Keep Watching the Skies! nº 51, septembre 2005
Kay Kenyon : le Sacre de glace
(Maximum ice)
roman de Science-Fiction
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Après deux cent cinquante ans de voyage, le vaisseau Star road revient sur Terre. Il se trouve confronté à un énorme problème, la planète est toujours là mais elle est recouverte de glace… D'une glace vivante vénérée par des “Nonnes de Glace” qui détiennent la technologie — donc le pouvoir — et organisent la vie des petites communautés souterraines qui subsistent, pendant qu'à la surface survivent les “sorciers des neiges”. Zoya Kundara, la “Mère vaisseau”, celle qui a guidé l'expédition — quasi immortelle grâce à la cryogénie — est envoyée sur Terre pour tâcher de comprendre le pourquoi de cette terre de glace. A bord du Star Road la révolte gronde et une mutinurie éclate, laissant Zoya seule face aux Nonnes et désireuse de découvrir le secret de la Glace. Si la rébellion progresse rapidement dans les coursives du Star Road c'est parce que, les femmes y étant stériles, un accord a été passé avec les Nonnes pour que celles qui le veulent puissent “acheter” un enfant.
La glace existe à cause de l'échec d'un plan initial et initié par des savants pour programmer l'immortalité. “Heureusement”, un programme ancestral d'auto-destruction demeure et l'un des sorciers des neiges — qui ne supporte pas de vivre ainsi — veut le mettre en œuvre. Zoya aidera la glace à vaincre ce programme en laissant son esprit s'intégrer/s'absorber en elle pendant que son corps est encore cryogénisé et exposé dans une grotte de cristal.
Vous pouvez facilement imaginer la suite et les meilleurs rapports entre vaisseau et Nonnes, entre terre et ciel, entre hommes et femmes…
Signe des temps, on peut avoir l'impression à lire ce Sacre de glace de dévorer un Fleuve Noir. Vous aurez compris que je veux parler des anciens, de ceux qui ont fait les beaux jours des lecteurs des années cinquante/soixante. On pourrait faire référence à la nostalgie des babyboomer et réfléchir à celle des jeunes auteurs nourris à l'“âge d'or” qui rêveraient d'égaler ou d'imiter quelque Sturgeon ou autres Blish et Bradbury. Mais au-delà du simple fait de l'“éternité” de certains thèmes (rapport immortalité/stérilité, matriarcat/patriarcat, glaciation et technologie) ce qui m'inquiète, me dérange un peu, c'est qu'à chaque traitement ils ne changent qu'à peine de décor et d'époque. Comme s'ils s'imposaient un mode d'écriture et que les nouveautés techniques (imaginez Blish et Sturgeon rédigeant sur Mac et correspondant sur le Net) ne permettent pas l'innovation, la trouvaille littéraire qui troublent le lecteur.
En tout cas vous voilà en présence d'une littérature confortable, de confort…
De celle dont on sort sans peine.