Keep Watching the Skies! nº 23, avril 1997
Dafydd Ab Hugh & Brad Linaweaver : Doom – Dans les macchabées jusqu'au cou
(Doom – Knee deep in the dead)
roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Philippe Paygnard
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Pensant être le dernier survivant de la Compagnie Fox, 15e Régiment d'Infanterie légère du Corps des Marines des États-Unis, le caporal Flynn “Fly” Taggart, affronte, sur Phobos, l'un des satellites naturels martiens, un ennemi inconnu. Prenant la forme de créatures monstrueuses que l'on croirait issues du plus profond des enfers, cet envahisseur extraterrestre semble n'obéir à aucune logique. À lui seul, Fly ne se sent pas de taille pour le vaincre. Mais, avec l'aide d'Arlene Sanders, éclaireur de choc de la compagnie Fox, il se sent capable de venir à bout de toute une armée de monstres et, accessoirement, de sauver la Terre.
Voici, résumée en quelques lignes, l'intrigue de ce roman de Science-Fiction publié par le Fleuve Noir qui inaugure la toute nouvelle collection "Virtuel space". Si la thématique de cet ouvrage parait des plus simplistes : un baroudeur de l'espace et une succession de combats sanglants, l'explication en est très simple. En effet, comme indiqué sur la couverture, ce roman s'inspire d'un jeu, jeu vidéo pour être précis. Doom – Dans les macchabées jusqu'au cou est donc l'adaptation “littéraire” du fameux jeu d'Id Software, Inc. : DOOM™. Et, comme il s'agit d'un shoot them up, l'idée de base de ce jeu vidéo est elle-même relativement simple. Le joueur incarne un courageux Marine de l'espace qui affronte, tout au long d'une trentaine de niveaux successifs, des zombies et des monstres belliqueux. L'une des principales caractéristiques de DOOM™ reste son goût prononcé pour les pixels de couleur rouge sang et les effets gore tant sonores que visuels.
Il est donc naturel qu'un roman s'inspirant d'un tel jeu n'ait pas la profondeur philosophique de certains grands romans d'anticipation. On doit cependant remarquer que les auteurs de Dans les macchab ées jusqu'au cou ont doté leur personnage d'une ébauche de caractère qui s'éloigne un peu de l'image du guerrier sans peur et sans reproche du jeu. Dafydd Ab Hugh et Brad Linaweaver ont ainsi donné un nom au soldat anonyme de DOOM™. Les deux auteurs ont également ajouté quelques personnages humains à l'infernale galerie de monstres du jeu. Le Marine Fly Taggart est ainsi aidé, le temps de quelques pages à peine, par un certain Bill Ritch, ultime civil survivant qui n'échappe à la mort entre les pattes d'une terrifiante araignée mécanisée que pour mourir atrocement brûlé par les boules de feu d'un Imp, une espèce d'ogre cracheur de feu. Mais surtout, Dafydd Ab Hugh et Brad Linaweaver ont introduit dans l'univers éminemment machiste de DOOM™ un élément féminin, le Marine Arlene Sanders, dont l'efficacité guerrière donne un tout autre sens à l'expression “femme fatale”.
Malgré quelques infidélités mineures, le roman reste extrêmement proche de l'univers guerrier et sanglant du jeu vidéo. Il semble d'ailleurs que ce genre d'adaptations ait tendance à se multiplier puisqu'un 7th Guest a déjà vu le jour au Fleuve Noir et qu'un Myst (écrit par les créateurs mêmes du jeu) est sorti chez J'ai lu.
Le problème essentiel de ce type de littérature reste de savoir quel est le public cible d'un tel ouvrage.
Ne contenant aucun code, ni aucun secret, ce livre risque fort de décevoir les joueurs invétérés à la recherche de soluces. Il est à craindre qu'ils abandonnent ce livre bien réel pour retourner rapidement vers des consoles de jeu débordant d'action virtuelle.
Et, au-delà d'une curiosité première toute légitime, le réel manque de profondeur de l'univers DOOM™-iesque risque fort d'empêcher les amateurs de Science-Fiction de s'intéresser plus avant aux exploits guerriers du caporal Flynn Taggart.
