Keep Watching the Skies! nº 49, juillet 2004
Jean-Pierre Hubert : les Sonneurs noirs
roman de Science-Fiction pour la jeunesse ~ chroniqué par Noé Gaillard
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Doué d'un exceptionnel sens musical qui met en évidence l'aspect unificateur, empathique, convivial de la musique et en ce sens tout ce qu'elle peut avoir de subversif — on se souviendra que l'Église a longtemps interdit la musique comme art profane et que le bal était réservé aux sorcières —, Joz quitte sa campagne natale pour la ville et les travaux difficiles de déchargements. Ayant rendu service à une jeune fille de la haute société, il bénéficie d'une certaine protection, mais l'abandonne pour créer sa musique et se heurter aux “gardiens de l'ordre” qui n'apprécient guère ses capacités d'unification. Joz parviendra, malgré les brouillages et la surveillance exercés par l'État, à faire partager sa musique à celle qu'il aime et à fuir avec elle ceux qui veulent le tuer. Il découvrira un groupe de résistants au pouvoir et ensemble ils fomenteront une révolution victorieuse.
Gilles Servat évoque quelques situations qui traduisent l'effet révolutionnaire de la musique et de la danse. Mais s'il ajoute que la musique est « un art qui, dans sa composition, est contraire au désordre », c'est qu'il confond anarchisme et désordre. Chose, on s'en doute, que ne peut faire notre camarade Jean-Pierre. Ce dernier, il y a presque trente ans (1975), publiait un premier roman intitulé Planète à trois temps (réédité en 2000 mais peut-être difficile à trouver) qui déjà faisait de la musique une arme révolutionnaire… un outil de soulèvement, le levier tenu par Archimède dont le point d'appui serait la sensualité, l'imagination des individus.
Pour ces Sonneurs noirs [1] , j'imagine des professeurs de français, d'anglais, de musique et d'histoire travaillant autour des projets inspirés aux élèves par la lecture de l'œuvre. Imaginons ces Sonneurs comme un ferment et tendons l'oreille à ce qu'ils distillent.
Notes
[1] Signalons que le nom n'est peut-être pas une création d'Hubert puisqu'il traduit littéralement celui des Sonnerien Du, groupe qui, dans les années soixante-dix, a, comme Stivell et autres Tri Yann, dynamité le folk breton à coups de guitare électrique — NdlR.