Keep Watching the Skies! nº 7, mars 1994
Pierre Jourde : Géographies imaginaires – De quelques inventeurs de mondes au xxe siècle
essai ~ chroniqué par Éric Vial
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Tant pis s'il cite Genette, Bachelard, Proust, Mallarmé, Lestringant et Sartre : il faut bien faire sérieux. Et puis, il cite aussi Hergé pour sa Syldavie. Tant pis aussi si ses allusions initiales à la Science-Fiction, voire — horresco referens — à l'Heroic Fantasy (et une réflexion sur la diversité interne du genre) sont vite escamotées. Tant pis si, lorsqu'il est question d'ethnologie imaginaire, l'absence de Vance fait plus de bruit que bien des présences, et si l'attachement à la S.-F. française fait regretter l'absence des références à d'aucunes classiques réflexions jeuriennes sur la carte qui n'est pas le territoire. Tant pis donc. Parce que ce livre, paru il y a quelques années — mais que le fandom semble avoir ignoré —, parle de ce que les amateurs de S.-F. aiment. Ou devraient aimer. Le dépaysement absolu. La construction logique à partir de bases imaginaires. La logique de l'irréel. Les peuples rêvés. Les cartes précises des lieux où nul n'ira jamais, depuis les îles au trésor jusqu'aux empires galactiques. Notre univers… Tant pis derechef, si l'auteur en parle en universitaire, et en universitaire littéraire. Il a le bon goût de le faire à partir des plus science-fictifs des auteurs classiques (Gracq, Michaux, Borges) et du plus universitaire des auteurs conjecturaux (Tolkien, à mon sens moins distrayant que les précédents). Et il ajoute, pour faire bonne mesure, le Caronie du roman de Renaud Camus, Roman roi. plus Madame de Scudéry et sa carte du Tendre, ou More et son Utopie.
À feuilleter pour le moins, si l'on n'est pas absolument réfractaire aux thèses et autres universitaires.
Notes
Dans l'édition papier de KWS, cette chronique est attribuée à tort à Pascal J. Thomas.