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Keep Watching the Skies! nº 48, janvier 2004

Peter Motte : de Tijdlijn hors série 1 : la Ligne de temps

revue de Science-Fiction et de Fantasy ~ chroniqué par Pascal J. Thomas

Produit à l'occasion de la convention de Flémalle — et distribué gratuitement à ses membres —, ce numéro présente une sélection de textes de la revue semi-professionnelle néerlandophone de Tijdlijn, traduits en français grâce à un certain nombre de bonnes volontés. Quoique la revue ait son adresse à Bruxelles, elle présente des textes d'auteurs provenant aussi bien de Flandre que des Pays-Bas.

À une exception près (qui date de 1975), tous ces textes sont parus ces dernières années, et témoignent d'une S.-F. néerlandophone vivace, même si elle est modeste en quantité — les auteurs vraiment ambitieux en S.-F. essayant plutôt d'écrire directement en anglais, paraît-il. Sur les huit nouvelles, les plus anecdotiques sont aussi les plus courtes, ce qui soulage bien. Par exemple, "Darwin, nulle vie", de Joris Denoo, est tellement ébouriffé dans son imagination que j'ai fini par ne plus faire attention à ce qui s'y passait ; et "Chocolat et beurre d'arachide", de Dirk Bontes, est un texte de S.-F. humoristique à la Sheckley — en moins bien, et en moins neuf.

"Jusqu'à ce que les dernières voix s'éteignent", par contre, produit un récit tragique (la mort lente d'astronautes perdus dans l'espace) à partir d'un motif futile (une mission de récupération des anciens signaux TV, qui s'éloignent toujours de la Terre à la vitesse de la lumière, pour les revendre aux collectionneurs de ces programmes dont les enregistrements n'avaient pas été conservés).

"Souvenirs du futur" (l'unique texte de 1975) est une histoire de fantôme fort prenante, sur laquelle se greffe un voyage dans le temps à mon sens inutile. "Le Meurtrier qui n'avait guère de sang sur les mains", de Frank Roger, est une brève vignette qui relève de l'Horreur, sans appel au surnaturel, et sans être très original, montre un auteur parfaitement maître de ses effets.

Mais le meilleur du recueil, ce sont les deux longs textes. "Le Rap du crépuscule", du regretté Paul Harland (1960-2003), met en scène un Londres futur où toute une société semi-clandestine s'organise pour résister à l'écrasement de l'individualité par l'envahissement de la marchandisation. Le texte vaut surtout par ses personnages hauts en couleurs. "Le Séparateur de dimensions temporelles", d'Anne-Claire Verham, est complexe et remarquablement construit. Dans un monde futur où les machines à renvoyer dans le passé (et à récupérer les voyageurs dans leur propre époque) sont devenues monnaie courante et utilisées à des fins touristiques, une poignée de touristes temporels voient leurs destinations permutées. Leurs surprises sont prévisibles pour nous, mais la façon dont le suspense est mené, et l'ingéniosité du procédé utilisé par la protagoniste pour retrouver ses ouailles, font de ce récit un texte infiniment prenant. Déjà primé dans sa langue d'origine, il mérite désormais l'attention des francophones qui ne lisent pas le néerlandais.