Keep Watching the Skies! nº 26, novembre 1997
Richard Canal : les Paradis piégés
roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard
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« La vida es un sueño » assure Calderon, et Goya montre quelque part les monstres qui naissent de l'imagination… Les Paradis piégés sont pour moi l'illustration de ces deux façons de voir.
Imaginez un vase clos nourri des senteurs et des couleurs d'un éternel automne, et des humains vivants bien protégés dans ce micro-univers immobile. Ces humains peuvent se promener dans des mondes virtuels. David Thyriann, frère de Cham, Noé et Joanna, et héros du roman, découvre les univers virtuels et cherche, ainsi que son père le recommande, le moyen de détruire ceux qui sont négatifs. D'un Casablanca mis en scène par Huston à Alice de Disney revisité par Tex Avery en passant Bergen Belsen en hiver, il découvre l'usage de la drogue qui permet de revenir au point de départ et conserve des bribes de mémoires des personnages virtuels qu'il incarne à chacun de ses voyages. Il rencontre aussi l'amour en la personne de Leni. S.-F. certes, mais aussi plaisir de l'auteur à décrire des univers composites.
Mais David découvre que son père est le créateur de ces mondes virtuels, et responsable de la disparition de sa mère. Il s'enfuit, retrouve sa mère, revient tuer son père… vous l'aurez deviné, et peut-être aussi que sa réalité va se transformer. Et David devra y faire face, et prendre ses responsabilités de rêveur de mondes.
Univers sombre à la mesure de l'auteur démiurge (David Canal) qui semble concentrer ici toute la noirceur, l'entropie de ses précédents récits. L'écriture relève comme d'habitude du travail d'orfèvre. Donc si je résume : la vie rêvée dans la solitude est grise, noire et monstrueuse, la vie rêvée sous l'emprise de l'amour peut être heureuse et lumineuse… tant que vit le rêveur… Une belle leçon d'optimisme, non ?
Notes
››› Voir autre chronique du même livre dans KWS 26.