Keep Watching the Skies! nº 21-22, septembre 1996
Pascal Françaix : Laide Mémoire
roman fantastique ~ chroniqué par Noé Gaillard
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Cette nouvelle collection "Poche revolver Fantastique" est dirigée chez Florent-Massot par Jean Rollin, qui avait lancé "Frayeur" au Fleuve noir, et signale en quatrième de couverture que l'auteur a un style « beau, somptueux même » et a déjà publié deux romans au FN. De quoi vous allécher ? L'excès incite à la m éfiance.
La brume tenace et épaisse a envahi le petit village minier d'Atticourt. Un vieux fou prétend qu'elle emporte les enfants, c'est ainsi que 22 ans plus tôt son ami Paul a disparu. Cette fois-ci elle emporte François (14 ans) parti avec son ami à la chasse au Snark ( !?).
François, devenu “fantôme”, retrouve Paul et trois autres enfants orphelins, morts dans un éboulement de la mine et laissés sans sépulture, qui veulent se venger et torturent les vivants. Le maire, inquiet, fait venir le sorcier du village, qui lui parle du mythe de la Terre Creuse et du “Pénitent” chargé d'embrigader les hommes au service des Maîtres du haut… Le Pénitent récupérera les corps et âmes des trois orphelins, Paul voudra les rejoindre et François retournera au monde normal… Avez-vous compris ? Si oui, j'ai été plus clair que l'auteur ou mieux, moins confus.
Ce roman ressemble à un premier roman fourre-tout, autant sur le plan des “idées” (références “obligées” à Seignolle, Ray et Owen) que sur le plan du style — certaines images ne sont ni crédibles, ni évocatrices — qui confond richesse et pompe du vocabulaire (“somptueux” ?) et la capacité d'évocation.
En fait il s'agit d'un fantastique décrit et non donné à sentir, à subir. Un fantastique figé qui croit que raconter ce que racontent les auteurs marquants suffit à émouvoir. De plus des incohérences de temps, de style, de situations, viennent noyer le lecteur sous un flot de questions qui l'empêchent d'apprécier ce qu'il n'a pas reconnu comme emprunté. Il est difficile de croire à l'histoire et encore plus d'éprouver ce que les personnages sont censés ressentir.
C'est bien dommage, car le point de départ — pas la brume, le fait que des enfants orphelins aient travaillé dans la mine, y soient morts et abandonnés sans sépulture — était intéressant, et aurait pu donner lieu à des développements plus adaptés à ce beau titre, touchant à la notion de remords ou de faute… et autrement plus angoissants…