Thomas Day : du Sel sous les paupières
roman de Fantasy, 2012
- par ailleurs :
Si j'en crois les remerciements de l'auteur, le roman que l'on vient de lire a été commencé dix ans auparavant. Sur cinq personnes citées, on trouve le fils de l'auteur, un directeur de maison d'édition et un auteur avec lequel il a déjà travaillé, autant dire que c'est une production “familiale”. En revanche, on sent bien le passage entre ce qui fut écrit et le rajout pour achever le produit. C'est dommage, et j'avoue que Thomas Day avec la Voie du sabre [ 1 ] [ 2 ] et l'Homme qui voulait tuer l'empereur [ 1 ] [ 2 ] nous avait habitués à mieux, même s'il nous avait déjà fait le coup du dix ans après avec la reprise en 2011 d'un roman écrit en 2001…
J'aime assez le titre, mais sauf à l'avoir vu une fois dans le roman, je n'ai pas trop saisi son rapport avec l'histoire. Une histoire d'enfants perdus à la Caro et Jeunet, une histoire d'usine qui produit du danger et fait travailler des enfants, une fuite et des hommes qui jouent les spirites et les sociétés secrètes… Vous avez le choix : ou vous considérez qu'il s'agit d'un hommage réussi aux histoires que vous avez déjà lues et vous repérez d'autres références, diffuses (Fritz Lang, Métropolis ; Victor Hugo, l'Homme qui rit, p. 206),(1) ou directes (comme Antoine Volodine ou Arturo Pérez-Reverte, p. 229, Yeats, p. 177, ou T.S. Eliot avec la Terre Gaste, p. 258), ou vous pensez pastiche et pochade, ou mieux, catharsis — on peut imaginer l'auteur se délivrant de ses lectures pour passer à autre chose.
Cette façon de faire cautionner son texte par des auteurs que le lecteur est censé connaître me semble trahir un sens certain de la facilité. En tout cas, elle évite à l'auteur d'avoir à créer une ambiance… un peu comme quand le dessinateur Binet au lieu de dessiner le décor des Bidochons écrivait « chaise, armoire » en lieu et place des objets. Mais on imagine des concours de lecteurs à la recherche des références…
- Édition de référence : Gallimard › Folio Science-Fiction, nº 421, 2012.↑
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