Sauter la navigation

 
Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 9 le Manuscrit du Saint-Sépulcre

Keep Watching the Skies! nº 9, octobre 1994

Jacques Neirynck : le Manuscrit du Saint-Sépulcre

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Éric Vial

 Chercher ce livre sur amazon.fr

Une histoire qui commence par des détails concrets sur les restaurants romains, un cardinal refusant de recevoir une délégation œcuménique suisse et la datation aussi précise que médiévale du “Saint Suaire” ne relèvent pas, a priori, du genre qui nous intéresse ici. La description de séances de thérapie de groupe aidant quelques Américains à accepter leur mort ou celle d'un être cher n'arrange pas grand-chose dans ce domaine. Pas plus qu'un gigolo italien parent de Pie XII, la description de fouilles sous le Golgotha ou ce qui en reste, ou des fiches sur les Évangiles, les frères du Christ ou la “bouche de la vérité”.

On peut commencer à soupçonner quelque chose quand on réalise que les trois principaux personnages sont prénommés Théo, Emmanuel et Colombe, ce qui renvoie à quelque autre t(T?)rinité. Mais un auteur de mainstream se le permettrait sans doute, moyennant un taux d'alcoolémie convenable. Comme il se permettrait peut-être de mettre en scène un prix Nobel de physique obsédé par le temps, l'exactitude et la science, et assez peu apte aux émotions humaines de base. Ou d'imaginer un prélat de l'église catholique, celle de Jean Paul II, qui ne peut être soigné que par des injections de cellules prélevées sur des fœtus. Le tout cumulé permet cependant de soupçonner le cousinage. D'autant que les explications sur les méthodes de datation au carbone 14, par exemple rappellent les bonnes vieilles méthodes de la hard science.

Pour tout avouer, les choses se précisent avec une révolution dans l'église, une belle pagaille au Vatican, un pape suisse qui prend le nom de Jean XXIV — ceci pour la politique-fiction — et une hypothèse sur la façon dont le corps du Christ a quitté ce bas monde — ceci pour le fantastique ou le merveilleux, merveilleux chrétien, en l'occurrence. Et là, on est sinon en pleine S.-F., du moins très nettement sur ses marges revendiquées. Même si l'on ne tient pas la théologie pour une science. On a trop vu de ouesternes ou de polars s'étiqueter S.-F. moyennant deux extra-terrestres et une fusée pour ne pas annexer ce bouquin. Et le lire. D'autant que dans le monde tel qu'il est, les ecclésiastiques, en noir, en rouge ou en blanc, sont de bons succédanés de petits martiens verts.