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Gérard Klein : préfaces et postfaces

William Gibson & Bruce Sterling : la Machine à différences

Livre de poche nº 7231, avril 2001

Si Charles Babbage était parvenu à construire et à faire fonctionner en plein milieu du xixe siècle son ordinateur mécanique, la machine à différences, la face du monde en eût été changée… [Couverture du volume]Mais n'anticipons pas.

Commençons par évoquer une invention assez récente qui ne fit guère de bruit en son temps. Elle mit près d'un siècle et demi pour s'imposer. Or, elle nous semble aujourd'hui si évidente que nous la tenons pour avoir toujours existé. Il s'agit de l'invention littéraire de l'avenir, de l'anticipation en tant que fiction.

Certes depuis longtemps — sinon depuis qu'ils ont inventé le langage, les humains ont cherché à sonder avant date le futur (ce qui doit arriver, à quoi l'on cherche à échapper ou que l'on souhaite voir se produire), à connaître à travers des oracles et des haruspices l'issue d'une bataille, d'une négociation, d'un mariage, d'une maladie, comme si ce sort était pour l'essentiel écrit et lisible pour un initié, mais néanmoins évitable, ce qui implique une contradiction (1). Et des humains persistent, dit-on, à s'y fier en notre temps de scepticisme rassis et de connaissances positives.

Mais l'idée qu'on puisse décrire dans une fiction un avenir — qui n'est plus un futur (un futur étant ce qui doit être tandis qu'un avenir est ce qui reste à venir, à inventer ou à découvrir), cette idée est relativement récente. Elle remonte tout au plus au milieu du xviie siècle. Je regrette qu'elle n'ait guère attiré l'attention des historiens et des littéraires, car je ne connais aucun ouvrage ou même aucun article relatant par le menu son développement initial.

Seul, Pierre Versins, autodidacte et érudit, dans son Encyclopédie de l'utopie, des voyages extraordinaires et de la science-fiction (2), retient comme première anticipation, datée et consciente, donc au sens moderne, un court texte de six pages, "Aurelius his dream", de Cheynell, publié en 1644 en Angleterre. C'est, vu dans un rêve par un anti-royaliste, ce qui se passerait si Charles Ier retournait à Londres (3). Versins signale en deuxième lieu Épigone, histoire du siècle futur, de Jacques Guttin, publié en France en 1659. Cet auteur situe d'emblée l'action de son roman dans l'avenir.

Ce qui nous intéresse ensuite, c'est que Pierre Versins, pourtant méticuleux, ne relève entre 1644 et 1800 que vingt-six anticipations françaises, anglaises et allemandes (dont une qu'il qualifie de douteuse). Dans cette liste, comment éviter de citer l'An 2440, rêve s'il en fut jamais, de Louis Sébastien Mercier (1771) et l'An 2000, de Restif de la Bretonne, publié en 1789.

Après le début du xixe siècle, les textes vont se multiplier et à la fin du siècle, l'anticipation est un genre constitué et consacré. Un texte prophétique à cet égard, et d'une modernité frappante, est le Roman de l'avenir de Félix Bodin (1831-1834).

Si je déplore qu'historiens et littéraires, et en particulier les dix-septièmistes et les dix-huitièmistes, aient négligé de constituer cette histoire, c'est que cette invention de l'anticipation, apparemment ingénue mais venue à un certain moment, a bouleversé, en somme par inadvertance, notre conception de l'avenir.

L'anticipation littéraire permet en effet d'écrire ce que l'on veut, qu'on le désire ou qu'on le redoute, au fond c'est la même chose, à propos de ce qui peut advenir. Elle ouvre au champ des possibles. Et par là, elle introduit à deux dimensions importantes de notre culture, d'une part la littérature d'anticipation, devenue depuis Science-Fiction, qui traduit des désirs et des craintes (comme le rêve, mais dans un autre ordre) et d'autre part la prospective qui est un outil d'analyse des possibles.

C'est ce balancement entre désir et analyse qui me semble caractéristique de l'approche moderne de la pluralité des avenirs et que nous allons retrouver à propos des uchronies.

L'irresponsabilité des auteurs de Science-Fiction leur permet l'audace de l'imagination, ce qui leur a souvent porté chance. L'imagination des auteurs d'uchronies n'a jamais été jusqu'à décrire une ligne d'univers où l'invention de l'anticipation n'ait pas été faite.

La méditation sur les possibles de l'avenir appelle en effet celle sur les possibles du passé par un passage du futur au conditionnel. Ce qui se passera si… introduit à ce qui se serait passé si… C'est ce que nous appelons les uchronies. Il est difficile de savoir laquelle apparut la première, de l'anticipation ou de l'uchronie, mais si l'on écarte des interrogations philosophiques marginales comme la réflexion de Pascal sur la longueur du nez de Cléopâtre et la relation qu'elle suppose entre la séduction féminine et la Grande Histoire, elles semblent bien apparues à peu près en même temps, avec un possible avantage pour l'anticipation.

Ces deux innovations sont liées à l'invention de l'individu moderne, à son sentiment croissant de liberté, et donc d'indétermination au moins relative du monde, mais aussi à l'incertitude et à l'angoisse qui accompagnent le décentrement copernicien. Jadis les dieux et le fatum, ou Dieu, garantissaient l'inéluctabilité du destin. Désormais la Terre est un astre quelconque et l'homme un animal rationnel qui entrevoit qu'il lui faut assumer sa condition sans le soutien d'aucune Puissance. Tout est possible. Et même le passé est rejouable, au moins en pensée.

Dans son remarquable ouvrage sur l'uchronie (4), Éric B. Henriet signale une occurrence, qui semble pourtant douteuse, en 1581, puis les Pensées déjà évoquées de Pascal (1623-1662). Mais la première uchronie incontestable qu'il mentionne date de 1732 et il n'en relève qu'une seule autre avant la fin du xviiie siècle. Il faut attendre 1876 pour que l'espèce soit enfin baptisée par Charles Renouvier du titre de son livre, Uchronie, l'utopie dans l'histoire.

La moisson est encore réduite au xixe siècle, elle s'enrichit un peu durant la première moitié du xxe, et ce domaine explose littéralement durant sa seconde moitié, parce que, pour l'essentiel, il a rejoint la Science-Fiction. Auparavant, il est surtout cultivé par des philosophes et des historiens en mal de spéculation. La Science-Fiction l'inscrit dans son champ en lui fournissant un semblant de vraisemblance rationnelle avec son usage des mondes parallèles qui permet de résoudre les paradoxes introduits par l'emploi inconsidéré du voyage dans le temps (5). Elle lui trouve même une assise dans la physique à travers la théorie des mondes divergents d'Everett-Wheeler-Graham-de Witt selon laquelle, au niveau quantique, toute potentialité se réalise dans autant d'univers distincts. À dire vrai, une littérature n'a pas besoin de justification scientifique. Et l'interprétation susdite, bien qu'elle soit conforme au formalisme quantique, annonce elle-même qu'elle ne peut fondamentalement pas être soumise à l'expérience dans ce paradigme, ce qui entame son statut scientifique.

Ce qui nous importe, c'est la possibilité de se demander, avec des mots, ce qui se serait passé si le Christ n'avait pas été mis à mort (Renouvier, 1876), si Napoléon avait conquis le monde (Geoffroy, 1836).

Dans son essai, Henriet distingue entre les uchronies “impures” dans lesquelles la modification du passé est introduite par des voyageurs temporels ou transdimensionnels et où, en somme, la modification de l'histoire résulte d'une interférence avec notre ligne d'univers, et les uchronies pures dans lesquelles « le monde où se déroule l'uchronie a ses propres fondements historiques et diverge de celui du lecteur à partir d'une altération plus ou moins éloignée dans le passé, nommée événement fondateur. Cette altération n'existe pas pour les personnages du récit qui ne connaissent que leur propre histoire. L'univers où se déroule l'uchronie se suffit donc à lui-même et aucune justification de son existence n'est donnée ou même requise… La pure uchronie exclut la notion de Terre de référence qui peut être celle du lecteur ou n'importe quelle autre souhaitée par l'auteur. (6) »

Il donne comme exemple d'uchronie pure Pavane de Keith Roberts qui décrit « un monde tel qu'aurait pu être le nôtre en 1968 si par le passé, la reine Elizabeth Ire avait été assassinée et l'Angleterre écrasée par l'invincible Armada espagnole. Dans cet univers, la Réforme et la révolution industrielle n'ont pas eu lieu. À aucun moment du roman, l'auteur ne fait référence à l'existence d'autres univers. Le passé est figé. Il est tel qu'il a toujours été. Il y a donc complétude de l'univers de Pavane qui est de fait une uchronie. (8) »

Dans son passionnant ouvrage, Éric Henriet dresse un panorama de toutes les formes d'uchronies, pures et impures, sans négliger les médias audiovisuels ni même les travaux uchroniques d'historiens, de journalistes et de philosophes qui ont imaginé une histoire “autre” sans lui donner la forme d'un roman. Il distingue aussi entre les uchronies “optimistes” où notre monde est meilleur que son “Autre” (où par exemple les Nazis ont triomphé) et les “pessimistes” où la ligne d'univers décrite est préférable à la nôtre.

Il dresse une liste des événements fondateurs ou points de divergence les plus fréquentés à partir de notre histoire : extinction (ou non) des dinosaures (soixante millions d'années avant notre temps), grandes migrations par le détroit de Behring (12000 ans au moins avant notre ère), destin de l'empire romain (753 av. J.-C. à 395 ap. J.-C), exécution de Jésus et avènement du christianisme, grande peste du Moyen Âge (1348), découverte du Nouveau Monde (384 ou 1492), expédition de l'Invincible Armada (1588), Révolution française et période napoléonienne (1789 à 1815), Guerre de Sécession des États-Unis, Première Guerre Mondiale (1914-1918) et Révolution russe (1917), prise du pouvoir par Hitler et Seconde Guerre Mondiale (1933-1945), et pour l'époque contemporaine, crise des missiles de Cuba, événements de 1968 et guerre (américaine) du Việt Nam. La Seconde Guerre Mondiale et le sort du nazisme appellent à eux seuls un chapitre.

Dans un essai tout récent qu'Éric Henriet ne pouvait pas connaître, Jacques Lesourne, économiste et écrivain, introduit pour le vingtième siècle ce qu'il dénomme « rétroprospective. » Ce prospectiviste éminent a choisi de réfléchir sur Ces avenirs qui n'ont pas eu lieu (9) et propose une Relecture du xxe siècle européen. À partir des positions d'acteurs, il fait intervenir des continuités dans le changement ou des ruptures, ces dernières produisant des bifurcations à partir d'événements déclencheurs (assimilables aux événements fondateurs d'Henriet) en présence de germes. Il souligne comment ces exercices, comparables à des Kriegspiele, loin d'être de fumeuses spéculations, peuvent enrichir le travail de l'historien et la méditation du politique. Il montre par exemple tout à fait bien comment une Première Guerre Mondiale, à laquelle personne n'avait intérêt et dont à la limite personne ne voulait (10), a pu conduire à une catastrophe qui a forgé tout le siècle, à partir d'un événement presque fortuit et somme toute d'importance secondaire, l'assassinat de l'Archiduc François-Joseph, le 28 juin 1914, à Sarajevo. Cet ouvrage passionnera tout amateur d'uchronies. À qui invoquerait la gratuité de telles recherches, on serait tenté de répondre que l'autopsie n'a jamais ressuscité un cadavre mais qu'elle fournit des connaissances sur son décours particulier et parfois sur ceux de tous les morts en puissance. Ou encore qu'elles peuvent préparer des plans à l'intention de futurs voyageurs et manipulateurs du temps.

La confrontation du livre d'Henriet et de celui de Jacques Lesourne fait ressortir quelques différences fondamentales entre le travail du romancier et celui du rétroprospectiviste alors qu'ils œuvrent sur le même matériau.

Le romancier ou le nouvelliste doit retenir l'attention de lecteurs. Quelles que soient sa culture et sa rigueur, il est limité par la perception (plutôt que la connaissance) de l'histoire dont dispose son public. Il a donc affaire à une histoire mythologisée, réduite à quelques événements fameux et à quelques personnages illustres, qui varient d'un pays et d'une culture à l'autre. Ainsi, l'Invincible Armada pour les Britanniques et la Guerre de Sécession pour les Américains. Certes l'Antiquité classique, Jésus-Christ, Christophe Colomb, Napoléon et Hitler constituent une sorte de fonds commun pour la culture occidentale, ainsi que dans une certaine mesure l'invasion arabe et les Croisades. Mais nulle part, sauf erreur, il n'est question de bifurcation asiatique ou africaine. D'autre part, l'écrivain est conduit à mettre en scène, dans un autre emploi que celui que nous leur connaissons, mais souvent tout aussi éminent, des personnages historiques qui servent de repères au lecteur. Les grands hommes restent de grands noms, à quelques exceptions près d'ordinaire ironiques (11), comme s'ils jouissaient d'un destin manifeste en dehors des circonstances qui ont permis dans notre histoire leur émergence, et cela au mépris de toute vraisemblance. On en trouvera une multitude d'exemples au demeurant fort réjouissants dans la Machine à différences.

Enfin, l'écrivain ne peut en général développer qu'un seul scénario, et substitue à notre histoire, une autre histoire qui tend à devenir de plus en plus arbitraire à mesure qu'elle s'éloigne de la bifurcation, restreignant ainsi la pluralité des possibles.

Le rétroprospectiviste ignore ces limitations. Il n'est contraint que par son information ou plus généralement par le contenu des documents disponibles. Il peut envisager une multiplicité de scénarios. Mais en retour, il ne dispose pas de la souplesse du romancier qui peut développer librement son scénario à partir de la bifurcation, en fonction de son imagination, de son intuition et d'un effet de désir (ou de crainte). Le rétroprospectiviste est un analyste qui doit justifier en raison ses choix et les inflexions qu'il donne à son ou ses scénarios. Il ne saurait entrer dans le détail pittoresque qui fait une bonne partie du charme de l'uchronie romancée. Sans négliger les personnalités exceptionnelles qu'il qualifie de germes, le rétroprospectiviste leur assigne un rôle déterminant dans un contexte précis en dehors duquel ils se trouveraient sans doute réduits à l'anonymat. Ainsi fait Jacques Lesourne pour Lénine, Hitler et Charles de Gaulle. Sans la personnalité de Lénine, par exemple, il estime que la révolution d'Octobre aurait pu faire long feu. Mais si les Allemands ne lui avaient pas permis de passer en wagon plombé de Suisse en Russie, il serait sans doute demeuré l'animateur d'une minuscule secte communiste et aurait fini dans la peau d'un pittoresque petit bourgeois helvétique, réduit pour survivre à traduire en allemand Maïakovski et Mandelstam.

L'uchronie pure est en un sens une forme de roman historique (12), tout comme la rétroprospective est une occasion de réflexion sur l'histoire et la politique, sur l'évolution des sociétés humaines. L'une distrait, mais comme la Science-Fiction pour les sciences, il arrive qu'elle soit pour le lecteur l'occasion de rafraîchir ses connaissances, voire d'en acquérir. L'autre informe le décideur sur des choix hasardeux du passé et l'amène peut-être à considérer d'un autre œil, dans la perspective de l'histoire, ceux qu'il entreprend.

L'uchronie procède des images de l'histoire comme la Science-Fiction des images de la science, et s'il arrive que les deux types d'images se mêlent, ce n'est pas toujours le cas. Une bonne part de l'uchronie échappe, au moins par son intention, à la Science-Fiction. L'inverse n'est pas vrai.

Il est en effet piquant de constater que la Science-Fiction anticipatrice produit des uchronies à mesure que les dates de ses histoires du futur sont rattrapées par le passage du temps. Ainsi, les trois fameux romans de Wells, la Machine à explorer le temps, la Guerre des mondes et les Premiers hommes dans la Lune ont acquis pour leurs lecteurs actuels le statut d'uchronies puisque leur contexte indique clairement que leurs actions se situent dans notre passé où elles ne sont pas passées du virtuel au réel. Stephen Baxter, dans les Vaisseaux du temps (13), joue fort habilement sur la prolongation uchronique de plusieurs des romans de Wells. Il en va désormais de même pour le film et le livre de Kubrick et Clarke, 2001, l'odyssée de l'espace (14).

Ainsi s'explique peut-être l'apparent paradoxe selon lequel un bon livre de Science-Fiction ne perd pas son intérêt dès qu'il est rejoint et dépassé par l'actualité et le calendrier. Les critiques ignorants ou mal disposés, à chaque avancée technologique d'une certaine envergure, s'acharnent à répéter que « la Science-Fiction est désormais dépassée, qu'elle ne saurait plus rien proposer qui excède la réalité. » Il arrive qu'ils aient raison, en ce sens restreint que l'actualité réalise parfois de vieux rêves que la Science-Fiction a convoyés, par exemple le voyage dans la Lune. Mais ils ont néanmoins tort en ce que cela n'entame en rien le plaisir de lecture qu'un amateur d'uchronies, même inconscient de l'être, peut éprouver à les lire encore. Cela aurait pu se produire dans un embranchement différent de l'histoire. Encore faut-il parfois remonter fort loin, à la naissance de l'univers au moins pour les Premiers hommes dans la Lune puisque la découverte de la cavorite implique un monde où les lois physiques soient substantiellement différentes de ce qu'elles sont dans le nôtre (15). Ainsi, à travers une puissante envolée métaphysique voire eschatologique, toute la Science-Fiction se trouvera englobée dans l'espèce uchronie à la fin des temps.

On admettra qu'il serait insupportable pour un auteur de Science-Fiction doublé d'un prospectiviste de ne pas proposer à son tour d'exercices uchroniques dans une telle préface. C'est pourquoi j'en introduirai deux.

La première m'est suggérée par une réflexion d'Henriet dans sa conclusion où il déplore que « les écrivains français (inventeurs du genre) boudent… tellement l'uchronie (16). » Ce n'est plus tout à fait vrai puisqu'on a vu paraître en 1999 un recueil collectif d'uchronies, Futurs antérieurs, sous la direction de Daniel Riche  (17) et tout dernièrement un roman uchronique de Johan Heliot, la Lune seule le sait  (18). Même si la Science-Fiction française semble avoir retrouvé un certain dynamisme ces dernières années, deux questions insistantes continuent à interroger l'historien. La première serait de comprendre pourquoi le second marché du monde pour la Science-Fiction, après celui des États-Unis, n'a pas suscité depuis le début du siècle une création continue et soutenue, comme celle qui caractérise la Grande-Bretagne. La seconde porte sur la méfiance à l'endroit de l'avenir qu'illustrent jusqu'à une date récente la plupart des auteurs français un tant soit peu ambitieux littérairement, ainsi par exemple Maurice Renard, Jacques Spitz, René Barjavel, Jean-Pierre Andrevon. Sur ces deux points, Serge Lehman répond en invoquant les effets de la Première Guerre Mondiale (19). Mais sans entrer dans le détail d'un débat important, cette analyse semble insuffisante. En effet la méfiance envers l'avenir, la science et la technologie est manifeste dans nombre d'ouvrages français du xixe siècle, à commencer par le Monde tel qu'il sera d'Émile Souvestre (1843). Cette inquiétude quant à l'avenir, voire ce rejet de tout ce qu'il pourrait apporter d'innovations, en tout cas ce mélange singulier de fascination et de répulsion à son endroit, semblent bien caractéristiques de la société française. C'est ici qu'intervient ma réflexion rétroprospective.

À mon sens, la société française et en premier lieu sa bourgeoisie se sont longtemps détournées dans notre ligne d'univers du progrès scientifique et technologique pour deux raisons. La première est que la bourgeoisie a vu, du début du xixe siècle jusqu'au milieu du xxe siècle, le moyen et le symbole de la richesse dans la propriété terrienne plus que dans l'aventure industrielle : c'est qu'elle s'est prodigieusement et durablement enrichie en profitant pendant la Révolution de la vente des biens nationaux, confisqués au clergé et à la noblesse. Au contraire de ce qui s'est produit en Grande-Bretagne, puis en Allemagne, où ont eu lieu d'extraordinaires révolutions scientifiques et industrielles, elle est demeurée longtemps convaincue que « seule, la terre ne ment pas. » Ajoutez à cela, sans négliger l'émigration, les hécatombes de la Terreur et principalement des guerres de la Révolution et de l'Empire qui ont fait plus d'un million et demi de morts, pour la plupart des hommes jeunes. Cette boucherie, qui a surtout frappé le peuple mais n'a pas épargné les élites, est proportionnellement plus lourde encore que celle de la Première Guerre Mondiale, un siècle plus tard, et probablement sans équivalent dans l'histoire de France. Ce désastre démographique aura des conséquences bien au delà de la fin du xixe siècle. C'est un pays saigné à blanc, vieux, remâchant avec les romantiques des ambitions volées à son passé et souvent bornées à l'adjonction d'une particule et d'un blason d'emprunt, qui va esquiver la modernité. La France qui était à la veille de 1789 le pays le plus peuplé d'Europe, le plus jeune, le plus avancé et sans doute la plus grande puissance du monde, a chu au rang d'une puissance moyenne qu'elle ne quittera plus.

Or le xviiie siècle français avait accumulé un capital culturel sans précédent de connaissances scientifiques, de réflexions philosophiques, d'innovations techniques et de concepts politiques. Ce sont ses philosophes qui ont élaboré les droits de l'homme, la séparation des pouvoirs, l'économie politique, la théorie du scrutin, tirant le plus intelligent parti des expériences anglaises, toutes idées que reprendra la Révolution à son compte en se montrant cruellement incapable de les appliquer. Ces ressources intellectuelles qu'un système politique indigent a empêché de s'actualiser pleinement, seront très partiellement libérées par la Révolution puis tragiquement étouffées et parfois détruites par elle et par la tyrannie mafieuse et sanguinaire qui lui succède presque nécessairement. Les forces accumulées en un peu moins d'un siècle ont été liquidées en moins de vingt-cinq ans.

Maintenant, pourquoi la Révolution a-t-elle éclaté avec son cortège de conséquences catastrophiques dont la folie impériale ?

À mes yeux, le facteur principal en a été l'éloignement ancien du pouvoir à Versailles, et la coupure qui en a résulté entre l'évolution sociale et la plupart des décideurs. Un roi faible et borné n'a rien arrangé, mais son indécision même aurait dû limiter les effets de son incompétence si presque toute la classe dirigeante ne s'était trouvée isolée sur un théâtre d'apparences, coupée des réalités, repliée sur ses suffisances. Aucun pouvoir européen de l'époque ne s'exerce à une telle distance de sa plus grande ville. Aucune aristocratie n'est aussi vaine, malgré de brillantes exceptions.

Pourquoi Versailles ? Parce que Louis XIV, né en 1638, a eu grand peur à Paris, enfant puis adolescent, sous la Fronde, entre 1648 et 1652, de la bourgeoisie, du peuple et des princes. Cela fait beaucoup d'ennemis, à vous rendre paranoïaque.

Imaginez une ligne d'univers où la Fronde n'a pas eu lieu, ou bien, coalition improbable de forces disparates que tout opposait, a fait long feu, ou encore a été efficacement et rapidement réprimée. Les manigances financières de Mazarin se sont retournées contre lui et non contre le régime monarchique. Le jeune roi demeure au Louvre qu'il étend, ou même s'éloigne un peu, à Vincennes, et garde le contact avec l'opinion. Vieillissant, il perçoit la futilité et l'impopularité de ses guerres et la misère de la population, et y met un frein. À sa mort, le Régent fait étudier une monarchie constitutionnelle que Louis XV adopte sous l'influence d'une femme mystérieuse, dite au Masque de Verre (20). Son successeur s'en remet à Turgot pour la gestion du royaume, et s'occupe essentiellement d'enrichir le Conservatoire des Arts et Métiers qui abrite ses collections d'horlogerie et de serrurerie. L'Encyclopédie est publiée sous son égide, moyennant quelques concessions de forme. L'Amérique est française, de la Louisiane au Québec, avec une notable minorité anglaise qui se voit reconnaître un Parlement placé sur un pied d'égalité avec le Parlement des Tribus dont la création controversée, à l'insistance du jeune Chateaubriand, a réglé la question indienne. Louis Sébastien Mercier devient secrétaire perpétuel de l'Académie Française.

Pour la petite histoire, le sieur Palloy, entrepreneur de son état, qui a la curieuse habitude de signer ses lettres « Palloy fidèle sujet du Roy, » échoue dans son vieux projet de transformer la Bastille en carrière de pierres : restaurée en 1789 grâce à une souscription publique en tête de laquelle figurent Monsieur de Lafayette, Monsieur de Launay et Monsieur de Sade, elle abrite un curieux musée de l'utopie. Palloy, aigri, adhère par dépit à un groupuscule, le Parti Radical, fondé par un certain Maximilien Robespierre.

La France est la plus grande puissance économique, démographique, scientifique et culturelle du monde. Profitant de son hégémonie linguistique et diplomatique, elle prépare à petits pas une Union de l'Europe en laquelle Bismarck voit le seul espoir d'unification des trois cent quarante trois états allemands. Confortée par son expansion outre-Atlantique, elle évite toute autre tentation coloniale, au contraire de la Grande-Bretagne qui se ruine en Asie et en Afrique, et à laquelle elle offrira une aide enfin acceptée sous le ministère Verne, à la suite d'un mariage princier qui efface les dernières traces de la Guerre de Cent Ans. Elle est passionnée d'avenir, confiante en son destin manifeste, soucieuse d'étendre à l'univers par des voies pacifiques ses droits de l'homme et son libéralisme économique tempéré. Elle encourage les sciences, les arts et les lettres, pourvu qu'ils apportent de l'inattendu. L'anticipation est le premier genre littéraire, glorifié dans la Légende des siècles, de Victor Hugo, une épopée cosmique.

Sautons un siècle ou presque. Le commandant Driant devient le premier Ministre de la Paix. Freud s'installe à Paris, retenu par Charcot. Einstein, invité par Poincaré, reçoit une chaire au Collège de France. Dans notre considérable domaine, le Luxembourgeois Hugo Gernsback, récemment francisé par l'adhésion volontaire de son pays au Royaume et attiré par l'invention franco-italienne de l'éclateur électromagnétique, émigre en France en 1905 et y fonde en 1911 la revue Toute la radio, puis en 1926 la Revue des Fictions qui privilégie le roman scientifique et devient en 1929 la Nouvelle Revue Fiction (NRF). Gernsback lance à cette occasion le néologisme de Science-Fiction après de longues discussions avec Maurice Renard et Rosny Aîné, et malgré l'opposition des auteurs anglo-saxons, H.G. Wells, E.E. Smith et Olaf Stapledon, qui tiennent au terme de scientific romance. Rosny le fait entrer à l'Académie Goncourt qui, conformément au vœu d'Edmond de Goncourt et au goût de Rosny, couronne chaque année une œuvre innovatrice, un roman de l'avenir. À la mort de Rosny Aîné, en 1940, Gernsback devient le président de cette académie qui décernera après sa disparition le Prix Hugo.

En 1999, Michel Jeury d'Issigeac, récemment anobli par la reine, entre tardivement à l'Académie Française, accueilli par Philippe Curval, Prix Nebel de littérature, et Jean-Pierre Andrevon en habit vert, malgré les votes hostiles d'éléments conservateurs qui lui reprochent ses romans paysans.

Et en 2001, l'Union Franco-Européenne inaugure le Zarathoustra, premier vaisseau interstellaire amarré à la station orbitale Odyssée.

Aucun uchroniste ni aucun rétroprospectiviste du temps n'est capable d'imaginer qu'un soulèvement hétéroclite et passager d'un quarteron de juges prévaricateurs et de généraux félons, survenant au milieu du xviie siècle, certes à peu près au moment où la monarchie anglaise est gravement ébranlée par une secousse sans véritable lendemain, ait pu changer le cours de l'histoire de France.

J'espère pourtant vous avoir convaincu que la Fronde a été l'événement fondateur qui a fait dérailler l'Histoire de France. On notera que cette uchronie est “pessimiste” au sens d'Henriet. Nous avons raté le coche.

Ma seconde excursion uchronique sera toute différente. Elle m'a été suggérée par une lacune du livre de Jacques Lesourne, lacune certes justifiée par son intention de s'en tenir au théâtre européen. Cette référence m'oblige à être plus sérieux.

Et si le bombardement de Pearl Harbour par les Japonais n'avait jamais eu lieu…

C'est une hypothèse qui me paraît recevable. Le bombardement de Pearl Harbour était une opération incroyablement audacieuse et risquée, de l'autre côté d'un océan gigantesque, technologiquement alors à la limite du possible, un peu comme si Russes et Américains avaient décidé de se battre sur la Lune dans les années 70. Il n'avait pas de vraie valeur stratégique comme la suite l'a montré : la flotte américaine du Pacifique était en partie obsolète et les États-Unis n'ont pas eu grand mal à la reconstituer et au delà. C'est une aventure d'autant plus surprenante de la part des Japonais que la simple comparaison des données économiques et démographiques aurait du les inciter à plus de prudence. J'ai entendu dire que la rivalité entre les forces terrestres et maritimes du Japon aurait été à l'origine de cette opération, la marine souhaitant se distinguer et l'armée de terre ne s'y opposant pas en escomptant un échec qui lui aurait assuré la suprématie.

Sans cette opération, Roosevelt aurait eu bien du mal à entraîner les États-Unis dans la guerre et il n'aurait peut-être pas été réélu pour la quatrième fois. Qu'aurait fait Dewey ? La guerre, au lieu d'être proprement mondiale, serait demeurée européenne et asiatique.

Les Japonais auraient pu continuer leur entreprise de conquête de l'Asie, n'affrontant les Américains sur ce terrain que par fronts indigènes interposés, comme ont fait les Soviétiques durant notre guerre froide. Soucieux de s'assurer de sources de matières premières, les Japonais auraient envahi la Sibérie. Ils se seraient trouvés de ce fait, à moyen terme, comme principal adversaire les Soviétiques.

Les Nazis, soulagés à l'Est par l'antagonisme nippo-soviétique, auraient pu l'emporter sur le continent européen sans pour autant réussir à envahir la Grande-Bretagne. Mais celle-ci, insuffisamment appuyée par les États-Unis, n'aurait pu envisager seule la reconquête de l'Europe continentale. À terme, les Nazis auraient sans doute perdu quand même la guerre, ou encore le régime nazi se serait effondré sous son propre poids ou à l'occasion de la disparition d'un Hitler usé jusqu'à la corde dès 1945. La Wehrmacht aurait possiblement pris le pouvoir à la suite d'un coup d'état ou de menaces de guerre civile entre les successeurs rivaux d'Hitler. Le régime résultant, plus rationnel et fort de sa position, aurait cherché à négocier des paix séparées dont le Japon aurait fait les frais.

Les Soviétiques, attaqués sur deux fronts, auraient probablement conclu des paix séparées sans devoir capituler. Le régime n'y aurait toutefois pas résisté, du moins après la mort de Staline en 1953. On observe alors une évolution rapide vers la situation de 1989 sur notre ligne d'univers.

Une fragile paix européenne est signée à Berlin en 1946. Mais vers 1950/1960, éclate la troisième guerre mondiale, cette fois possiblement nucléaire, entre les États-Unis et une Europe Allemande ayant récupéré les meilleurs savants russes. Destruction et chaos, mais à partir de là, je reconnais que j'entre dans la Science-Fiction.

Les Alliés anglo-saxons, dégagés provisoirement de soucis sur le Pacifique du fait de l'enlisement des Japonais sur le continent asiatique, auraient probablement fini par l'emporter sur l'Europe Allemande et se seraient alors tournés contre le Japon affaibli mais sans tenter de l'envahir. Appuyant la Chine de Mao-Tsé-Tung, dernier état communiste de la planète, ils battent les Nippons. L'Occident se retrouve face à une Chine qui ne sera pas un adversaire sérieux avant un demi-siècle et avec lequel il est sans doute possible de s'entendre car, fidèle à son histoire, elle n'a pas de grandes velléités d'expansion territoriale.

L'Europe, ravagée, terriblement affaiblie, serait devenue un condominium anglo-saxon, de la France à l'Ukraine, évoluant lentement vers son unité. Sa reconstruction est achevée vers 1990. Une coalition franco-italo-allemande tente alors de relever la tête. L'Espagne, sortie à peu près intacte du conflit, et démocratisée, est une des puissances européennes avec laquelle il faut compter, la seule en tout cas qui puisse tenir tête aux Anglo-Américains.

Bref, la bifurcation de Pearl Harbour me semble plus déterminante que par exemple l'attentat contre Hitler, mal préparé et peut-être plus anecdotique qu'il y paraît quelle qu'en ait été l'issue. Ce qui me semble en tout cas vraisemblable à long terme, c'est que dans cette ligne d'univers les régimes totalitaires, nazi et soviétique, n'avaient guère d'avenir, même du point de vue d'un prospectiviste sans œillères de 1950, à condition qu'il ait disposé, ce qui n'était guère le cas, de bonnes statistiques, parce qu'ils dévoraient leurs forces vives, démographiques et économiques. La tournure prise par la Seconde Guerre Mondiale dans notre réalité me semble avoir été une chance extraordinaire pour le régime soviétique qui en a été prolongé de quarante ans.

Cette uchronie là est-elle optimiste ou pessimiste ? C'est la question que je pose à Éric Henriet, tant cela dépend de la période d'arrivée où l'on choisit de se situer. Mon sentiment est qu'une uchronie romancée est toujours pessimiste ou optimiste selon le jugement implicite ou explicite que l'auteur porte sur l'histoire et sur sa propre époque, tandis qu'une rétroprospective échappe à la nécessité d'un pareil choix : elle évalue des forces en présence et en déduit certaines éventualités étrangères au souhaitable ou au regrettable.

Ce qui est peut-être le plus fascinant dans les uchronies, c'est l'inconsistance qu'elles suggèrent de notre propre réalité, de notre ligne d'univers, alors même qu'elle nous semble absolument nécessaire. Des événements mineurs, fortement contingents, c'est-à-dire qui auraient pu aussi bien ne pas survenir ou prendre un cours tout différent à l'aune de l'opinion la mieux informée, l'ont orientée. Elle ne nous semble irrémédiable que parce qu'elle constitue un passé sur lequel nous ne pouvons pas intervenir mais seulement réfléchir.

Est-ce à dire que toute philosophie de l'histoire, toute tentative pour lui prêter un sens, est un songe creux ? Il y a certes des tendances lourdes sans doute irréfutables sur des millénaires, l'accumulation des connaissances, la démographie, l'extension des interférences entre civilisations jusqu'à la mondialisation, la pratique de plus en plus affirmée de l'auto-régulation des sociétés à travers des systèmes de décision décentralisés et démocratiques. Mais malgré Tocqueville, Marx, Toynbee et Braudel, nous restons ignorants de leurs déterminants. L'histoire, décidément, demeure encore un exercice littéraire plus qu'une science, même conjecturale.

Ce dont va achever de vous convaincre le désopilant roman de William Gibson et Bruce Sterling où l'avenir du passé se déglingue à toute vapeur.

Notes

(1) Sur les procédures de divination, voir l'ouvrage de Georges Minois, Histoire de l'avenir, des prophètes à la prospective, Fayard, 1996. Georges Minois est malheureusement mal informé sur la Science-Fiction qu'il condamne dans sa conclusion en reprenant les poncifs habituels.

(2) L'Âge d'homme, 1972.

(3) N'ayant pas vu ce texte, je fais confiance à Versins, tout en rappelant que c'est en 1645 que Charles Ier est livré à Cromwell et en 1649 qu'il est décapité.

(4) L'Histoire revisitée, panorama de l'uchronie sous toutes ses formes, Encrage, 1999. Je signalerai aussi l'essai un peu léger d'Emmanuel Carrère, le Détroit de Behring, 1986.

(5) Sur ce thème et quelques autres, voir ma préface à Histoires de la quatrième dimension.

(6) Op. cit., pp. 28 et 29.

(8) Op. cit., pp. 28 et 29.

(9) Odile Jacob, 2001.

(10) Sauf sans doute la France à cause de la revanche patriotique à prendre sur la défaite de 1870 et de la récupération possible des territoires d'Alsace et de Lorraine annexés par l'Allemagne.

(11) Par exemple dans la nouvelle de Stephen Vincent Benét, "l'Homme du destin" (in le Roi des chats, Julliard ,1947) où Napoléon a fini major d'artillerie à la retraite, ses tiroirs pleins de mirifiques plans de campagnes militaires.

(12) Et en revanche, tout roman historique est une uchronie, malgré sa prétention à l'authenticité. La différence, c'est que l'uchronie se manifeste comme telle alors que le roman historique cherche à masquer son irréductible infidélité à l'histoire réelle, cet inobservable, et à ignorer sa dimension uchronique.

(13) Robert Laffont, 1998.

(14) Qu'on retrouvera avec ses suites et une fort pertinente étude de Jacques Goimard dans les Odyssées de l'espace, Omnibus, 2000.

(15) Ce qui est compatible avec certaines théories cosmologiques récentes, comme celle du Russe Andreï Linde qui évacue la singularité d'un univers comme le nôtre où la vie est possible grâce à quelques constantes très précisément définies, en supposant que toutes les valeurs de ces constantes sont apparues ou peuvent apparaître aléatoirement dans des univers différents.

(16) Je suis tenté de chercher un responsable dans l'enseignement en France de l'histoire, au moins dans le primaire et le secondaire, tellement réifié et idéologisé, sans une once de problématique, que son déroulement apparaît à la plupart nécessaire et par là intouchable.

(17) Fleuve Noir,1999.

(18) Éditions Mnemos, 2000.

(19) Dans sa remarquable préface au recueil collectif Escales sur l'horizon, Fleuve Noir, 1998.

(20) En qui certains voient Julie d'Albon. Cela n'a jamais pu être prouvé.