Keep Watching the Skies! nº 23, avril 1997
Patrice Duvic : Autant en emporte le divan
roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard
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Qu'est-ce qui peut pousser un directeur de collection établi à produire, après presque vingt ans de silence, un "Polar SF" au Fleuve noir ? Le lecteur qui prendra la peine de lire Autant en emporte le divan comprendra vite que c'est le plaisir de l'humour.
Duvic s'amuse à parodier le polar sans le dynamiter et la S.-F. sans la dénaturer. Il imagine deux “privés” (les derniers !?) fauchés comme les blés qui, ayant racheté La Machine à remonter le temps (fabriquée par Wells bien sûr) avant qu'elle ne soit vouée à la démolition, l'utilisent avec parcimonie — elle dépense trop d'énergie — pour mener à bien les rares enquêtes qui leur sont confiées. Ici c'est une héritière belle comme une star qui ne supporte pas les hommes et qui veut savoir ce qui lui est arrivé tel jour pour remédier à son problème.
Enquête classique mais dans un décor et aux rebondissements qui le sont moins — d'une école religieuse où l'on prie pour éviter la pollution à un asile d'aliéné où les tickets de parking servent à une loterie pour aboutir à un monde gouverné par des robots. Duvic s'en donne à cœur joie avec des autocitations et des utilisations de mondes imaginés par d'autres — mais avec respect et finesse, s'il vous plaît ! — et emporte le lecteur dans un tourbillon.
Un petit bijou dont on regrette que la taille ne soit pas toujours ciselée avec un soin jaloux.