Keep Watching the Skies! nº 49, juillet 2004
Ayerdhal : l'Œil du Spad
roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard
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J'aime bien Ayerdhal, le personnage autant que l'audace de certaines de ses productions et c'est sans doute pour cela que je peux me permettre de lui reprocher un laisser-aller certain dans son écriture.
Je parle de relâchement de l'écriture, car parfois un mot grossier non justifié laisse entendre que l'auteur a dicté son roman et que la relecture en a été trop rapide, tout comme la correction d'épreuves qui oublie un “il lui sert la main” qui ne se situe pas chez les anthropophages.
Cybione, c'est celle qui renaît chaque fois que l'on a besoin d'elle, celle qui tente d'échapper à la mort que les spad(assins) envoyés à ses trousses doivent lui infliger. Elle, c'est celle qui fomente, organise les révolutions qui permettent d'instaurer les régimes démocratiques que son employeur assure et garantit. Lui, le Spad, la connaît pour l'avoir rencontrée dans un épisode précédent et il l'aime… mais il doit la tuer. Ils mènent à bien leurs missions à grand renfort de grimeur, de recherche informatique et de violence parfaitement dosée et orchestrée. Nous touchons là à un des points forts de l'auteur — déjà présent dans ses premiers romans —, l'art d'émouvoir, l'art du “mélo” — ne lire dans cette expression aucune nuance péjorative, bien au contraire. Ayerdhal rend ses personnages attachants ; la séquence — à la Bergman, ou à la Fellini, si vous voulez — entre la Cybione et la mère de celle que tout le monde cherche est un modèle du genre. Mélange de théâtralité et d'affectivité. (Question : Ayerdhal a-t-il songé à écrire pour le théâtre ?)
Il reste à souhaiter que le Cybione 5 ne doive rien à une urgence et prenne le temps de raconter une histoire sans les ellipses… Pourquoi suis-je certain de pouvoir lire une Cybione 5 ? Parce que le spad a absorbé, grâce à un chamane, de quoi lui rendre la mémoire lorsqu'il la reverra… Ne ratez pas la fin et donc les prochains épisodes.