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La petite chronique de nuit de Philippe Curval

Galaxie 151, janvier 1977

Boris Eizykman & Daniel Riche : la Bande dessinée de S.-F. américaine

Science-Fiction magazine, Spirale, Découvrir, les Cahiers de l'étrange & Impulsion

Anthologie composée par Marianne Leconte: Femmes au futur

Dominique Douay : l'Échiquier de la création

Vous connaissez tous, je pense, ces journées d'intraitable mélancolie dont s'accompagnent les mois d'hiver ; certains les apprécient comme autant de flacons de vieux vins où se sont réfugiés tous les éthers, tous les parfums élaborés au fond des caves. L'essence même du ciel s'y condense, avec le suc des feuilles mortes, le goût de bois des troncs noircis et l'odeur des guérets où la brume s'accroche. En ville, elles prennent une autre tournure, elles suintent de ce gris dont sont faites les pierres, dont s'encrassent les nuages ; elles sont plus alcoolisées, plus fortes de ces bruits qu'un peuple d'ombres, tapies dans leurs voitures, dans leurs appartements, sécrète. Elles intoxiquent. Comment, alors, s'arracher à la paresse des lampes, des lits, des tapis, des draps, des oreillers et des fauteuils, comment s'arracher à la pulpe douceâtre des chambres closes pour trouver le courage d'écrire au lieu de s'abandonner à d'émollients farnientes ? L'envie de faire une chronique pour Galaxie y suffit-elle ? La réponse est dans ces pages, pauvres en spéculations. Mais est-ce une preuve absolue ? L'actualité médiocre de ce mois n'en est-elle pas plutôt la cause ? Non pas. Il y a un très beau Ballard aux éditions Champ libre, la réédition du Titan de l'espace, de Yves Dermèze au Masque, le retour de McIntosh chez Albin Michel, toutes choses non négligeables, à des degrés divers. Il y a aussi, dans la collection "Graffiti", la Bande dessinée de S.-F. américaine, où Daniel Riche et le révérend-père Eizykman essayent de discerner comment « dans leur principe, ces espèces de récits sont la négation haineuse de l'utopie en ce qu'ils instaurent le seul règne de l'ordre enraciné » sauf dans les cas où « en désintégrant les structures élémentaires de la réalité, les pouvoirs psychiques (des héros) laissent entrevoir ce que pourraient devenir des sociétés conçues selon d'autres dispositifs, où un désir coagulé en système n'intercepterait pas tous les désirs, où la mobilité et la singularité des désirs seraient fondatrices de réalités mouvantes. ». Beau travail dialectique illustré d'exemples édifiants. Surtout quand on sait que la plus grande majorité des auteurs et dessinateurs américains était, est, ou sera partisan de la démocratie capitaliste. Enfin, mieux vaut Liotard que jamais.

Certes, je vois mal comment l'enfant que je fus aurait pu tomber d'accord avec cet ouvrage à l'époque où les bandes dessinées de Science-Fiction américaine étaient pour moi le symbole de mes premières révoltes contre l'ordre établi, c'est-à-dire mes parents qui exerçaient une véritable répression à leur égard. Mais, peut-être interprétais-je ces B.D. réactionnaires comme un potentialisateur de la subversion que tout être non adulte porte en soi. La part d'imaginaire qu'elles contiennent, au-delà de leur signification politique, fut la source de désirs qui ne s'éteindront jamais, car ils se rallument sans cesse aux feux de l'anarchie.

La parution d'une nouvelle revue de SF, Science-Fiction Magazine, fait aussi partie des choses importantes de cette rentrée. En effet, malgré leur déclin aux Uessas, malgré la glu des ans qui se dépose entre les pages de celles qui existent encore, je reste convaincu de l'efficacité inégalable des revues dans les relations entre lecteurs et auteurs, auteurs et critiques, critiques et lecteurs. Ce sont véritablement les points focaux d'une activité littéraire, surtout lorsqu'il s'agit d'un genre comme la SF, volontiers parqué dans les librairies entre les livres de cuisine et les romans pour enfants — au lieu de la considérer comme une littérature à part entière.

Science-Fiction Magazine ne remplacera pas ce que fut Fiction en son temps, ni Galaxie. Cette revue ne se présente pas comme un organe de combat ou de réflexion, mais comme un objet de consommation — ce mot n'ayant rien de péjoratif puisqu'elle diffuse des produits de qualité. Tout le monde ne sait pas qu'il s'agit de la version française de Science-Fiction Monthly , qui fit les délices des amateurs anglais durant un certain nombre d'années. Son succès tient surtout dans la qualité de ses posters dus aux meilleurs graphistes de la SF contemporaine, de Chris Foss à Philippe Druillet. Le premier numéro nous en offre huit, d'une qualité d'impression supérieure aux originaux britanniques. Pour le moment, la part rédactionnelle est assez restreinte ; mais on nous promet qu'elle sera agrandie. Bref, un instrument de plus pour l'élargissement du public de Science-Fiction. Je ne m'en plaindrai pas. L'avenir nous dira comment cette revue évoluera. Je ne ferai pour l'instant qu'un seul reproche : pourquoi la présenter sous deux couvertures ? La première, au véritable format, permettrait d'avoir des images à peu près intactes malgré les vicissitudes des livraisons et des expositions en kiosque, si elle n'était transformée en une seconde, qui est une réplique de la première au demi format et répond hypothétiquement aux desiderata des marchands de journaux. Elle exige un double pliage fâcheux, car il endommage sérieusement les posters.

Puisque je parle de Science-Fiction Magazine, il m'est impossible de passer sous silence la parution de Spirale, dont je tiens le sixième numéro entre les mains. Issue du congrès de Salon-de-Provence, cette revue a quelque peu abandonné ses options primitives en offrant ses pages à d'autres que ceux qui en constituaient le noyau initial, tous sectateurs de la réaction. Dominique Douay y voisine maintenant avec Richard Nolane. Tout cela fait un peu pétaudière, malgré les efforts très sérieux pour produire une revue professionnelle.

Dans un autre domaine, deux numéros 1, ceux de Découvrir et des Cahiers de l'étrange. La première revue annonce dans son éditorial : « Vous informer systématiquement sur les pratiques occultes d'autrefois et les découvertes d'aujourd'hui, c'est vous donner les moyens de vous faire heureux ; c'est aussi vous connecter plus directement à la grande aventure que nous recevons du Cosmos. ». Cela à renfort de seins et de fesses délicatement répartis entre les pages consacrées aux plantes qui pouvaient rire, aux stellaires qui sont parmi nous — ils conseillaient Hitler —, aux soucoupes volantes qui viennent de la mer, etc. Bref une belle macédoine pour paumés et mystiques de tout bords. Les Cahiers de l'étrange, eux, proclament que « de grands changements sont proches. ». Sous une apparence plus sérieuse, ils traitent exactement des mêmes problèmes, préparent l'avènement du Messie bémol.

À signaler enfin, la rubrique régulière de Denis Guiot dans Impulsion, un magazine un peu douteux où, sur six pages, ce dernier fournit une bonne information sur la SF et des critiques personnelles.

Venons-en au vif du sujet, c'est-à-dire les deux livres que j'ai retenus ce mois-ci, d'une façon tout à fait partiale et autoritaire.

Femmes au futur, d'abord, une anthologie présentée par Marianne Leconte. La naufragée involontaire des Horizons du fantastique s'est hissée à la force du poignet sur cette planche de salut offerte par les bonnes éditions Marabout. Après Femmes et merveilles, paru aux Éditions Denoël, voici donc la deuxième anthologie consacrée aux femmes dans la littérature de SF. Deux de trop diront certains misogynes acharnés. Ils auraient tort car, sans nul doute, la qualité des textes présentés ici méritait leur publication, quelqu'en aient été leurs auteurs. D'autant que la plupart des écrivains féminins qui participent à cette anthologie ont publié plusieurs romans dans leurs pays d'origine. À notre regret, aucun de ceux-ci n'ont été traduits en France. Doit-on en conclure que les éditeurs français sont encore plus hostiles à la production féminine en littérature que les Américains et les Anglais ? Sans nul doute, car ils ne publient que les plus intellectuelles, Ursula Le Guin, ou les tenantes du vieux style, Catherine Moore. Au détriment de celles qui se posent le problème de savoir quel pourra être l'évolution de la femme dans les sociétés futures.

Kate Wilhem d'abord, dans un étrange et obscur récit où pèse une sombre malédiction, "les Funérailles". Quelle possibilité existe-t-il à cette enfant de l'avenir de s'enfuir, de quitter la société bizarre et distordue où elle est née, où ses sœurs subissent sinistrement leur sort. En s'enfuyant par quelque souterrain symbolique à l'intérieur d'un passé tribal, pour y rejoindre l'enfant qu'elle y eut été, insouciante parmi les fleurs.

Raylin Moore, avec "la Belle Éléonore est morte", donne une étonnante preuve par l'absurde que l'aliénation est affaire d'éducation. Il suffit de s'en affranchir pour retrouver une certaine innocence de mœurs à partir de laquelle tout est possible, même le conventionnel. C'est sans doute la nouvelle la plus lucide et la plus significative que j'ai lue sur les possibles relations sexuelles de l'homme et de la femme.

Joanna Russ, dans "Lorsque tout changea", lance un tragique chant d'adieu à une planète sans hommes où les femmes sont parvenues à transposer dans la réalité une conception “fermière et autonomiste” de la société. Sous les idées nouvelles sont enkystées de vieilles idéologies qui préparent le retour des hommes.

Katia Alexandre nous parle du fascisme féminin dans "le Temps des masques", en nous montrant quelle horrible société hiérarchisée et contraignante les femmes de l'avenir auront su imposer aux hommes. Mais bizarrement cette société apparaît comme très semblable à celle que les hommes ont établie depuis des millénaires.

La nouvelle de Joséphine Saxton est un peu simplette par rapport au haut niveau où se situent les autres. Quant à Sonya Dorman, elle porte l'horreur de l'accouchement à son comble en matérialisant ces étranges fantasmes féminins que des générations d'accoucheuses et de parentes apeurées se sont transmises de générations en générations, dans "la Fin vivante".

Kit Reed, dans le plus beau texte de ce recueil "la Chanson de Tommy", imagine ce que pourrait devenir une groupie poussée jusqu'à l'absurde C'est un long et atroce lamento à la honte de cette femme monstre, de cette femme paternée telle que l'ont conçue des sociétés phallocratiques et punitives.

Avec "le Journal de Rose", Ursula Le Guin montre par quel cheminement psychologique une femme cultivée, intelligente, aboutira à la résignation, grâce à la sournoise certitude d'œuvrer pour une libération ultime et mal connue.

Marianne Leconte se pose une question dans "les Trois J". Si les femmes étaient télépathes et les hommes ne l'étaient pas, utiliseraient-elles leur pouvoir pour changer le monde, ou se serviraient-elles de leurs armes traditionnellement célébrées par nos sociétés pour devenir les éminences grises de l'humanité ?

Pamela Sargent, dans "TIM", nous parle d'un avenir où la femme serait la grande planificatrice, sans nous donner aucun élément de justification. Elle révèle pourtant d'une façon significative en quoi cette société féminisée aboutirait à un renforcement de l'État autoritaire.

Quant à Hilary Bailey, dans une nouvelle floue et énigmatique, elle fait la preuve que son art de l'écriture est très semblable à celui de son mari Michael Moorcock, au point de ne plus savoir lequel des deux a influencé l'autre.

Toutes ces nouvelles répondent-elles aux questions que Marianne Leconte se pose au commencement de sa postface : « Existe-t-il une spécificité de la littérature féminine de Science-Fiction ? Cette littérature est-elle féministe ? Propose-t-elle de la femme une image différente ? ». Ma réponse sera ambiguë ; car, bien sûr, il faudrait que ces sociétés de l'Avenir, auxquelles rêvent les écrivains de ce recueil, fussent réalisées pour que les femmes au futur, enfin libérées du carcan sous lequel les a maintenues notre culture, puissent imaginer de nouvelles situations qui évolueraient à partir des schémas nouveaux qu'elles proposent. À vrai dire, je n'ai pas trouvé de spécificité à ces textes. Ils ne m'ont pas révélé un univers féminin ou féministe duquel je serais exclu ou que j'aurais ignoré volontairement. Par contre, elles prouvent à l'évidence que l'ère de la vieille littérature féminine, avec ses défauts tant de fois avancés pour la mettre en dérision, mièvrerie et sentimentalisme par exemple, est terminé. Un recueil comme Femmes au futur démontre combien il existe potentiellement d'écrivains talentueux chez les femmes qui œuvrent pour la SF, c'est surtout ce que j'en attendais.

Dominique Douay, maintenant, avec l'Échiquier de la création, chez J'ai Lu.

Cet ouvrage tombe à point au moment où certains lecteurs de SF s'interrogent : la Science-Fiction française vaut-elle la peine d'être vécue ? Le problème n'est pas nouveau, il a fait les beaux jours de Fiction à une époque où le raz-de-marée américain balayait les faibles jetées de sable à peine étayées que nous lancions imprudemment pour nous manifester. À Lyon, l'autre jour, au cours d'un colloque sur la SF qui se déroulait à la bibliothèque municipale, certains participants l'ont relancé. Pour moi, la réponse est simple : face au produit manufacturé qu'ont imposé sans mal les éditeurs, en puisant à bon marché dans l'abondante et ancienne production américaine, la Science-Fiction française est devenue si diverse, si inventive, si déroutante qu'elle place le consommateur habituel dans une situation de refus. La preuve en est que la SF non conventionnelle made in U.S.A. est également rejetée par les amateurs d'évasion à domicile vers les paradis de la technologie. Ce n'est pas la Science-Fiction française qui est boudée. Francis Carsac ou René Barjavel, qui savent faire dans la bonne confection, ne posent aucun problème à leurs éditeurs. C'est la Science-Fiction de pointe. Et il existe beaucoup d'auteurs français qui ne se contentent pas d'utiliser les recettes éprouvées, qui osent, lancent des ponts vers l'avenir, ce qui est semble-t-il, le rôle essentiel de la SF. Il ne faut pas croire que ces recherches sont menées dans un but d'obscurité voulue, par simple snobisme littéraire. Quoiqu'on en dise, la plupart des romans français ne demandent pas d'efforts particuliers pour être compris. Ils se situent dans le droit fil des fabuleux créateurs que furent, par exemple, J.H. Rosny aîné, Maurice Renard ou Jacques Spitz, dont les œuvres restent exemplaires face à la production américaine d'une époque comparable. Simplement, les auteurs français modernes ont franchi un palier spéculatif, il suffit de les suivre. En se reportant aux débuts de Philip K. Dick, en France, avec ses premiers romans importants, il est notable que les vieux lecteurs du C.L.A. ne les accueillaient pas non plus avec enthousiasme. De même aux Uessas.

Combien de désabonnements, combien de mises en garde ont accompagné la parution de textes un peu nouveaux, de nouvelles un peu différentes dans Fiction pour considérer l'hostilité vis-à-vis de la Science-Fiction française avec une dérision amusée. Amusée tant qu'on ne crèvera pas de faim.

Dominique Douay, donc, nous donne son deuxième roman, il serait bon de le lire. Dans un avertissement préalable, je dirai tout de go que je suis imperméable aux symboles et que j'en ai fait une lecture au premier degré, comme le plus banal des lecteurs de space opera. L'Échiquier de la création obéit à de vastes desseins. Comme Gérard Klein, avec son premier roman le Gambit des étoiles, Dominique Douay se pose la question : peut-on être soi quand on ne s'est pas créé soi-même ou doit-on obéir aux grands manipulateurs qui président aux déplacements des pions du jeu d'échec cosmique où nous sommes ? Sommes-nous réellement des pions ou avons-nous un pouvoir de décision dans le déroulement des parties qui nous concernent ? Qui crée quoi et réciproquement ?

On voit que l'enjeu n'est pas mince et qu'il faut une plume trempée dans l'airain pour s'attaquer à un sujet aussi ambitieux. Dominique Douay l'aborde avec suffisamment de hauteur pour ne pas s'embourber dans les pièges les plus communs qui guettent l'imprudent néophyte. D'abord, d'un seul jet, il raconte les hésitations qui président à la naissance. Le Bien et le Mal ne sont plus ce qu'ils étaient et il n'est plus aussi simple de parler de la création qu'à l'époque où Dieu dictait l'Ancien Testament. Dans un récit vertigineux, on assiste au douloureux combat entre l'informulé et l'énigmatique, entre le désir et le pouvoir qui dictera les conditions dans lesquelles naîtront les personnages : Galaad, puis Aumaire qui naîtra de lui, et enfin Le Bouc. Mais ces premières naissances sont encore incertaines. Il ne suffit pas d'exister pour assumer sa réalité. Il faut accomplir un grand pas pour admettre que l'identité ne suffit pas et qu'elle doit être confrontée au réel pour devenir signifiante. Ce sera la deuxième partie de l'Échiquier de la création, durant laquelle on verra comment les créateurs peuvent être encombrés par leurs créatures et comment il est préférable de construire un univers plutôt que d'adhérer sans condition à un monde qui existe déjà.

Mais cette naissance et cette adoption progressive de la réalité ne sont-elles pas issues du rêve schizophrène d'un malade enfermé dans un asile ? Ne sommes-nous pas, nous Terriens, tous des schizophrènes enfermés à l'intérieur d'une planète hôpital où nous imaginons, dans nôtre crâne, que la vie existe au dehors, que des êtres y vivent ? Il faudra que Galaad rencontre Massipe, l'évadé du bagne du quotidien, voué à un éternel recommencement, pour soupçonner la vérité. Tout se transmue, nous sommes à la fois celui qui crée, celui qui est créé, nous sommes la « Bête » et la « Fleur ». Tout nous est possible puisque nous participons au cosmos, que nous sommes à la fois les joueurs et les pions sur l'échiquier cosmique.

Ce roman touffu, complexe, peut se lire avec la voracité de l'amateur de suspense. Son ton glacé, son abstraction apparente puise aux thèmes essentiels. Probablement constitué à partir de trois nouvelles qui grincent un peu aux charnières, il forme néanmoins un tout d'une redoutable cohérence qui engage notre avenir dans une nouvelle chaîne causale proprement existentielle.

Avec l'Échiquier de la création, Dominique Douay s'affirme comme un remarquable manipulateur d'idées. Il ne lui manque que de passer de l'autre côté du miroir, c'est-à-dire de s'impliquer dans son œuvre pour devenir un créateur au plein sens du terme. Romancier conceptuel, capable de projeter les fantasmes les plus secrets de l'humanité sur l'écran blanc des apparences, il a déjà acquis la maîtrise d'un prestidigitateur du verbe.