Charles Stross : le Bureau des atrocités
(the Atrocity archives, 2004)
roman et nouvelle de Science-Fiction
- par ailleurs :
Depuis les univers qui nous frôlent, nous sommes sous la menace d'entités redoutables qui n'attendent qu'une occasion pour pénétrer par effraction dans notre monde. Incubes, succubes et basilics, survivants de l'infini, monstres inimaginables se pressent à notre porte. Dès qu'une invocation magique leur ouvre la voie, ils s'y précipitent pour se livrer aux plus abjectes tortures sur les Humains.
Ce détail n'a pas échappé aux politiques, aux fous de tout acabit qui cherchent à les maîtriser pour s'en servir comme armes de guerre.
Magie et Science-Fiction ont parfois créé un ménage détonnant. Quand Charles Stross choisit d'y ajouter une pinte de Grands Anciens, l'informatique de pointe, la mécanique quantique, Al-Qaida et quelques protonazis réfugiés dans un au-delà improbable, cela donne un cocktail ahurissant. L'important, dans ce genre de défi, c'est de maîtriser tous les paramètres afin que le roman ne s'égare dans la confusion. En ce sens, le Bureau des atrocités est une réussite. Car Bob Howard, l'espion qui revient du Nécronomicon, est fort sensible aux odeurs, aux sons, aux images et sa vision caustique du monde contemporain charge le décor, les péripéties d'un poids d'humanité qui accrédite le récit. D'autant qu'il agit dans le cadre d'une étrange officine de renseignements, la Laverie, qui respire la crasse et la bureaucratie. Ce qui offre de savoureuses pages d'humour et d'effroi.
Mais, plus qu'un stratège de l'invention délirante et du suspense gore, Charles Stross est d'abord un analyste virulent de notre société en proie à ses fantasmes. En nous faisant sentir que la magie noire n'est pas si loin de la téléréalité.