Keep Watching the Skies! nº 43, juin 2002
Nancy Kress : les Hommes dénaturés
(Maximum light)
roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard
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Empêchée d'entrer dans l'armée régulière pour avoir raconté ce qu'elle avait vu lors d'un problème d'évacuation d'animaux familiers par suite d'un déraillement, une jeune femme décide de mener son enquête… Nous sommes dans une société où beaucoup de couples sont stériles, où la pyramide des âges a basculé (le nombre de personnes âgées est supérieur à celui des jeunes) et les clonages d'humains sur des animaux sont interdits. Bien sûr, une fois la société présentée, c'est l'aventure qui semble prendre le pas sur la réflexion ou sur l'analyse. Je dis “semble” car insidieusement, comme au cinéma, par un lent glissement des images et des situations, Nancy Kress impose son idée (possibilité d'un partage intelligent du pouvoir entre jeunes et vieux à condition de tolérance et d'écoute).
Nous ne sommes pas bien loin de Vercors, l'écrivain français décédé il n'y a pas si longtemps, qui non content de signer le Silence de la mer, roman de Résistance publié sous le manteau, donna en 1952 les Animaux dénaturés, qui relève de la S.-F. Vercors ne raconte pas à l'américaine, plutôt à la Jules Verne ou à l'anglaise mais son sujet est le même : qu'est-ce qu'un homme ? qu'est-ce qui le distingue de l'animal ? Les réponses proposées par divers scientifiques — à cette époque on disait encore “savant” — sont souvent, et dans l'intérêt du livre, fortement humoristiques ; mais on peut penser que celles des personnages de Kress sont aussi ridicules. Puisque dans tous les cas ce n'est pas tant l'énoncé d'une solution ou d'une idée qui prime, mais tout simplement la reconnaissance et le maintien du pouvoir de celui qui parle.
Dans la mesure où il ne doit pas être si difficile de trouver le Vercors dans l'édition de poche dans les diverses trocantes et autres brocantes ou peut-être bêtement en librairie, je ne saurai trop recommander une lecture croisée des deux bouquins…
Notes
››› Voir autre chronique du même livre dans KWS 43.
