Keep Watching the Skies! nº 21-22, septembre 1996
Laurent Genefort : l'Homme qui n'existait plus
roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Jean-Louis Trudel
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Une fois de plus, Genefort démontre qu'il est parfaitement à l'aise dans le cadre du Fleuve Noir Anticipation. Ses trois ou quatre derniers romans ont atteint un niveau de professionnalisme qui est extrêmement rare dans l'écriture de science-fiction en France. Genefort avait toujours maîtrisé la création d'univers fictifs réalistes et colorés, mais il a enfin trouvé le moyen de leur adjoindre des intrigues valables, ce qui était loin d'être le cas dans Rézo ou Arago. Certes, il s'agit de romans moins ambitieux, mais ceux-ci lui permettent d'explorer à chaque fois de nouvelles facettes de son talent.
L'homme qui n'existait plus, c'est Bela Hicks (et Hicks, c'est X, truc que j'ai utilisé moi-même dans une nouvelle), pris au piège d'une station spatiale abandonnée. Mais il n'a pas été oublié par accident, c'est la volonté de Katz, dont seule la voix se fait entendre grâce aux haut-parleurs de la station, qui a isolé Hicks, un gestionnaire dans la trentaine, à bord de la station désaffectée. Un jeu du chat et de la souris s'engage donc entre Hicks et le mystérieux Katz, qui s'est retranché derrière des galeries dépressurisées et qui a saboté toutes les machines qui pourraient aider Hicks à s'échapper.
Mais Katz ne peut pas contrôler entièrement l'existence de Bela Hicks, qui tente de s'évader, apprivoise un rat, se penche sur son passé, essaie de s'évader, tente de deviner l'identité de Katz… En effet, il ne restait qu'une femme et sept autres hommes lorsque Hicks a perdu connaissance au moment où il allait retourner chez lui. Cependant, le jeu un peu gratuit de l'identification du coupable ne capte pas vraiment l'intérêt des lecteurs ; quelques indices laissent deviner l'identité de Katz, mais sa motivation ne peut être éclairée que par d'ultimes révélations.
En fait, ce n'est pas cette énigme qui retiendra l'attention des lecteurs, mais le récit des aventures de Bela Hicks, qui fait l'apprentissage de la solitude absolue, et la description de la station spatiale en orbite autour d'une planète semblable à la lune Titan, mais en beaucoup plus gros. Au bout du compte, l'aventure n'est pas nécessairement plus conséquente qu'une histoire de Jean-Pierre Garen, mais du moins le lecteur n'aura jamais l'impression quand il lit du Genefort que l'auteur le prend pour un crétin…
Notes
››› Voir en complément la chronique du cycle de Yorg d'Alain le Bussy.