KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Olivier Barde-Cabuçon : le Carnaval des vampires

roman policier fantastique, 2018

chronique par Philippe Paygnard, 2018

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Fuyant la France, le commissaire aux morts étranges et le moine hérétique retournent à Venise dans l'espoir de se faire oublier. Hélas, la cité connaît une vague de décès mystérieux qui, à en croire certains notables vénitiens, requièrent l'expérience du policier français. En effet, les cadavres que l'on retrouve au petit matin ont tous été saignés à blanc et des rumeurs parlent de défunts revenus à la vie s'échappant de leur cercueil. Les vampires auraient-ils envahi la ville à la veille du carnaval ?

Avec cette nouvelle enquête du chevalier de Volnay, surnommé le “commissaire aux morts étranges”, et de son père et assistant, le moine hérétique, Olivier Barde-Cabuçon ramène le lecteur dans un décor qu'il semble affectionner, la Venise du xviiie siècle,(1) qui se révèle ici plus sombre et plus inquiétante que l'image festive de cette ville fabuleuse régulièrement associée à Casanova.(2)

Tout comme Jean-François Parot et son Nicolas Le Floch,(3) Olivier Barde-Cabuçon mêle harmonieusement avec sa série roman historique et polar. La marque de fabrique du romancier consiste à ajouter un élément fantastique ou irrationnel à ce mélange à l'efficacité avérée. Sorcellerie et satanisme se trouvent ainsi régulièrement au cœur des investigations du chevalier de Volnay. Dans ce Carnaval des vampires, ce sont des suceurs de sang que doivent affronter le commissaire et son père. Le romancier utilise tous les codes du genre vampirique pour faire monter l'angoisse au fil des chapitres. On croise ainsi un personnage qui demande fort poliment l'autorisation d'entrer dans le palazzo du moine hérétique. Le lecteur s'inquiète ensuite de la pâleur et de l'évanescence d'une jeune femme proche du commissaire et est enfin fort légitimement intrigué par cet homme qui craint le jour. L'auteur sème autant d'indices sur la présence d'un essaim de vampires à Venise profitant de la folle ambiance du carnaval. Face à ces événements inquiétants, le chevalier de Volnay et son père vont devoir sérieusement se racler la soupière pour trouver le vrai dans cette histoire. Même si les deux enquêteurs semblent apercevoir une solution rationnelle à la vague de morts étranges qui frappe Venise, l'ombre des vampires plane jusqu'aux ultimes pages du récit.

Olivier Barde-Cabuçon parvient à créer des ambiances où dominent successivement le mystère et l'angoisse. Il utilise à merveille un décor scrupuleusement reconstitué grâce à de fines descriptions où se déplacent des personnages attachants dont il continue à développer les interactions père-fils. Au final, le Carnaval des vampires est et reste avant tout un polar historique qui frôle le fantastique en lui empruntant ses figures les plus représentatives.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 82, mai 2018


  1. La ville a déjà servi de décor à Humeur noire à Venise (2015), une aventure des mêmes.
  2. Le chevalier de Volnay a croisé le célèbre séducteur vénitien dans Casanova et la femme sans visage (2012).
  3. Situées à la même époque, les enquêtes du commissaire au Châtelet (publiées par les éditions Jean-Claude Lattès depuis 2000) et celles du commissaire aux morts étranges partagent tout naturellement, au gré de leurs pérégrinations, certains lieux et parfois de grandes figures historiques comme Sartine, lieutenant général de police.

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