Ce volume regroupe trois titres d'Arnaud : la Charogne céleste, l'Avenir des dupes et Il était une fois la Compagnie des glaces, plus une modeste contribution de votre serviteur, "l'Encyclopédie des Glaces".

Si vous n'avez pas tout lu de la saga, ou si vous n'avez pas toute l'histoire en tête, sachez qu'une poignée d'individus, dont Lien Rag, Yeuse, Kurts le pirate, le Kid et les Rénovateurs du Soleil, puis Lien Sun et Jdrien (les fils de Lien Rag), luttent pour faire revenir le soleil sur notre Terre glacée. Ils se heurtent aux Aiguilleurs et aux puissantes compagnies qui vivent de cette glaciation, entretenue par un satellite extraterrestre aménagé à cet effet. La Saga s'achève sur le retour du soleil.

La charogne céleste et Il était une fois… correspondent aux numéros 61 et 62 de la première époque de la Compagnie des glaces et en constituent les deux derniers épisodes. (Je dis première époque car, le 22 février 2001, deux romans inédits donneront le coup d'envoi d'une nouvelle série). On relate dans ces deux romans de conclusion la fin du Bulb, l'animal satellite colonisé, et surtout les ultimes soubresauts des survivants de cette longue saga, qui vont fuir la chaleur du Soleil en annexant une petite crique australienne où une fleur a poussé. L'Avenir des dupes (roman inédit) vient s'insérer entre les deux récits déjà publiés.

On regrettera que l'Avenir des dupes ait été écrit très vite, et que bon nombre de répétitions n'aient pas été supprimées à la relecture. On y trouve beaucoup de bilans, de rappels des épisodes précédents qui laissent un goût de remplissage, alors que l'on s'était habitué à des romans reposant sur une ou deux idées, et qui les développaient en s'insérant dans la durée.

Mais Arnaud se sert aussi de ce récit pour mettre en place ce qui va suivre et le personnage principal n'est plus Lien Rag ou Lien Sun. Yeuse même s'estompe… au profit de Songe, habile commerçante et femme libre, transfuge de la colonie des Rénovateurs du soleil réfugiés dans les échafaudages tibétains. C'est à elle que les Aiguilleurs, qui ne supportent pas la perte de leurs prérogatives et le retour du soleil, vont confier la mission de pousser de jeunes scientifiques à remettre en fonction les appareils abandonnés au Tibet par l'astrophysicien Charlster (découvreur du Bulb et toujours aussi amateur de fillettes). Songe, en même temps qu'elle redécouvre ses amis, retrouve un personnage oublié…

On assiste ainsi à un étrange phénomène : dans la mesure où la saga devait s'arrêter sur le retour du Soleil et ses conséquences, et comme elle doit reprendre, il fallait bien imaginer une faille, immiscée a posteriori dans le cours de ce qui était achevé.

Je ne vous dévoilerai pas l'astuce logique trouvée par Arnaud ; sachez seulement qu'elle montre à quel point l'univers imaginé tient. L'inédit du volume est donc doublement intéressant puisqu'il contient les germes de la nouvelle époque de la Compagnie des glaces et justifie la résurrection d'un personnage oublié.

Un reproche toutefois, le même d'ailleurs que l'on pouvait faire à Ponson du Terrail ou à Paul Féval et peut-être à Alexandre Dumas : ce coup de la résurrection, du retour du personnage laissé pour mort qui intervient à point nommé pour relancer l'action. Alors, passez outre vos préventions contre ce type de littérature, faites-vous violence…