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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 48 Contes de Terremer

Keep Watching the Skies! nº 48, janvier 2004

Ursula K. Le Guin : Contes de Terremer

(Tales from Earthsea)

recueil de Fantasy ~ chroniqué par Noé Gaillard

 Détail bibliographique dans la base de données exliibris.

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Cinq textes et une "Description de Terremer" précédés d'un avant-propos de l'auteur composent ce livre. Ursula Le Guin explique avoir eu l'impression de lacunes dans le monde de Terremer et s'être appliquée à les combler. Si l'on s'en tient à l'auteur, il s'agirait de simples récits explicatifs, permettant de comprendre des points de ce monde restés obscurs ou incomplets.

Les contes sont censés nourrir l'imagination de ceux qui les lisent ou les écoutent au point de leur faire trouver, admettre et croire certaines situations qui explicitent le monde et l'auteur propose, aux gens de Terremer, des situations qui nous expliquent, à nous, le monde de Terremer. Je suppose cette ambivalence à l'origine du style adopté pour les écrire. Style que je qualifierais d'oral-écrit pour avoir eu l'impression que l'absence de narrateur déclaré faisait de ces contes des textes qui se seraient constitués au fil du temps et de différents conteurs et qu'enfin quelqu'un prendrait la peine de les fixer tout en conservant des tournures orales figées par l'usage… Je pense que la facilité de lecture est aussi due à une forme de traduction qui s'applique aussi bien au fond qu'à la meilleure forme pour en rendre compte. Un peu comme si le traducteur se faisait écrivain sur le même livre.

Quant au contenu, je laisse à chaque admirateur de l'auteur le soin de vérifier s'il comble ses attentes d'explicitation ; je me bornerai pour ma part à le considérer comme racontant le retour de la magie collective au détriment d'une magie individuelle et égoïste. Tous les héros et héroïnes ont ici une très forte individualité, un grand pouvoir difficile à maîtriser et ils apprennent la vie par son côté souffrance (soit directement la leur, soit celle de ceux qu'ils aiment). Il leur faut donc choisir comment utiliser leur pouvoir…

On sait que dans tous les contes édifiants par principe c'est toujours le Bien qui triomphe, ainsi ces textes n'offrent pas de surprises, excepté si on cherche les biais. Je veux parler des éléments de décor, de société, de mœurs qui les sous-tendent… Ces petits riens glissés presque insidieusement qui nous attachent à ce monde. Et surtout le rôle des femmes dont on voit ici l'importance même dans les sociétés exclusivement masculines.

Je ne pense pas que ce livre soit le dernier consacré par l'auteur à son monde. Pourquoi ? Parce qu'il me semble que lorsqu'on éprouve du plaisir à raconter on recherche toujours l'étincelle de joie et/ou de compréhension dans l'œil de celui qui écoute. Et puis pourquoi ne pas laisser le soin à certains fans/écrivains/amateurs le soin de raconter d'autres contes — comme pour Ténébreuse ?

Pour me résumer tout en faisant simple, je dirai que ce livre représente pour moi le type parfait du bouquin faussement insignifiant : celui dont longtemps après on se souvient encore. Enrichissez votre mémoire…