Olivier Girard : Bifrost, nº 59, juillet 2010, spécial J.G. Ballard
revue des mondes imaginaires
- par ailleurs :
Bifrost nous a habitués à ses dossiers sur les grandes figures du genre. Vu l'enthousiasme que Ballard a toujours suscité en France parmi les connaisseurs de SF, et parmi nombre d'auteurs, il était fatal qu'un numéro lui soit un jour consacré.
Il était bien entendu dangereux de chercher un texte inédit de l'auteur à publier, alors qu'est en cours la publication d'une intégrale de ses nouvelles. Si le récit déniché ("Autobiographie secrète de J. G. B.******") est mineur et très court, il communique une ambiance de vieillesse, de retour sur une vie passée qui s'accorde bien avec l'ambiance générale du numéro.
On peut dire la même chose des quatre textes d'auteurs français — hélas, en un sens. Barbéri ("Tropique d'étoiles"), et surtout Mucchielli ("Vermilion dust"), en font des tonnes pour faire du Ballard, et plus précisément du Vermilion Sands. Je ne crois pas que ce soit précisément rendre hommage à leur illustre modèle. Jean-Pierre Andrevon choisit avec "la Mémoire des jours noyés" de mettre en scène un Ballard ressuscité retournant en archéologue sur sa vie ; un robuste métier lui permet de produire un texte toujours prenant, sans être un chef-d'œuvre. Jean-Claude Dunyach, dans "Perspectives de fuite", tire mieux son épingle du jeu, sans doute parce que sa combinaison de sexe, de machines en voie de détérioration et d'esthétisme raffiné vient de sa propre inspiration, et ne retrouve Ballard qu'après être passé par un cheminement original. Ce qui nous vaut une très bonne addition au canon dunyachien.
C'est le matériel critique qui constitue l'essentiel de ce numéro ; sur Ballard, des études (dont un point de vue original de Dunyach, lui encore), et surtout des entretiens où l'homme se révèle toujours inattendu, toujours à côté de là où le voudraient ses admirateurs (avec sa défense de l'énergie nucléaire, par exemple). Et amateur de SF malgré tout. Ce qui montre peut-être que les artistes ne sont pas les mieux placés pour analyser leur œuvre, mais nous vaut de bonnes pages de lecture. Le passage en revue de ses livres majeurs restera comme une référence.
N'oublions pas que les rubriques habituelles de Bifrost sont toujours présentes — même si réduites à la chronique de Pierre Stolze, à l'excellent article de vulgarisation de Roland Lehoucq, et à l'irremplaçable rubrique de critiques de livres.
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