes. L'anticipation technologique liée à la découverte du monde, telle que la conçoit Jules Verne — qui meurt en 1905. Les récits wellsiens fondés sur une réflexion sociologique, les “scientific romances” comme L'île du Docteur Moreau ou La machine à explorer le temps. Burroughs ne s'embarrasse pas ici de raisons techniques : le voyage vers Mars se fait par l'appel et le désir. Les aspects sociologiques sont totalement coupés de toute dimension réflexive. Ce sont des éléments qui servent uniquement à la fiction, avec en arrière fond, un aspect tribal et/ou médiéval. Ceci étant, les descriptions de Mars ne sont pas totalement arbitraires au plan de la gravité, ni par rapport à la manière dont on se déplacerait sur une planète de ce type. La mention d'un générateur artificiel d'atmosphère est soutenable si on se souvient que Mars n'a pas (ou plus) d'atmosphère naturelle suffisante pour qu'un humain y respire.
Sur cette trame qui crée un fond de décor “vraisemblable” les aventures sont, elles, de pure fantaisie. C'est une littérature d'évasion “euphorique”, avec ses aspects de conte, ce qui dans une certaine mesure, plus que de la SF cela annonce certains univers de l'Heroic Fantasy, que William Morris invente une dizaine d'années auparavant, et qui aboutira aux textes de Howard et de son héros Conan.
Et pour quelques dollars de plus
On n'a jamais, à ma connaissance, noté le rapport qui existe entre les chapitres “westerniens” qui ouvrent le roman et ceux qui renvoient aux aventures martiennes. Or rien ne ressemble plus aux aventures de John sur Mars que les aventures vécues par ER Burroughs pendant le temps qu'il a participé aux guerres indiennes aux USA [3], y compris la nécessité pour les Apaches de s'unir. On notera aussi la supériorité technologique de l'armement de l'armée des USA par rapport aux armes indiennes. Ici sur Mars, le rescapé du 7e de Cavalerie (que les amateurs de western connaissent fort bien) qu'est ER Burroughs, donne à John une supériorité de nature sur les Martiens [4]. De ce point de vue il serait intéressant de tenter une comparaison avec le héros de Tarzan of the Apes, qu'il écrit en même temps et fait paraître à l'automne de la même année dans la même revue. Dans les deux cas, dans un environnement “primitif”, arrivée d'un individu d'une autre race qui possède une supériorité innée (ou technique) et impose un ordre. Une sorte de fantasme sur la supériorité, qui reflète une idéologie justifiant tout colonialisme ? Ou déjà le “libéralisme” ? Quoi qu'il en soit, il est abusif de qualifier l'œuvre entière de Burroughs de
« platement écrite, souvent répétitive, sexiste et réactionnaire, son œuvre célébrant les vertus de la nature et du combat pour la survie a subjugué l'Amérique en crise des années 30 » [5].
Concernant ce premier roman, ce serait même injuste.
Notes
[1] Il a paru aux USA sous forme de livre sous le titre a Princess of Mars, en feuilleton il avait été intitulé Under the Moons of Mars, et le titre initial était Dejah princess of Mars. J'utiliserai l'édition française parue chez Lattès en 1970.
[2] Notons que déjà chez Rosny le mariage entre un terrien et une martienne engendrait un œuf extra-utérin.
[3] C'est d'autant plus visible que lors du ch 21 Patrouilleur à Zodag le héros est décoré « L'officier appela : “John Carter, patrouilleur” ». L'habitude de la discipline militaire étant solidement enracinée en moi, je m'avançai… (p. 195).
[4] ER Burroughs a échoué dans son désir d'entrer à l'Académie Militaire de West Point, il s'est ensuite engagé en trichant sur son âge, et a combattu les Apaches en Arizona. Pendant une quinzaine d'années il a exercé de nombreux métiers avant d'envoyer le manuscrit " martien" à la revue All story qui le fit paraître en feuilleton.
[5] MURAIL (Lorris). les Maîtres de la Science-Fiction. Bordas, 1993, p. 43. Au demeurant, cet ouvrage est remarquablement conçu.
Les références bibliographiques sont sous la seule responsabilité de Roger Bozzetto ; celles qui ont été vérifiées par Quarante-Deux sont repérées par un astérisque.