Keep Watching the Skies! nº 26, novembre 1997
Laurent Genefort : Lyane
roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Jean-Louis Trudel
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Si ce roman confirme que Laurent Genefort est devenu un écrivain de Science-Fiction de métier, c'est aussi un roman qui ne répond pas aux attentes suscitées par Labyrinthe de chair et De chair et de fer.
Structurellement, c'est un roman qui rappelle Rézo : la jeune héroïne en fuite, Lyane, fille de Lorin et Soheil — voir les deux romans susmentionnés — passe d'une communauté à une autre, d'un milieu naturel à un autre sur la planète Felya, éclairée par une étoile double, tout comme, dans Rézo, le hacker en cavale avait fait la moitié du tour du monde avant de s'arrêter, visitant une poignée de micro-sociétés exotiques. Cependant, on mesure aisément combien Genefort a gagné en assurance et en expérience depuis Rézo quand on se rend compte qu'il arrive — presque ! — à soutenir l'intérêt du lecteur jusqu'à la fin. Entre autres, il fournit un contrepoint à la narration des aventures de Lyane et il relance habilement l'action au moyen d'évasions ratées alternant avec des échappées réussies. C'est surtout parce que Lyane devient un personnage trop passif dans les dernières pages qu'on commence à décrocher. Cependant, Genefort effectue un rétablissement in extremis à la fin du livre, qui donne son sens à l'histoire tout en préparant l'arrivée d'un autre volume dans la même série.
Cette conclusion, qui repose en partie sur une intervention deus ex machina, ne rachète pas entièrement le vide de la grande chasse-poursuite qui occupe le gros du livre. Lyane laisse l'impression d'un prologue écrit pour un ouvrage beaucoup plus important. Toutefois, ce qui compense presque la pauvreté de l'intrigue et de la création des personnages — le chasseur de primes à la poursuite de Lyane est peut-être le plus complexe d'entre ces derniers —, c'est la construction de monde.
Une fois de plus, ce sont les paysages et les sociétés de Felya qui fascinent. D'ailleurs, Genefort se sent obligé — non sans raison — de fournir un lexique à la fin du roman pour dresser la liste de ses inventions biologiques. Avec un talent qui ne se dément point, il invente à tour de bras une profusion luxuriante de formes de vie diverses, animales ou végétales. Puisque Felya est une planète terraformée, il n'a pas toutefois à s'inquiéter vraiment de l'emboîtement de ces espèces animales et végétales, qui tendent à se réserver des niches écologiques distinctes.
Bref, on ne s'ennuie pas en lisant du Genefort et si ses personnages ne suscitent pas toujours la sympathie, ses créations susciteront du moins l'intérêt de l'esprit. Lyane est le moins réussi des trois livres consacrés à Felya — pour l'instant —, mais il se laisse lire d'une traite et ne souffre pas d'un défaut d'imagination. En faut-il vraiment plus ?
