Keep Watching the Skies! nº 44, août 2002
Thomas Day [Gilles Dumay] : Resident evil
roman fantastique ~ chroniqué par Philippe Paygnard
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En ce début d'année 2002, l'actualité de Thomas Day est donc plutôt chargée. Outre la collaboration S.-F. l'École des assassins et le roman steampunk l'Instinct de l'équarrisseur, voici son premier essai de novellisation : Resident evil.
Avant de parler du livre, il faut bien évidemment dire un mot du film dont il devrait être le reflet fidèle. Mis en scène par Paul W.S. Anderson, Resident evil est lui-même l'adaptation du jeu vidéo homonyme développé en 1996 par Capcom. Bien connue des amateurs de jeux vidéo, cette société nippone a également créé des hits d'arcade ou de consoles tels que Megaman, Dino Crisis, Devil May Cry ou Streetfighter (le jeu, pas le nanar avec Jean-Claude Van Damme). Dans sa catégorie, Resident Evil est un véritable phénomène vidéoludique. Son succès a généré trois suites directes et deux variations, contribuant à la naissance d'un genre à part entière le “Survival Horror” [1] .
Avec Resident Evil, premier du nom, le joueur incarne un officier d'élite de la police de Raccoon City et doit affronter les créatures nées des expériences ratées d'une mystérieuse multinationale pharmaceutique, Umbrella. Coincé dans un manoir lugubre au milieu d'une nuit qui pourrait bien être sans fin, le joueur combat, par l'intermédiaire de son personnage, des hordes de zombies, des chiens de l'enfer, des chauves-souris mortellement agressives et des créatures plus monstrueuses encore engendrées par le terrifiant Virus T d'Umbrella. De tout cela, on ne retrouve pas grand-chose dans le film de Paul W. S. Anderson qui ne fait que s'inspirer librement de ce jeu vidéo, n'en utilisant que la thématique, sans reprendre aucun des personnages charismatiques du jeu. On ne retrouve donc ni Chris Redfield, ni Jill Valentine, ni aucun autre membre de l'équipe Alpha de l'unité S.T.A.R.S. de la police de Raccoon City [2] .
En adaptant cette adaptation, Thomas Day se livre à un exercice plus délicat que n'importe quelle autre novellisation. Il se doit de respecter au mieux le film sans pour autant négliger le jeu vidéo qui reste la source d'inspiration de l'ensemble. Je crois qu'on peut dire qu'il s'est plutôt bien sorti de ce guêpier. Il retranscrit fort bien les quelques clins d'œil que le film fait au jeu vidéo. En insistant, sans avoir l'air d'y toucher, sur le besoin de trouver une clé, une arme ou des munitions, il rappelle au lecteur quelques-uns des besoins essentiels du joueur piégé par Resident Evil.
Mais ce Resident evil reste une novellisation et si le romancier ne peut pas décrire les scènes filmées à la Matrix, les faisceaux laser meurtriers empruntés à Cube ou les attaques massives de morts-vivants empruntées à George Romero, les références cinématographiques se trouvent dans le nom de quelques personnages secondaires : Dick Maas, Clarence G. Bodicker…
Visiblement écrit dans l'urgence, comme le confirme Thomas Day dans ses remerciements, pour que les sorties livre et cinéma coïncident au mieux, cette novellisation n'a évidemment pas la construction rigoureuse d'un Rêves de guerre ou d'un Instinct de l'équarrisseur, mais cela convient fort bien à l'adaptation d'un film d'action tel que Resident evil.
Suivant pas à pas la trame tissée par Paul W.S. Anderson, la novellisation est certainement plus fidèle au long-métrage que ce dernier ne l'a été au jeu vidéo. Mission totalement réussie pour Thomas Day qui, en signant cette novellisation, s'est totalement mis au service de l'adaptation du film d'Anderson. Un bref instant, on n'oublierait presque ses œuvres plus personnelles, ne serait-ce que le récent Instinct de l'équarrisseur, qui mérite pourtant le détour et même plus.
Notes
[1] Si le terme de “Survival Horror” est né en même temps que Resident evil, le véritable précurseur de ce genre reste sans conteste Alone in the dark de Frédérick Raynal et Infogrames, en 1992.
[2] On peut cependant retrouver Chris Redfield, Jill Valentine et toute l'équipe S.T.A.R.S. dans la série de romans écrits par S. D. Perry que le Fleuve noir publie fort à propos.
››› Voir autre chronique du même livre dans KWS 43.