Dominique Rocher : les Terrasses de la nuit

Ce volume offre un texte inédit : "les Terrasses de la nuit", et une réédition revue et corrigée : "l'Être aux yeux d'améthyste" (1994). Dominique Rocher peut se flatter d'avoir participé à la célèbre collection "Angoisse" du Fleuve noir (j'espère qu'il n'est plus nécessaire de signaler ce que la collection Rivière Blanche doit à cette maison d'édition). Retour de l'auteur donc dans notre petit monde, mais pas à l'écriture puisqu’elle a continué d'être publiée jusqu'en 2003.

"Les Terrasses de la nuit" nous fait suivre les démêlés d'un trio d'étudiants avec la drogue, et la difficulté qu'ils éprouvent à y échapper. La fille se prostitue, un des garçons travaille, et l'autre vit aux dépens de sa mère, au service d'un Gourou que l'on ne voit pas et qui lui inocule une maladie mortelle. La fille, en butte aux avances d'un fournisseur, se soumet après avoir absorbé dans l'amour celui qui meurt et qui renaîtra par elle.

"L'Être aux yeux d'améthyste" est manifestement plus dans la lignée de la collection et plus S.-F. Parce que l'expédition terrienne envoyée sur Vénus il y a vingt ans a massacré des Vénusiens et que ceux-ci, techniquement plus avancés, ont vivement riposté, les hommes veulent se venger de ces représailles alors la Corse disparaît à nos yeux, mais persiste dans une autre réalité. Le docteur Vince est un pur vénusien venu observer les terriens — s'il tombe amoureux, il ne peut épouser une Terrienne sauf à y perdre ses pouvoirs ; il aura le temps de commettre une licence, une entorse avant de repartir — fait en sorte que les relations Terre/Vénus ne se dégradent pas au point de provoquer une guerre. De bons Vénusiens et Terriens s'opposant à de mauvais Terriens et de mauvais Vénusiens, tout se termine bien comme de bien entendu.

On imagine mal ce type de S.-F. pessimiste cherchant un lecteur déboussolé par la crise économique d'époque. Une écriture un peu datée donc, et des intrigues vieillies ou conventionnelles mais l'esprit d'une collection qui doit bien trouver pour survivre le nombre de nostalgiques suffisant…