Igor Gilbert écoutait en jouant machinalement avec un tube d'aspirine.
« Pour conclure, » dit Jacques Langlais-Laville d'une voix tendue et un peu exaltée, « je me permets de vous rappeler maintenant qu'on ne rentre pas à la Dunn Worldco comme dans un ministère. C'est une aventure prodigieuse qui demande beaucoup d'enthousiasme, de courage et de créativité. Oui, de courage. » ajouta-t-il gravement. « Même pour des spécialistes de votre valeur. Mais quelle aventure ! ».
Ils étaient une dizaine dans le luxueux bureau de l'ingénieur-conseil Jacques Langlais-Laville. Une dizaine d'hommes et de femmes en complet de bonne coupe, robe chic et sobre tailleur, réunis pour écouter un exposé — illustré par quelques projections — sur les nouvelles possibilités d'emploi qu'offrait aux cadres, aux techniciens et aux chercheurs la super-mulco Dunn Worldco qui venait enfin d'absorber la plupart des grandes sociétés européennes. Et que Jacques Langlais-Laville représentait à Paris et en Europe libérée…
Une baie immense, aussi haute que large, découpait dans le ciel de la ville un arc bleu vif. C'était la fin du printemps. Seuls quelques nuages blancs et propres erraient sur la capitale de Neuropa, débarrassée pour toujours — du moins on pouvait l'espérer — des gaz et des fumées industrielles. On savait maintenant que la pollution de l'atmosphère, des mers et des villes pendant le dernier quart de siècle n'avait été qu'un incident de croissance dû en grande partie à la mauvaise gestion et à l'incurie des gouvernements socialistes placés, depuis les années quatre-vingt par des élections truquées, à la tête d'un grand nombre de pays, entre l'Elbe et l'Atlantique… La libération, effectuée sous l'égide de Dunn Worldco et de ses satellites, avait permis d'éliminer les principaux responsables, fonctionnaires et politiciens, et de les remplacer par des hommes compétents, intelligents, dévoués, prévoyants et attachés de tout cœur à la défense de la biosphère terrestre, du niveau de vie de l'Humanité et de la propriété privée. En majeure partie des ingénieurs atomistes et chimistes… Une ère nouvelle de joie de vivre et de progrès s'ouvrait sur le monde.
Telle est la vérité, se disait Igor avec patience. La vérité, la vérité… Enfin, telle était une certaine vérité chère à tous les ingénieurs.
Tous avaient la plus grande admiration pour Jacques Langlais-Laville, l'homme que Dunn worldco avait choisi. Enfoncé dans son fauteuil de cuir, l'ingénieur-conseil observait avec un sourire d'estime et de sympathie les bouillants candidats à la réussite rassemblés autour de lui. Car seule la réussite donnait un sens à l'existence.
— « …magnifique victoire remportée par les gestionnaires honnêtes et les techniciens intelligents sur les politiciens corrompus ! » disait quelqu'un.
Igor hocha la tête. Il se souvenait de cette phrase. Une belle phrase, digne des grandes actions du passé.
— « Bien entendu, » précisa Jacques Langlais-Laville, avec ce cynisme bon enfant qui a toujours caractérisé les dirigeants efficaces, « en chargeant le cabinet Langlais-Laville de vos intérêts passés, présents et à venir, vous mettez tous les atouts dans votre jeu. Il ne vous restera plus que le plaisir de l'aventure… sans les risques ! ».
À quarante-neuf ans, Igor Gilbert, spécialiste de ces sciences que les méchants appelaient “inhumaines”, commençait à se demander s'il jouerait longtemps le jeu, ce jeu qu'il connaissait bien, qu'il avait trop souvent joué… Bien sûr, dans ce monde rêvé par les I.C.T. (Ingénieurs, cadres et techniciens), n'importe quel homme courageux et enthousiaste pouvait réussir à n'importe quel âge. Le socialisme, gâcheur d'hommes et de chances, n'était plus qu'un mauvais souvenir. Mais… Igor n'était plus tout à fait certain d'être encore un homme courageux, intelligent et enthousiaste.
Si j'étais courageux, se dit-il distraitement, et si j'étais intelligent, et si j'étais enthousiaste, qu'est-ce que je ferais au juste ?
Deux garçons blonds, longilignes, encadraient Igor. Peut-être étaient-ils frères — ils avaient un air de famille. Ils se regardaient d'un air confiant par-dessus la tête d'Igor. Peut-être étaient-ils des réfugiés du Nord : le socialisme et ses dérivés sévissaient encore en Hollande et dans les pays scandinaves. En tout cas, ils semblaient sûrs de leur force, de leur jeunesse, de leur courage. Ils avaient de bonnes figures propres d'I.C.T. lavées au vrai savon et rasées avec des lames neuves. Cela en était presque suspect. Pourvu que ces types ne soient pas des espions !
Machinalement, il fourra dans sa poche le tube d'aspirine qu'il faisait rouler entre ses doigts. On ne sait jamais…
Puis il lutta contre le pessimisme qui l'envahissait. Jaloux, mon vieux ? Grâce à Dunn Worldco, tous les espoirs étaient permis à ces jeunes garçons sympathiques et fougueux. Igor sentait une vague nostalgie l'envahir. Un monde clair, propre et libre. L'avenir est à nous, c'est-à-dire à eux. Mais…
« Mes chers amis et futurs collaborateurs, » dit Jacques Langlais-Laville, « nous allons terminer sur une note d'humour, comme il se doit ! ».
Une fille brune, placée devant Igor, étouffa un gloussement de doute et fit semblant de fouiller dans son sac en toile de jute. Allons, ce n'est pas le moment de douter ! Cette idiote était capable de saboter le meilleur moment de la séance…
« Je vais vous montrer une offre d'emploi de la société Dunn & de Hamilton, branche américaine de la Dunn Worldco. » reprit l'ingénieur-conseil. « Personnellement, je considère toujours cette annonce comme un chef-d'œuvre d'intelligence et d'astuce, bien qu'elle soit vieille de près d'un quart de siècle. Elle vous en apprendra plus que tous les discours sur nos puissants protecteurs américains… Inutile de vous présenter Dunn et de Hamilton. Vous savez que sir Oswald de Hamilton est un membre fondateur de la World Trade League qui a remplacé l'Onu. Je dois ajouter à titre purement anecdotique que j'ai eu l'honneur de le rencontrer à Miami il y a dix-neuf… le mois dernier exactement… et que j'ai pu lui parler, euh, près de cinq minutes. Sir Oswald de Hamilton en personne ! Et voici la projection. »
Jacques Langlais-Laville se leva de son siège, se pencha pour vérifier que le pied déficient de sa table de conférencier était bien calé, puis il s'affaira sur un clavier posé à même le plancher pour plus de commodité. Il enclencha une touche ou deux. Il y eut un claquement sec, un ronronnement. Un écran s'illumina devant les candidats qui applaudirent vigoureusement.
Jacques Langlais-Laville se retourna, se pencha encore sous la table pour faire semblant de manœuvrer un magnétophone. Ce fut comme un signal de détente. Les applaudissements devinrent encore plus forts. De grands rires joyeux fusèrent de toutes parts.
Un voisin d'Igor sortit de sa poche deux piles rondes, les posa ostensiblement devant lui et s'assura que les autres l'observaient. Igor essaya de voir la marque des piles mais n'y parvint pas.
… Autrefois, le cabinet Langlais-Laville se trouvait à proximité des Champs-Élysées. Des fenêtres, on apercevait le Rond-Point. On voyait glisser dans le cœur même de Paris de splendides véhicules silencieux et propres qui… Tel était le paradis souhaité, rêvé, voulu par les I.C.T. Mais…
Igor ouvrit discrètement son tube d'aspirine et compta les comprimés qui restaient. C'était un médicament récent, d'origine africaine, donc très cher. Il avait encore quatre comprimés et demie. Il le savait bien mais, la nuit précédente, il avait rêvé que le tube était plein. Quel drôle de rêve ! Il regarda de nouveau l'écran qui occupait la moitié du mur. Une offre d'emploi de la Dunn & de Hamilton Cº, Aerospace Division, Culver City, South California, s'inscrivait sur la partie inférieure de l'image. Dans ce texte, Dunn & de Hamilton demandait des spécialistes et des ingénieurs de diverses branches. Sept dessins s'étalaient sur la partie supérieure. C'était une page de revue agrandie quarante ou cinquante fois. On projetait ensuite les dessins un par un. Ils représentaient tous le même personnage : un jeune ingénieur avec sa pipe et une mèche rebelle sur le front. L'image parfaite, et même un peu idéalisée, d'un I.C.T. d'avenir.
Et voici le premier dessin. L'homme réfléchit, la main droite enfoncée dans la poche de sa veste, serrant sa pipe dans sa main gauche. On comprend qu'il se prépare à rencontrer son directeur et qu'il vit la scène par avance : So, Hersheimer comes in and I tell him I'm quitting! (Alors, Hersheimer entre et je lui annonce que je m'en vais…)
Dans le deuxième dessin, l'ingénieur bourre sa pipe, la tête baissée. On comprend qu'il essaie d'imaginer la réponse d'Hersheimer. Légende : Il me dit : « Pourquoi ? Vous gagnez autant que Swenson et Lucas ! ».
Troisième dessin : l'ingénieur continue de jouer la scène. Il brandit sa pipe d'un geste digne et un peu méprisant. Il imagine alors sa propre réponse : L'argent ! Qu'est-ce que c'est, l'argent ? Vous, les hommes d'affaires, vous ne comprenez pas ce qui se passe dans la tête d'un ingénieur !
Là, une connivence discrète s'établit entre Jacques Langlais-Laville et ses invités, car les I.C.T. d'aujourd'hui savent bien que les hommes d'affaires modernes n'ignorent rien de ce qui peut se passer dans la tête d'un ingénieur. Nostalgie d'un passé qui a peut-être été l'Âge d'or…
On projette maintenant le dessin suivant. La pipe à la bouche, un coude dans sa main et les yeux au ciel, notre ingénieur rêve. Ou il fait semblant. C'est le jeu. Pensez donc, un jour il y aura quelque chose de mon œuvre sur Jupiter !
Sur Jupiter ? Tiens donc. Que vient faire Jupiter dans cette histoire ? Tout le monde feint la surprise. Heureux homme. Mais nous aussi, nous avons notre Pope Joan Project. Même si nous n'avons pas l'intention d'aller jusqu'à Jupiter…
Depuis quelques minutes, Igor se sentait déprimé. Il ne croyait plus qu'à moitié à son scénario.
On passa très vite sur le cinquième dessin, qui était endommagé. Le sixième montrait le héros en train de fouiller sa poche en ricanant. Ah ! plus de compte-temps pour cuire les œufs ! Je jouerai un rôle. Je ferai quelque chose d'important. Je travaillerai pour la conquête de l'espace ! Et, un jour, l'Homme ira jusqu'aux étoiles !
Les I.C.T. souriaient. Bien sûr, c'était beau. Aspirine, piles et étoiles : les trois variables d'une équation émouvante.
Enfin, le septième dessin. Une main dans la poche de sa veste, le héros allume sa pipe d'un air satisfait — qui ne le serait pas, à sa place ? — et conclut avec un sourire malin : En outre, Dunn & de Hamilton est plus près de la plage !
Plus près de la plage… Qui ne voudrait pas se rapprocher de la plage ? Mais aujourd'hui, c'est à la portée de tout le monde. Dommage que les aspirines soient devenues si rares et si chères…
Il y eut dans la salle quelques rires étouffés, quelques signes discrets d'approbation et de complicité. Igor se demanda si l'approbation et la complicité s'adressaient au film qu'on venait de projeter ou à sa propre réflexion. Mais non : il ne l'avait pas prononcée à haute voix. Mais il savait que tous les I.C.T. s'inquiétaient beaucoup de la raréfaction des médicaments. Il n'y a pas de bonheur parfait.
Jacques Langlais-Laville raidit sa silhouette de Britannique pour reprendre une attitude plus officielle.
« Voyez, Mesdames, Messieurs, il n'est plus nécessaire d'aller en Californie pour goûter au nouveau mode de vie américain. Dunn Worldco a répandu dans le monde entier l'American way of life, son humour, son imagination, son efficacité. Oui, son humour et son imagination. Ce n'est pas rien… On peut très bien concevoir un centre de recherches Dunn travaillant au projet des Nains blancs, notre Pope Joan Project, sur la plage la plus proche, à moins de… Oh, qu'importe le nombre de kilomètres. Dunn Worldco n'est jamais loin de la plage ! »
La conclusion flottait un peu. Jacques Langlais-Laville avait quelques problèmes d'intendance et il était, lui aussi, un peu déprimé. Mais Igor admirait cependant sa maîtrise. Contrairement à ce qu'on pensait autrefois, le software, c'est-à-dire la pensée humaine, le savoir-faire technique, s'usait moins vite que le hardware, la quincaillerie, le matériel. Dommage ! Dommage !
L'ingénieur-conseil boutonna d'un geste machinal son veston gris, d'une sobre élégance, puis son sourire s'effaça.
« Mesdames, Messieurs, je vous remercie et je vous rends votre liberté. Je souhaite un bon voyage à ceux qui partent et un bon week-end à ceux qui restent. L'avenir est à vous, à vous tous, et vous n'avez qu'un mot à dire ! »
Eh bien, un mot à dire — mais quel mot ? Igor réfléchit à la question. C'était important. Cela méritait réflexion. Il ne fallait pas rompre le charme. Et pourtant, le moment était venu de regarder la vérité en face.
Les candidats se levèrent, alertes et décidés. Maintenant, ils allaient y penser.
Ils allaient y penser. Longuement. Y rêver la nuit prochaine. Faites de beaux rêves, I.C.T., mes frères !
Quatre aspirines et demie, se dit Igor. Pas assez pour faire un échange. Dommage. Une pile m'aurait bien rendu service. Quatre aspirines et demie. Même pas suffisant pour une rage de dents ou une crise de sinusite !
Dans le couloir, comme il se préparait à sortir avec les autres, ou à faire semblant, Jacques Langlais-Laville lui posa la main sur l'épaule pour le retenir.
« M. Gilbert, si vous voulez bien m'accorder un petit entretien ? Je crois que j'ai quelque chose pour vous ! »
Le rite, le dernier rite de la séance. La cérémonie s'achevait, une fois de plus. Pourvu que ça dure ! Un peu triste, Igor suivit son copain Jack derrière le baraquement. Le cinéma était fini et il fallait de nouveau affronter la réalité. La réalité réelle… que les I.C.T. n'avaient pas voulue — mais qu'ils avaient contribué à réaliser.
Le cinéma était fini pour ce jour-là. Espérons, pensa Igor, qu'il ne l'est pas pour toujours.
Le projecteur de Jack donnait des signes de fatigue : il chuintait bizarrement après deux ou trois minutes de marche, et des barres grises brouillaient maintenant l'image. Il aurait fallu un spécialiste pour le réparer. Et encore… Quant aux piles, elles se faisaient rares. Presque aussi rares que les médicaments. L'approvisionnement, de toute façon, c'était l'affaire d'Igor, et il se chargerait de trouver des piles encore un bon bout de temps.
« Fais-moi confiance ! » dit-il.
Jack haussa les épaules et enleva d'un geste sec le chiffon graisseux qui lui servait de cravate. Il l'accrocha à un clou, près du garde-manger. Sous le toit de tôle du hangar, la chaleur était étouffante. La faute au CO2.
L'augmentation de la teneur en gaz carbonique de l'atmosphère, depuis un quart de siècle, valait à l'Europe un climat tropical jusqu'aux Ardennes. Encore heureux qu'il ait fait beau !
Cela non plus, les I.C.T. ne l'avaient pas voulu. C'était arrivé quand même. On pouvait toujours rêver à l'air conditionné…
Une mouche grésillait autour d'un paquet sanguinolent, posé sur un rayonnage.
« Qu'est-ce que c'est comme barbaque ? » demande Igor.
— « Ben, c'est du chat. » répondit Jack. « Et pas trop frais, encore ! Mais salement gras ! Et il y a moins d'os que dans le rat. C'est le gros Allemand qui l'a laissé avec une demi-bouteille de bière, pour payer deux séances… Un type bien. » ajouta l'ex-ingénieur-conseil en promenant la langue sur les croûtes qui suppuraient à la commissure de ses lèvres. « Enfin, ce qu'on appelait un type bien dans le temps. Un ancien de Nerek et Frobacher… »
Nerek et Frobacher, ah, ah ! Combien d'années que ça n'existait plus, ce machin-là ? Il fallait bien vivre dans ce monde que les I.C.T. n'avaient pas voulu !
Jack enleva avec précaution sa veste aux boutons arrachés, aux poignets effrangés et au col noir de crasse. Il la rangea soigneusement dans une caisse. Igor lui tendit la sienne qui suivit le même chemin. Ces vêtements des anciens temps étaient maintenant tout à fait inutiles et infiniment précieux. Sans veste ni cravate, qui donc aurait pu s'imaginer qu'il était encore un I.C.T., un homme puissant et efficace ?
— « Notre racket…
— Ouais ? » fit Jack.
— « Je reconnais que c'est pas mal. Enfin, tu trouves pas que c'est un truc pour exploiter la connerie humaine jusqu'à l'os ?
— Ouais… Et avant, qu'est-ce que tu exploitais au juste ?
— N'en parlons plus. » dit Igor. « J'ai eu deux piles.
— Très bien. Moi, j’ai quelque chose qui va t'intéresser. » dit Jack d'un air mystérieux. « Vraiment… J'ai vu un type !
— Moi aussi, j'ai vu des types. Qu'est-ce qu'il a de particulier, le tien ?
— La couleur de sa peau !
— Tu vas pas me dire…
— Si ! Premièrement, il m'a filé un tube de super-kalmine. Deuxièmement, il m'a montré un sac plein de papier-cul et de boîtes de sardines…
— Non de Dieu ! Juste ce que je cherche ! »
Jack se rengorgea : « Mais c'est pas tout ! ».
Il esquissa le geste de fouiller ses poches. Haussant les épaules, il dit avec un étrange sourire : « Je l'ai rangée. C'est une coupure de journal.
— Une coupure de journal ?
— Ouais… Et devine la date ?
— Avant-hier ?
— Non, quand même. Lundi de la semaine dernière ou quelque chose comme ça. Mais tu sais pas ce qu'il y a sur cette coupure ?
— Non ! »
Jack hésitait bizarrement.
« Mais enfin, parle ! » gronda Igor.
— « Une offre d'emploi, mon vieux ! Ça te dirait de partir ? »
L'ex-ingénieur-conseil entreprit de déboucher la bouteille de bière apportée par l'Allemand. Ils burent quelques gorgées au goulot, chacun son tour.
« Le type est un Noir. » dit Jack. « Il arrive de Patrice-Lumumba, Africa I. Comme tu sais, Africa I est la capitale des U.S.A. United States of Africa ! » ajouta-t-il avec emphase. Il recrute des I.C.T. Je veux dire : il recrute pour de bon…
— Quoi ? » hurla Igor. « C'est pas une… une…
— Pour de bon, je te dis ! Africa I ! Des ingénieurs, des cadres, des techniciens… comme nous ! Comme avant ! »
Il se calma soudain. Son regard s'éclaira. Il dit en souriant : « Je crois que je vais laisser tomber ce racket minable. J'aurais préféré rester à mon compte mais il paraît que ça marche fort pour les I.C.T. en Afrique… Tu connaîtrais pas une nana qui pourrait repriser ma veste ? ».