Keep Watching the Skies! nº 15, octobre 1995
Robert Silverberg : les Montagnes de Majipoor
(the Mountains of Majipoor)
roman de Fantasy ~ chroniqué par Éric Vial
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Tout le monde a le droit de vouloir payer ses impôts. Les écrivains et les directeurs de collection aussi. Si cela a pour conséquence des romans agréables à lire, tant mieux. Silverberg envoie un principaillon majipoorien quelque peu snobinard dans un Grand Nord largement esquimaud, récupérer une mission scientifique prisonnière de la population locale. L'auteur confronte le courtisan à icelle population, chef de tribu et fille du chef de tribu. Il ajoute quelques non-humains, costauds multibras ou traducteur changeforme ou métamorphe trop malin pour ne pas être soupçonné d'être fourbe. Et même des changeformes sauvages. Mais il n'en fait pas grand chose.
Et en dehors des relations entre le personnage principal et la fille du chef, on aurait pu retrouver tout celà sous les couvertures de la Bibliothèque Verte, il y a près d'un demi-siècle, quand les auteurs s'appelaient James-Olivier Curwood, Mayne Reid ou Jack London. Des références qui ne sont en aucune façon infâmantes. Bref ce n'est pas tout à fait de la SF.
Cela n'a d'ailleurs absolument aucune espèce d'importance. Les fanas de Lord Valentin se sont sans doute déjà précipités sur ce volume comme diverses maladies sur le clergé bas-breton (ou le bas-clergé breton ?), ou comme les conneries dans le discours de nos chers ministres. Et on ne peut pas leur donner tort. Aux fanas, pas aux maladies au clergé ou aux ministres. Parce que l'histoire est impeccablement ficelée, remarquablement huilée (à la graisse de phoque, peut-être…), parce que ça fonctionne. Ici comme de l'autre côté de la mare aux harengs, ces fanas devraient assurer des ventes rentabilisant l'opération. Les autres peuvent attendre une réédition en poche, ou emprunter le volume à un copain, sachant que le voler serait moralement indéfendable.
Notes
››› Voir autre chronique du même livre dans KWS 15.