Keep Watching the Skies! nº 52, novembre 2005
Margaret Atwood : le Dernier homme
(Oryx and Crake)
roman de Science-Fiction
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« Anticipation, provocateur, attirant, imagination remarquable, émouvante, émaillée de poésie pure, pamphlet politique, conte prophétique, audacieux », tous ces mots ou expressions figurent en quatrième de couverture et on y chercherait vainement l'idée de Science-Fiction ou même d'extrapolation. Et pourtant… le Dernier homme présente sous forme de flashbacks comment l'homme en question en est arrivé à être le dernier. Depuis ses problèmes dûs aux mauvais rapports entre son père et sa mère, jusqu'au meurtre-suicide de son meilleur ami et de la maîtresse de celui-ci, qui était aussi la sienne, en passant par l'invention d'un langage et la participation à un grand jeu avec le réel pour inventer des choses et des gens, pour être le dieu des dieux.
D'un monde encore relativement “naturel” à un monde peuplé d'êtres génétiquement modifiés — au point par exemple que l'amour soit remplacé par des périodes de rut qui colore les femmes et leur fait perdre leur couleur lorsqu'elles sont enceintes. Tout cela parce que la recherche universitaire tributaire des multinationales et d'une surpopulation s'évertue à fabriquer des ersatz qui sont faciles à mettre en œuvre. Il va de soi que dans ce monde les universités les plus riches sont celles qui alimentent le mieux les hommes mais que la population qui échappe à la manne des riches est en révolte. Le dernier homme qui est à la fois le responsable de l'effondrement de la société protégée des riches et le seul survivant, n'éprouve aucun remords plutôt peut-être un vague regret devant sa nécessité de se nourrir.
On pourrait d'ailleurs penser que ce dernier homme n'est pas différent des avant-derniers et que c'est à cause de son irrésolution qu'il en est arrivé là… Irrésolution basée sur le désir de confort matériel, sexuel, affectif comme si “manipulés” par nos désirs nous n'avions comme solution que de manipuler les autres, les vivants et les choses… Et cela nous renvoie à Prospéro qui dans la Tempête nous propose de feindre d'organiser ce qui nous dépasse. Ayez confiance…