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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 13-14 l'Enfant à la main d'homme

Keep Watching the Skies! nº 13-14, juillet-août 1995

Pierre Bordage : l'Enfant à la main d'homme

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Jean-Louis Trudel

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Quand je commence certains livres, je fais comme au cinéma quand je vais voir, disons, un nouveau film dans la série de Star trek : je m'efforce de débrancher autant de mes circuits critiques que possible. Quand j'ai vu le nom de Pierre Bordage sur la couverture, je n'ai pas hésité à tout débrancher.

Pourtant, j'ai tout de même eu des sursauts critiques en lisant ce roman qui mise plus sur l'aventure que la science-fiction.

D'abord, je dois préciser qu'il s'agit du troisième livre dans "Le cycle de Lucifal" mais du huitième dans la série "Rohel le Conquérant". Néanmoins, il n'y a pas besoin d'avoir lu ce qui précède : il suffit de savoir que notre héros, Rohel, a été rajeuni par accident, ne gardant qu'une main sous sa forme adulte appropriée, et qu'il cherche une épée appelée "Lucifal" afin de s'en prendre aux Garloups (extraterrestres qui sortent — oh combien improbablement ! — des trous noirs) qui ont dévasté son monde d'origine et capturé sa bien-aimée, Saphyr. C'est tout.

Pour le reste, c'est la énième mouture de la colonie humaine perdue sur une planète inconnue du reste de la Galaxie. Sauf qu'il y a ici trois groupes humains, dont deux qui sont ennemis et un qui est constitué de mutants. Au bout d'épreuves initiatiques variées, de luttes intestines auxquelles il doit mettre fin, d'une histoire d'amour à la Romeo et Juliette qu'il doit favoriser, et de la migration de tout un peuple qu'il doit mener, Rohel se retrouve en pleine bataille. Il y mettra fin par la force de sa personnalité (je ne blague pas) et réconciliera les frères ennemis, tout en se faisant restituer son corps adulte au moyen d'un régénérateur cellulaire.

Trop s'attarder sur l'intrigue reviendrait à gâcher les plaisirs discutables de ce roman. Je parle de plaisirs car Bordage excelle à brosser les affrontements, les trahisons et l'action qu'on attend de ce genre de romans.

Je dis discutables car il n'hésite pas a montrer une culture aisément assimilable à la société arabo-islamiste d'aujourd'hui comme étant la seule à combattre et corriger, tandis que les méthodes de Rohel pour manipuler les foules relèvent de l'autoritarisme et du règne de la terreur le plus primaire — on se dit vite que ce n'est pas étonnant s'il n'y a plus que deux survivants de sa planète natale ! Je pourrais aussi mentionner la grande bataille où les détenteurs d'armes lumineuses destructrices envoient des soldats combattre leurs ennemis (ce qui rend les armes inutiles, puisque ce serait trop dangereux de tirer dans le tas) au lieu de forcer les agresseurs à parcourir une plus longue distance sous le feu de ces armes (et que dire de ces armes dont la force destructrice voyage censément à la vitesse de la lumière et qui rate un véhicule à chenilles voyageant à 80 km/h parce qu'il a soudainement viré de bord !!!).

La différence entre Bordage et Brussolo, c'est que le premier est un familier des classiques du genre tandis que le second sait faire preuve d'imagination. Ni l'un ni l'autre ne font preuve d'une très grande rigueur, mais je crois qu'on a le droit de préférer ses récits d'aventures pimentés d'un peu d'imagination…