Keep Watching the Skies! nº 49, juillet 2004
Graham Masterton : Katie Maguire
(Katie Maguire)
roman fantastique ~ chroniqué par Noé Gaillard
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La page intérieure qui présente l'auteur — comme le ferait une quatrième de couverture — assure qu'il est un des pionniers de la terreur moderne, et je crois que la lecture de ce roman peut donner de l'expression une bonne définition. Terreur moderne : constat sanglant et/ou violent de ce que notre monde moderne engendre des monstres en dehors de toute superstition. Tentative d'explication du comportement “irrationnel” et violent de certains individus. Là où les extraterrestres sont remplacés par des forces obscures et bien sûr malfaisantes. Katie Maguire est flic et en rupture de couple depuis la mort de son enfant, elle enquête d'abord sur un charnier découvert près d'une ferme. Charnier : le terme est impropre puisque les os retrouvés ont été soigneusement nettoyés de toute chair et les fémurs accompagnés de poupées de chiffons. Il s'agit d'un rituel visant à faire apparaître un être maléfique et tout puissant générateur de puissance et d'immortalité. Deux jeunes femmes disparaissent et sont retrouvées “décharnées”. Le lecteur sait lui que cela a été fait du vivant des jeunes femmes. Une universitaire américaine se présente auprès de Katie pour enquêter sur le rituel…
Les déboires conjugaux de Katie la rendent très attachante et aident à supporter le côté artificiel — quant à l'intrigue — du personnage rapporté — même s'il est dit qu'il s'agit d'un “immortel”. Mais, et là aussi on approche d'une bonne définition de la terreur moderne, c'est je crois l'aspect sadique et insidieusement violent des descriptions de torture sur celles qui sont “dépouillées” vivantes — on pense au supplice des cent morceaux, où le supplicié gorgé d'opium ne devait pas manifester le moindre signe de souffrance. Par contraste avec les malheurs de Katie, le lecteur “se venge” sur ses femmes en pleines formes… J'exagère ? Pas si sûr. Regardez la dose des épisodes… Et quand le “sort” s'acharne sur Katie alors que c'est son mari qui est visé et que c'est son chien qui trinque on retrouve l'autre violence, celle du tueur. En dosant à merveille les épisodes de violence “rationnelle” par rapport à ceux de la violence “irrationnelle” l'auteur instaure un “équilibre de la terreur” qui permet au lecteur de pencher sans crainte du bon côté.
Du roman bien fait par un bon faiseur.