KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Vincent Gessler : Cygnis

roman de Science-Fiction, 2010

chronique par Noé Gaillard, 2018

par ailleurs :

Ce roman a été doublement récompensé en 2010 par les prix Utopiales et Julia-Verlanger. Je ne sais pas quels étaient les autres prétendants et finalistes à ces prix(1) mais je pense que Cygnis les mérite.

Et d'abord parce que c'est fort bien écrit. Aux deux sens du terme. Le récit est mené de main de maître et nous propose une quête de soi et du bonheur. La langue est souple et riche, la lecture se fait avec grand plaisir. Syn est un trappeur, un homme réaliste et réfléchi qui vit en solitaire avec Ack, son loup un peu particulier. L'histoire commence au sortir de l'hiver, quand avec le printemps les gens se retrouvent “en ville” à Méandre pour faire la fête et vendre ce qu'ils ont piégé — non des peaux mais des puces de robot. La société vivote sur des ruines technologiques entre réalisme et superstitions. Syn retrouve Dek, un ami, et Érine, une compagne. Mais pendant la fête, des troglodytes kidnappent des femmes, dont Érine (version SF de l'enlèvement des Sabines). Et la guerre est déclarée entre citadins et troglodytes. Toutefois, Syn ne va pas y participer. Dans le même temps, un monstre de technologie se réveille et menace les Hommes. Syn repart avec son loup et tombe sur un groupe d'humains attaqué par des robots — appelés diasols. Après une série d'épisodes relativement violents et fatigants pour le héros, qui avoue « C'est crevant de mourir. », Syn arrivera au bout de ses peines. Et le sort des humains en sera meilleur.

Vous venez de comprendre comment ce roman a pu être récompensé. Le prix Julia-Verlanger parce que Syn ressemble aux héros de l'autrice et qu'il traverse des épreuves. Les Utopiales parce que, comme chez Julia Verlanger, ce n'est pas de l'aventure pour l'aventure. Si les personnages sont trop impliqués dans leur réalité pour réfléchir intensément, ce qu'ils vivent et subissent les amène à des situations qui sont aussi pour nous des sujets ou des moyens de réflexion. Faire penser sans ennuyer, tout un art.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 82, mai 2018


  1. Utopiales : le Filet d’Indra de Juan Miguel Aguilera, Tancrède d'Ugo Bellagamba (ex æquo), les Démons de Paris de Jean-Philippe Depotte, Ordre noir de Johan Heliot ; Julia-Verlanger : la Nuit sans fin de Mark Chadbourn, l'Œil du temps d'Arthur C. Clarke & Stephen Baxter, Rien que l'acier de Richard Morgan, Nuigrave de Lorris Murail, le Nom du vent de Patrick Rothfuss, l'Empire ultime de Brandon Sanderson, Ceci n'est pas un jeu de Walter Jon Williams. — Note de Quarante-Deux.

Commentaires

Ajouter un commentaire

Les commentaires sont publiés après validation par Quarante-Deux.