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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 17 le Chineur de l'espace

Keep Watching the Skies! nº 17, février 1996

P.-J. Hérault : le Chineur de l'espace

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Jean-Louis Trudel

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Le nouveau roman de P. -J. Hérault chez le Fleuve noir, le Chineur de l'espace, démontre qu'il est toujours possible de redonner un peu de fraîcheur aux thèmes traditionnels. C'est l'histoire d'une amitié entre un humain naufragé sur une planète déserte et une plante d'une prodigieuse intelligence et cette trame n'a rien de bien neuf en soi ; je me souviens, entre autres, d'une nouvelle désopilante de Keith Laumer, mettant en vedette son héros favori, Retief.

Toutefois, même si la vraisemblance technoscientifique en prend un coup (je mentionnerai, à titre d'exemple, l'étrange conviction de l'auteur et des personnages que les métaux sont très riches en “protons et ions” et que ces deux dernières espèces sont rigoureusement distinctes et essentiellement différentes), le personnage de Glen, le naufragé, est très sympathique. Ce pauvre mec qui exerçait le métier de chasseur d'épaves en compagnie d'un ami tué lors de l'écrasement sur une planète inconnue démontre une belle ouverture d'esprit quand il commence à communiquer, par ordinateur interposé, avec une plante indigène intelligente. De même, la naïveté et la candeur de Psoré — la plante qui apprend vite et bien en nettoyant les mémoires des ordinateurs à sa disposition — conquièrent aisément l'affection du lecteur.

Glen a retrouvé, sur cette planète déserte, l'épave d'un vaisseau d'exploration perdu depuis des années. Avec l'aide de Psoré, il parviendra à regagner la civilisation et à s'enrichir en vendant au plus offrant les reliques de l'antique épave. Mais au contact de la civilisation humaine, Psoré, qui ne cherche qu'à apprendre et qui dissimule son existence sur les instances de Glen, misanthrope convaincu, apprend la peur. Lors d'un subséquent voyage, elle connaîtra le sort qu'elle avait prévu…

Pourquoi ce texte fonctionne-t-il ? Je pense que c'est dû au moins en partie à l'entrain de la narration. Hérault place dans les bouches de ses personnages une langue familière, parfois très familière, qui nous les rend plus proches et plus humains. Les aventures de Glen se terminent bien, en général, sans avoir à faire appel à de grandes confrontations guerrières ou mystiques avec des puissances d'outre-monde. Par rapport à soi-même et à l'espèce humaine, Glen fait preuve d'une humilité rafraîchissante, tandis que c'est Psoré, la plante, qui fait l'éloge de l'espèce humaine dont elle vient de faire la connaissance en la personne de Glen (du moins, jusqu'au moment où elle rencontre d'autres humains que Glen). De plus, même si Hérault manie de façon assez désinvolte la quincaillerie spatiale des astronefs décrits, il reste en général conséquent et il a la sagesse de ne pas se lancer dans des explications inutiles.

Bref, c'est un petit roman, dans la bonne moyenne du FNA, où on ne s'ennuie pas et qui est même touchant par moments.