Keep Watching the Skies! nº 59, janvier 2008
Céline Minard : le Dernier monde
roman de Science-Fiction et de littérature générale
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Ce n'est pas de la S.-F. Surtout pas. On est prévenu par l'éditeur. Juste un narrateur-cosmonaute qui après avoir refusé de quitter une station orbitale évacuée en catastrophe, rentre sur terre pour découvrir que l'Humanité tout entière s'est évaporée. Littéralement et sans beaucoup plus d'explication. Rien à voir avec la S.-F., on le voit. À partir de là, il s'invente des compagnons, histoire de dialoguer, histoire de ne pas devenir fou ou parce qu'il l'est déjà. Et il profite de la disponibilité et du bon état de tous les moyens de transport, aériens au premier chef — tout fonctionne d'ailleurs à merveille. On le trouve au milieu de voitures californiennes. Puis guidant un troupeau de dizaines de milliers de porcs à partir d'Oulan Bator, pour nettoyer les villes asiatiques. Puis faisant sauter des barrages, pour la même raison, en fait. Et à Paris, côté Louvre. Et dans la jungle brésilienne. On pense à Pierre Stolze pour qui la S.-F. est avant tout une littérature d'images : on est de ce côté-là, sans nul doute. Et du côté de la logorrhée, des énumérations, de l'estropiement productif de la syntaxe, des astuces typographiques à commencer par la toute première phrase commencée au milieu d'un mot. Du côté aussi, souvent, de l'écriture automatique, d'un flot tumultueux de mots qui empoigne et entraîne sur quelques centaines de pages. Et laisse un peu pantois.
Avouons qu'on peut aussi ne pas marcher. Trouver qu'il y a là trop de mauvais prétextes à l'incohérence, à un n'importe quoi pas toujours réjouissant. Chercher des idées. Des explications. Un minimum de rationalité. À qui part sur ces dernières bases, la déception est à peu près assurée. Au lecteur de savoir où il met les pieds, et ce qu'il recherche.
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