Sauter la navigation

 
Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 13-14 les Oubliés de Vulcain

Keep Watching the Skies! nº 13-14, juillet-août 1995

Danielle Martinigol : les Oubliés de Vulcain

roman de Science-Fiction pour la jeunesse ~ chroniqué par Micky Papoz

 Chercher ce livre sur amazon.fr

Plus qu'une fresque écologique sur la pollution et ses innombrables conséquences, Danielle Martinigol a le mérite d'offrir à ses lecteurs un roman humain sur la différence. Différenciation du jeune héros, Charley, qui, lors d'une fête, apprend par hasard qu'il n'est que le fruit d'une manipulation génétique et que son prénom n'est qu'initiales : Cobaye Humain Amélioré Résistant aux Lieux Extraterrestres, Y étant le symbole du chromosome masculin. Charley a été conçu comme un être humain d'aspect semblable aux autres, sa différence est interne : il est capable de plonger en apnée plus que la normale, de grimper sans avoir le vertige, de courir longtemps sans s'essoufler et surtout d'échapper à de nombreuses maladies. Le jeune garçon comprend qu'il n'est qu'un humain amélioré sur lequel on déposera un brevet de propriété industrielle comme sur les combinés génétiques déjà créés par l'usine. Révolté, désespéré, Charley pense mettre fin à ses jours, mais ne voulant abandonner son charat, (mélange de chat et de rat), il décide de s'enfuir à la faveur de l'envoi des containers d'ordures sur Vulcain, la planète des déchets. Le réveil est brutal pour le jeune garçon qui a toujours vécu dans un univers aseptisé. Le voilà juché sur une montagne d'ordures. L'air chargé de cendres sent la décomposition. Un rire frais lui redonne un peu d'espoir, celui de Jani qui collecte les ordures encore récupérables pour faire vivre les siens. L'aventure commence pour Charley, mais surtout le dur apprentissage de la responsabilité de sa dissemblance.

En lisant ce roman riche en rebondissements, on ne peut s'empêcher d'avoir une pensée émue pour les enfants de Manille ou ceux de Rio, passant leurs journées sur des montagnes d'ordures, où ils récupèrent quelque utilité dont la vente leur permettra de subsister. La romancière, sans jamais tomber dans le piège du larmoyant, a bien ficelé son histoire destinée aux enfants et aux adolescents, qui s'identifieront facilement aux héros.

Et même si tout se termine bien (ou presque), après lecture, deux questions s'imposent immédiatement : comment notre nation peut-elle accepter de recevoir les déchets contaminés de certains autres pays de la Communauté Européenne ? Et de quelle manière nous débarrasserons-nous de nos immondices d'ici quelques décennies lorsque la population aura augmenté ?

Danielle Martinigol ouvre une débat qui devrait être fondamental pour les écologistes, actuellement préoccupés par le creusement d'un canal qui supprimerait — sans aucun doute — plusieurs dizaines de milliers de camions sur les autoroutes et par les essais nucléaires (bien inutiles et périlleux il est vrai, et surtout trop onéreux pour un pays déjà surendetté). La question des déchets non recyclables qui empoisonnent notre sous-sol est primordiale. On ne parle pas assez de certaines régions où l'eau est devenue non seulement imbuvable, mais nocive. Il a suffi d'un incendie dans une décharge du Gers pour que la population soit privée d'eau potable.

Et si la France devenait la poubelle de la communauté, deviendrons-nous à notre tour les oubliés de Vulcain ?