Neal Stephenson : l'Âge de diamant
(the Diamond age, 1995)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
« Ce roman capte les nuances et les rythmes du monde à venir avec une telle perfection qu'on s'y croit déjà. »
déclare le Washington Post. « Un tout proche futur magistralement conçu. »
ajoute le San Francisco Bay Guardian. « Le livre le plus exceptionnel depuis le roman de Gibson, Neuromancien. »
surenchérit le Seattle Weekly. Alléché par une critique aussi unanime, je me précipite sur l'Âge de diamant, premier roman paru en France de Neal Stephenson.
L'histoire se déroule dans une Chine d'improvisation futuriste, partagée entre le Céleste Empire, la République côtière. Bud, une sorte d'homme boîte à outil, s'est fait implanter un pistocrâne. Il a des ennuis d'argent. Son deuxième enfant va naître incessamment. Il braque bêtement un Ashanti. Le système judiciaire confucéen est impitoyable. Sur l'ordre du juge Fang, plusieurs douzaines d'explosifs microscopiques détonent dans son sang.
Atlantis/Shanghai, territoire concédé où règne Victoria II. Un certain Hackworth concocte pour la fille de Lord Finckle-McGraw un Manuel illustré d'éducation qui recourt à la nanotechnologie la plus évoluée. Cet outil intelligent parle, invente des images, crée des contes de fée virtuels. Mais, pour fonctionner dans l'idéal, il exige des “racteurs” professionnels, capables de simuler la réalité. Miranda est la meilleure.
Quelques années plus tard, Nell, orpheline de Bud, se trouve en possession du livre. Elle s'embarque à travers lui pour des jeux de rôles métaphoriques avec ses compagnons chéris, Dinosaure, Pourpre, Canard, etc.
Le Docteur X rêve de s'emparer du manuel à des fins connues de lui seul.
De nombreuses vicissitudes permettront à tous ces personnages de fusionner en une apothéose libératrice.
Neal Stephenson, intarissable bavard, ne nous fait grâce d'aucun détail pour construire ses chimères modernistes ; s'ensuit une incroyable énumération de petites inventions, de détails pittoresques, destinée à parfaire sa techno-utopie sino-victorienne. Le problème est de repérer dans la dilution narrative la colonne vertébrale du récit. Trop de graisse autour du squelette due sans doute à une ingestion excessive de Big Macs. Pour résumer ce début, il m'a fallu atteindre la page 200. Il en restait encore 300 pour aller jusqu'à la fin. Mon cerveau cadencé à des milliers de mégahertz pour charger mon disque dure-mère de plusieurs millions d'octets ne m'a pas permis d'atteindre la fin aussi agréablement que je l'espérais.
L'Âge de diamant souffre d'un sérieux problème de vocabulaire. La prolixité, la pluralité des mots inventés n'en rend pas toujours la lecture facile. Est-ce la faute de l'auteur ou du traducteur ? La petite histoire le dira peut-être. Certains romans de SF se démodent aussitôt nés quand l'auteur ne réunit pas les atouts sémantiques et conceptuels nécessaires à son projet. Neal Stephenson ne manque pourtant ni de caractère ni d'imagination ; s'il possède déjà l'art de surprendre, il n'a pas encore découvert le moyen de nous passionner.