Keep Watching the Skies! nº 60, juillet 2008
Philip Le Roy : Léviatown (Club Van Helsing – 7)
roman fantastique
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C'est la première fois que le Professeur Hugo Van Helsing a besoin de réunir toute une équipe de chasseurs de monstres pour accomplir une mission. Il faut dire que l'ennemi qu'ils vont devoir affronter a une puissance maléfique à la hauteur de sa taille gigantesque. En effet, le monstre que le Club Van Helsing doit détruire n'est autre que le Léviathan qui, en cette année 2011, a trouvé refuge au cœur de la ville de New York, dans la gigantesque Freedom Tower qui remplace les tours jumelles du World Trade Center détruites lors des attentats du 11 septembre 2001.
Avec Léviatown, Philip Le Roy nous offre une mise en bouche digne des sept samouraïs ou des sept mercenaires, puisqu'il réunit pas moins de sept chasseurs pour cette nouvelle mission du Club Van Helsing. On retrouve ainsi Samsonite et Zigor Side, découverts dans les pages de Cold Gotha, Senoufo Amchis1 et Turkish Delight, tous deux directement sortis des Délires d'Orphée, ainsi que Riuichy Tanaka, le chef de l'armée privée de Van Helsing, et l'on découvre Kathy Khan, la véritable héroïne de ce roman, et son assistante Miao. Présentée comme la descendante directe du grand Gengis Khan, Kathy Khan est une kunoichi, un ninja au féminin et surtout une véritable machine à tuer. C'est elle qui, pratiquement seule, va mener le combat contre le monstre sans corps et sans âme de Léviatown. Car, à peine a-t-il pris le soin de constituer son équipe de chasseurs hors pair que Philip Le Roy se débarrasse rapidement de la troupe surnuméraire pour se concentrer sur un duo féminin constitué de Kathy Khan et de Samsonite.
Hélas, malgré tout le potentiel que peut avoir une descendante directe de Gengis Khan, l'héroïne de Philip Le Roy apparaît comme une terminatrice sans honneur. Pour atteindre ses buts, elle n'hésite pas à envoyer des innocents au massacre, à trancher, éparpiller et atomiser ses adversaires à coups de sabre dans des scènes de combat tarantinesques. Et, malgré cela, cette véritable machine à tuer se révèle d'une incroyable naïveté qui la fait tomber, elle et ses alliés, dans tous les pièges tendus par le démon.
Avec sa distribution d'enfer, sept chasseurs pour le prix d'un, Léviatown aurait pu être un réjouissant Club Van Helsing. Les multiples références au rock'n'roll et à la culture asiatique apportaient d'ailleurs une dose d'espoir supplémentaire. Malgré tout cela, Philip Le Roy ne parvient pas à retrouver le ton hautement jubilatoire de ses polars (à commencer par Pour adultes seulement récemment réédité en poche chez Points). Et, au final, Léviatown apparaît très certainement comme le moins intéressant des quatre derniers opus de la première saison du Club Van Helsing.
→ lire par ailleurs dans KWS [1] [2] [3] [4]
Notes
- Présenté comme fragile des intestins et grand consommateur de Maalox, Senoufo Amchis perd ici toute l'aura hermanmelvillienne que lui offrait Catherine Dufour dans Délires d'Orphée.↑