Keep Watching the Skies! nº 44, août 2002
Jean-Luc Bizien : WonderlandZ
roman fantastique ~ chroniqué par Noé Gaillard
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Les dragons existent ! Si ! C'est Jean-Luc Bizien qui le dit. Comme il le dit avec assez de finesse, ou d'esprit, on va accepter son affirmation. Ainsi les dragons existent, ils sont immortels à condition de pouvoir se nourrir de nos rêves… Ils subsistent facilement dans notre monde car ils peuvent prendre une apparence humaine. Bizien nous propose ici le combat de deux dragons. L'un voulant s'emparer du support de rêve de l'autre. Les dragons aiment particulièrement les humains qui rêvent beaucoup et bien sûr les humains qui écrivent. Ainsi le bon dragon de l'histoire fut longtemps ami de Lewis Carroll avant d'être celui d'un écrivain américain pour devenir celui d'une jeune femme qui hésite à croire aux dragons et qui finit par l'aider dans sa lutte contre le méchant.
Qui dit Lewis Carroll dit nécessairement Alice et la Chasse au Snark — on notera l'absence de mention du traducteur pour les citations de ce dernier texte — et les dragons utilisent les lieux visités par Alice et les personnages qu'elle rencontre comme arme et comme lieu de combat. Après un début un peu laborieux et qui sur le plan de l'écriture ressemble étrangement par endroits à du Brussolo — il est d'ailleurs remercié par l'auteur pour son aide —, le combat prend son essor. Et malgré un petit côté “Highlander”, un sacrifice un peu artificiel à notre époque (le méchant dragon a transmis le virus du sida à sa compagne) et des caractères un peu convenus (le méchant est bien évidemment un peu trop orgueilleux et sûr de lui, cela ne peut que lui nuire), le mélange Lewis Carroll-Jean-Luc Bizien n'est pas indigeste. Là encore le rythme du récit, la violence alternant avec des périodes de calme “forcent” le lecteur à aller jusqu'au bout, même s'il sait sans l'avoir lue que la fin est “convenable”. Je ne sais quels étaient les autres romans en lice pour ce prix, remporté par Bizien, du roman fantastique du festival de Gérardmer, mais celui-ci ne me semble pas avoir usurpé le titre.