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Gérard Klein : préfaces et postfaces

Anthologie composée par Gérard Klein : Histoires de planètesles Maîtres de la Science-Fiction

Livre de poche nº 7197, avril 1997

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Lorsque Galilée invente en 1609 la lunette astronomique, il change le visage de l'univers et le peuple de planètes. Auparavant, à l'exception de la Lune et du Soleil, les planètes du système [Couverture du volume]solaire n'apparaissaient que comme des points lumineux peu différents des étoiles à ceci près qu'ils étaient des astres errants dans le firmament, d'où leur nom grec de planète qui signifie vagabond. La lunette rend visible leurs disques, permet d'en découvrir de nouvelles, en dote certaines de satellites. Les voilà devenues des mondes plus ou moins comparables à la Terre. L'astronomie révèle aussi que les étoiles sont d'autres soleils et se demande aussitôt s'ils ne seraient pas comme le nôtre entourés de planètes.

Ainsi avant même que soient achevés la découverte des îles de notre Terre, le dénombrement de leurs peuples et la description de leurs mœurs, la curiosité se tourne déjà vers les terres du ciel qu'on n'atteindra pas de sitôt et qui deviennent le refuge pour longtemps inexpugnable de l'exotisme. Il est caractéristique que Swift ait encore logé vers 1726 dans des îles inconnues les découvertes de Gulliver tandis que Voltaire fait venir d'autres planètes les touristes du Micromégas en 1752.

L'espace est donc plein d'îles. Le tout est de les atteindre et ensuite de les explorer, et bien sûr d'y rencontrer la merveille ou l'effroi. Les plus proches, celles dont on peut discerner les détails et dresser des cartes, sont bien sûr les cibles privilégiées de l'imagination. À commencer par Mars où l'on croit voir des canaux sur la fin du xixe siècle, artificiels bien entendu, ce qui permet d'assurer qu'il y a eu, et même qu'il y a encore, des Martiens.

Mars fut pour longtemps l'autre planète par excellence, planète sœur, dont l'on devine peu à peu la géologie, la climatologie, la météorologie. Monde vieux, monde usé, monde désertique, où l'eau est devenue rare au point que l'effort de toute une espèce intelligente doit au printemps la conduire des pôles en tous lieux. Monde où la vie s'épuise, Mars semble la sœur aînée de la Terre, la préfiguration de son destin, et aussi la menace que font peser sur notre planète jeune et gorgée de vie les derniers sursauts agressifs d'une race condamnée. À moins que, comme dans les Chroniques martiennes de Ray Bradbury, l'invasion terrienne n'achève de détruire ce que le temps de Mars a déjà érodé.

S'il y a dans la Science-Fiction deux lieux communs, ce sont Mars et l'an 2000. Or, à l'approche de ce dernier symbole de modernité, la fin du xxe siècle a entièrement renouvelé notre connaissance des planètes. Des sondes se sont à plusieurs reprises posées sur Mars, ont achevé de dissiper nos illusions sur l'éventualité d'y rencontrer une vie macroscopique et plus encore une civilisation, et nous ont révélé un monde inhospitalier, caillouteux, poussiéreux, mais creusé de vallées dues à l'érosion fluviale plus profondes qu'aucune vallée de la Terre, et doté d'une montagne plus imposante qu'aucune de nos chaînes. D'autres sondes ont approché toutes les autres planètes du système solaire et la plupart de leurs satellites, conduisant à une révolution dans le regard porté sur d'autres mondes aussi profonde que celle introduite par la lunette de Galilée. Mais nulle part, il n'a été rencontré de vie ou d'espérance de vie. Ces paysages prodigieux, s'ils reçoivent un jour des explorateurs humains, n'accueilleront que des aventures solitaires.

Mais déjà la curiosité et l'espoir de la rencontre se tournent ailleurs. À partir de 1995, les progrès impressionnants des moyens d'observation des astronomes font soupçonner d'abord l'existence de planètes autour d'autres soleils, puis conduisent à leur observation plus ou moins directe. Certes, il ne s'agit encore que de planètes géantes impropres à supporter la vie telle que nous la connaissons. Mais de leur existence, on peut déduire presque certainement, comme on l'avait espéré et supposé, la présence de planètes plus petites, comparables à notre Terre, et peut-être habitées. Les astronomes désormais enthousiastes dénombrent des millions de planètes possibles dans notre seule galaxie. Autant d'îles dans l'espace.

Les auteurs de Science-Fiction les y ont devancés. Vous allez lire quelques histoires de planètes qui ont pour socles la Lune, Mars, et quelques-uns des mondes encore sans nom qui cachent leurs étrangetés dans les profondeurs du vide. Sachez qu'il y en a des milliers et que, pour l'instant, les meilleurs astronefs qui permettent de les atteindre se cachent entre les pages de livres.