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Keep Watching the Skies! nº 60, juillet 2008

Joëlle Wintrebert : la Chambre de sable

roman fantastique

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chronique par Pascal J. Thomas

Soit, je le confesse : le fantastique de ce livre tient dans les deux dernières pages, et tout est questions d'interprétation. On peut, avec une raisonnable certitude, le tenir pour un roman de littérature générale. J'en parlerai quand même par copinage. Et parce que c'est du bon.

Ce n'est pas la première fois que Wintrebert emploie une adolescente (ou préadolescente) comme protagoniste. On pourrait même arguer que ses plus grandes réussites (les Maîtres-feu, Comme un feu de sarments alias le Vin de la colère, Pollen…) partagent cette caractéristique. La nouveauté ici est que ce récit qui concerne une fillette de onze ans ne sera sans doute pas lu par des enfants du même âge. Et il vaut peut-être mieux, car ça pourrait leur paraître assez déprimant.

Marie vit à Montpellier entre sa mère célibataire, Sylvana, qui aurait voulu être écrivain mais fait bouillir la marmite en travaillant pour la Sécurité sociale, et Nana, voisine et amie artiste, qui revendique sa liberté de femme sans attaches et sans enfant. Et comme les camarades de classe de Marie ne l'intéressent pas vraiment, Nana est sa seule amie — et son seul modèle. Avec de possibles déceptions…

Autre personnage important, le mystérieux voisin, Justin Taillevent. Lui aussi une fenêtre sur l'art et sur une autre vie. Mais Nana s'en méfie comme de la peste.

On se laisse prendre dans la vie de Marie, d'irritations en questions en petits bonheurs, sans que le roman aie besoin de recourir à de grands effets. Un point original cependant : le traitement de ce que les media tiennent aujourd'hui pour le mal absolu (ça changera), et qui n'est finalement que la lamentable perversion de pulsions initialement naturelles. Si on pense, le ton général du livre est triste, en dépit du caractère enjoué (et animé) des échanges entre Nana et Sylvana. Mais jamais il n'est noir, et si vous aimez les livres de Wintrebert — comme j'ose l'espérer —, vous aimerez celui-ci, indépendamment de son thème.