Keep Watching the Skies! nº 49, juillet 2004
Éditorial : Demie vie
par Pascal J. Thomas
La demi-vie d'un élément radioactif, ce n'est pas la moitié du temps durant lequel il continue à émettre des particules : tant qu'il en restera, il sera radioactif, en proportion de la masse de l'élément présente. Comme chaque émission radioactive dégrade l'atome qui en est responsable, et que les émissions se font au hasard parmi les atomes qui composent la substance, on voit qu'au bout d'un temps donné, une proportion fixe de la quantité de matière initiale se sera dégradée. La demi-vie, c'est par définition le temps au bout duquel la moitié de l'échantillon se sera dégradée. Au bout de deux demi-vies, il reste donc quand même le quart (la moitié de la moitié) de l'échantillon de départ…
Comme un vulgaire matériau radioactif, KWS connaît une décroissance exponentielle de son activité, et après avoir jeté des feux plus ou moins brillants, semble ne plus émettre que deux fois par an, en moyenne. Ses collaborateurs ne sont pas à blâmer — quoique, Monsieur Vial, de Grenoble, vous auriez peut-être quelques explications à fournir au lecteur. Cela tient sans doute bien plus au fait que son rédacteur en chef ne dispose même plus de la moitié d'une vie. Je ne me plains plus de mes conditions de travail ; d'une part mes collègues l'ont fait avec talent dans le cadre du mouvement Sauvons La Recherche ! — et avec une réussite qui fait chaud au cœur —, d'autre part ce serait du plus mauvais goût à l'égard des travailleurs, disons, de la grande distribution, ou des centres d'appels téléphoniques, voire des ingénieurs du secteur privé qui pourraient nous lire [1] .
Mon mal est plus prosaïque. Les enfants. Trop d'engagement associatif (pouah !). Griller ses neurones au rock'n'roll. Vivre douze mois par an — et plus. Être le Plus Mauvais Organisateur du Monde. KWS continue à sortir, mais quand mon âge croîtra plus vite que le compteur des numéros de KWS, faudra s'inquiéter. Trouver des gens pour me remplacer. Qui sont peut-être déjà, quelque part, en train de faire les fanzines qu'il faut. Que je ne lis pas, faute de temps…
Notes
[1] Ça ne m'a pas empêché de le faire dans l'édito du dernier numéro, je note a posteriori. Donc, je radote. Mauvais signe.
